Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

Je recherchais des livres jeunesse ayant pour thème le handisport. Et bien, il est difficile d'en trouer. S'il en existe beaucoup sur la différence, notamment motrice et en fauteuil, et/ou les dys- ou surdité, il n'y a quasi rien sur le handisport... Cela m'a consternée, d'autant que les Jeux Olympiques et Paralympiques approchent... Autant en profiter pour en parler et visibiliser...

C'est ainsi que j'ai trouvé (avec de l'aide - merci Sev) cet album dans lequel Charlotte Fairbank parle de son parcours. A 15 ans, elle perd l'usage de ses jambes suite à un "accident bête". Elle nous relate ce que cela a changé dans son corps et dans son rapport à celui-ci et ce qu'elle a pu désormais faire avec. Et c'est ainsi qu'elle est devenue championne de tennis-fauteuil et qu'elle participera aux JO de Paris.

Un album simple et direct et qui nous dévoile un parcours de vie comme de ténacité, forcément, j'aime!

7 autrices pour 7 voix d'enfants alors que des élections viennent de donner pouvoir au Parti de la Liberté qui n'attend pas pour mettre en place ses lois... liberticides. Comment cela a pu arriver?

Ce roman choral ne répond pas tant à cette question qu'aux conséquences qu'un tel gouvernement, xénophobe, met en application. Certes, le trait est forcé, voire caricatural, pour bien représenter les dangers, démocratiques, sociaux, sociétaux, amicaux, familiaux, qui peuvent advenir aussi insidieusement que rapidement.

Un roman qui fait malheureusement beaucoup trop écho à l'actualité.

Les parents de Valentin sont séparés mais s'entendent très bien, si bien qu'ils passent souvent des soirées tous les trois ensemble. Et alors qu'il est une nuit chez son père, Valentin aperçoit une lumière étrange, très colorée, une fée qui s'avance pour repartir tout aussi vite... et en laissant tomber sa baguette pleine de paillettes. Les fées n'existent pas, Valentin le sait bien, pourtant, elle semblait si réelle...

J'aime énormément cette collection Petite Poche qui propose des romans courts mais percutants et qui font réfléchir. Là il est question d'acceptation, d'identité et de fête (avec des paillettes!)

J'ai enfin terminé ce roman qui semblait avoir tout pour me plaire. La Première Guerre Mondiale du côté des soldats britanniques, un roman inspiré d'une histoire vraie, une amitié brisée par la mort, la médecine face à ces nouvelles techniques de guerre, et notamment la prise en charge des Gueules Cassées, et la manière de se reconstruire physiquement et psychologiquement...

Mais ça ne l'a pas fait. Il y a d'autant plus de longueurs que je ne me suis pas attachée aux personnages, des questions intéressantes sont soulevées mais pas exploitées (notamment sur le moral des troupes et leur état psychologique; le conflit avec l'Irlande). Une déception.

Shabbat noir. Lisa HAZAN. Les Equateurs, A paraître le 21 août 2024

PREMIER ROMAN

Le 7 octobre 2023, Lisa, jeune étudiante de 21 ans franco-israélienne en Lettres à Paris s'apprête à vivre une journée comme toutes les autres... Mais elle apprend les attentats terroristes qui ont frappé Israël. Aussitôt l'insouciance laisse place à la consternation, à l'inquiétude, à l'effroi. Sa famille, ses deux petites sœurs sont là-bas et elle ici, en France. Elle tente d'avoir des nouvelles, poste ses émottions sur les RS, contacte ses proches, ses amis, sort, va les voir, sa Tante, son cousin, est au téléphone... Elle reçoit de plein fouet des remarques, des insultes antisémites, celles de la colère, du besoin de bouc-émissaires, celles du racisme aussi ordinaire qu'hérité, celles issues d'idées reçues séculaires comme d'une haine toujours viscéralement ancrée. Lisa lutte en elle-même, vacille, voudrait s'isoler, voudrait se fondre dans la masse, a besoin de réconfort, de rires. Alors avec sa tante, avec ses amis, ça fuse. Tous se lâchent, tous évacuent. Entre rires et pleurs, entre émotions brutes, candeur juvénile et maturité obligée, Lisa nous relate cette journée du 7 octobre qui marque un après.

