Résumé :Alors qu'elle accepte un mariage de convenance pour rétablir son honneur et apaiser les conflits, il doit choisir entre préserver la paix et se lancer dans une vendetta.
Afin de sceller la paix avec le clan de la Camorra, Kiara Vitiello, issue de la Famiglia, se voit contrainte d'épouser Nino Falcone, réputé pour être un combattant impitoyable et un tueur sans scrupules. Un mariage auquel elle consent à contrecœur afin de racheter l'honneur terni de son nom depuis la trahison de son père. Cette décision la terrifie, car sa propre famille est la seule à maintenir la tradition du "sang sur les draps", une coutume selon laquelle le jeune marié doit présenter des draps tachés de sang le lendemain de la nuit de noces. Kiara, hantée à jamais par les abus subis dans son enfance, sait qu'il lui sera impossible de se conformer à cette tradition, risquant ainsi de déclencher une nouvelle guerre entre les familles. Elle redoute par-dessus tout la réaction de son futur époux, connu pour être dénué de sentiments…
De son côté, Nino est confronté à de multiples choix : ne rien dire pour éviter de souffler sur les braises, renier sa jeune épouse… ou bien la venger.
Mon avis :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que ce livre s’adresse à un lectorat averti en mesure de mettre une distance entre ce qui est présenté et la réalité. Ici, il n’est pas question d’une quelconque apologie de la violence ou des relations toxiques. Cette fiction décrit des relations évidemment problématiques, où la violence est omniprésente, la notion de consentement est inexistante. Cela dit, il ne s’agit pas de la juger ou de la comprendre (autant stopper les vagues avec ses mains), il s’agit d’apprécier (ou non) la façon dont l’auteur imagine cette histoire et la raconte avec ses tenants et ses aboutissants. Ses enjeux et ses dommages directs et collatéraux.
TW = Pédocriminalité, viol, inceste, violences sexuelles, violence physique, violence verbale.
Nouveau coup de cœur dans l'univers des romances mafieuses : activé !
L'univers est solidement installé dans les tomes précédents, l’autrice a les coudées franches dans celui-ci pour nous proposer une intrigue de haute volée. Désormais, elle peut nous offrir des ramifications complexes en termes de stratégies avec (ou contre) les autres familles. Pour les lecteurices de son univers, les choses sont limpides (et brillantes), pour celleux qui prennent le train en marche, c’est compréhensible, sans avoir les tenants et les aboutissants.
Ici, elle met à l’honneur les premières lignes de l’organigramme de la Camorra, les Falcone, et plus particulièrement Nino. Un héros à la hauteur de la terreur de son organisation, dénué d’émotion, avec pour boussole de vie la logique avant tout.
Pour garantir la paix, il doit épouser Kiara Vitiello, une héroïne terrorisée, évidemment, mais surtout parce qu’elle trimballe dans sa bandoulière un stress post-traumatique dû à une agression. Son mariage la tétanise, car elle craint que cela ne mette en lumière l’opprobre qu’elle pense porter.
L’autrice nous fait une très belle proposition d’un plot (hypra) éculé qui lui permet de proposer une déconstruction précise et pointue de la culture du viol. Natasha Knight, dans “Une alliance à son doigt”, avait déjà tenté cette entrée en mariage arrangé, mais elle l’avait fait avec un aplomb moins féministe.
Cora Reilly va également plus loin et donne à son roman un engagement militant, dans la mesure où la réaction des familles vis-à-vis du crime subi par l’héroïne ne sera pas étouffée en mode “secret de famille”, mais dénoncée ! Autrement dit, à l’inverse de Bound by Duty : les conversations ne restent pas confinées à la discrétion d’une chambre à coucher, et donc peuvent changer le monde !
Sans trop en dire sur l'intrigue : La résilience de Kiara et le salut de Nino sont interconnectés.
Ce roman nous montre toute l’intelligence émotionnelle de l’autrice d’une part, et d’autre part, la finesse de l’orchestration de son univers.
Vous l’aurez compris, pour moi, la force de ce roman réside dans la galerie de personnages, et dans le huis clos que l’autrice installe et qui nous permet d'appréhender et de cerner les Falcone. Et surtout, dans les choix qu’elle fait pour ses personnages : Kiara est à la fois solide et d’une fragilité sans commune mesure. C’est un choix plus que judicieux de l’avoir placée dans la famille Falcone ! Le contraste est saisissant, et en même temps, à son contact, ils laissent voir leur humanité, sans pour autant changer d’un iota. Ici, la tête du crime organisé de Las Vegas se refait une beauté. On les découvre moins ravagés que ne le laissait entrevoir le tome 1 et on a tellement hâte d’en savoir plus.
Je n’en dis pas plus, mais j’ai adoré le héros.Je lis des romances dans l’univers de la mafia