Son écriture est à vif et sur le vif, sa douleur n'empêche pas l'humour, l'ambivalence des sentiments, la volonté d'insouciance et la culpabilité qu'elle entraîne, celle de vivre, et la responsabilité qui en découle. Elle nous écrit la jeunesse juive d'aujourd'hui, une jeunesse engagée et militante, une jeunesse qui ne peut pas ignorer et une jeunesse qui veut aussi profiter de sa jeunesse.

Au-delà, son roman questionne notre rapport à l'Histoire, à la religion, à la laïcité, à la tolérance comme à l'altruisme.

Aux vents des mers australes.Katell FARIA. Stock, 15 mai 2024

Après avoir écrit, son premier livre, Les Aventurières du Ciel, qui faisait le portrait de six femmes éprises d'aviation et de voltige, de records et d'adrénaline, Katell Faria avait participé à un ouvrage collectif, Femmes d'aventures, dans lequel elle relatait son engagement aux côtés de femmes syriennes.

Aussi, lorsque j'ai vu sa nouvelle parution ai-je eu envie de retrouver son écriture, d'autant que ce n'est pas un genre que je lis beaucoup.

Dans ce récit en "je", elle nous raconte comment elle s'est retrouvée embarquée sur le Nivôse, bâtiment militaire français qui effectue différentes missions dans les mers australes (soit entre La Réunion, les îles Kerguelen, Adélie). Son rôle, écrire la vie des femmes et hommes sur ce navire, leur engagement, leur rôle. Ne connaissant pas grand chose à leur mission et vocabulaire, Katell préfère décrire ce qu'elle découvre et comment: la vie à bord, les attitudes des uns et des autres, les paysages, les missions, les exercices.. Elle fait preuve d'une grande ouverture, d'un brin d'autodérision, et d'une écriture aussi fluide que recherchée pour nous embarquer à ses côtés. Son respect et son admiration transpirent de ses mots, elle nous décrit ce qu'être militaire et engagé implique, les changements de perceptions autour de ce métier forcément différents, les relations aux autres forcément différentes, surtout dans un espace aussi confiné ou lors des hivernages de plusieurs mois. Elle nous décrit la faune, la flore, ce que l'être humain transporte avec lui en ces terres reculées et qu'il lui incombe de préserver, la nature, fascinante avec ses capacités d'adaptation.

J'ai beaucoup aimé!

La Guerre des Lulus - Tome 9 - Lucas. Régis HAUTIERE et Hardoc. Casterman, 2023

A la fin de la guerre, en 1918, nos Lulus se sont retrouvés séparés. Lucas était parti avec Ludwig dans l'espoir de passer la frontière et d'arriver aux Pays-Bas. Mais leurs passeurs ayant été dénoncé, seul Lucas et son guide ont pu passer... Lucas a été recueilli par une Comtesse qui a ouvert son château aux enfants esseulés. Ainsi fait-il la connaissance de Marie... mais aussi d'Agnès...

Ce tome, comme les 4 précédents nous relate la vie des Lulus, un à un, après la guerre et dans la volonté de tous se retrouver. Si la démarche est intéressante, il y a comme un air de déjà-vu. Pourtant leurs situations ne sont pas similaires, ni les lieux, ni les personnes rencontrées.

Mais j'aime les Lulus alors je veux quand mem savoir ce qui leur est arrivé à tous et à chacun! Je relirai ce tome et compte bien continuer la série jusqu'à son terme.

A la mort e son mari, Diane doit s'occuper, trouver quoi faire de sa vie, continuer sa vie. C'est ainsi qu'elle ouvre un restaurant participatif et nous en décrit le processus. Le rôle de chacun ,le prix du repas, l'impact social, les petits détails qui font toute la différence, la relation aux autres...

C'est un livre engagé, réfléchi et qui fait réfléchir et qui me plaît beaucoup, tant dans le récit, les mots choisis, que ce qu'il implique.

Ce que dit Lucie. Christine BARTHE. Editions du Seuil, à paraître le 19 août 2024

A six ans, Lucie a failli se noyer. Elle a été tirée hors de l'eau in extremis. Contre toute attente, elle a développé une attraction immédiate pour l'eau, l'élément aquatique, le vocabulaire lié à l'élément liquide. Et qu'elle nous retranscrit dans son journal.

En parallèle, les chapitres alternent avec aujourd'hui quand Lucie est interrogée par deux policiers suite à la mort, par noyade, d'Anaïs, une amie et concurrente de natation.

L'histoire et le suspense qui lui est lié me plaisent autant que les deux écritures qui composent ce roman. L'une onirique l'autre directe. Je poursuis !

Traduit du catalan par Edmond Raillard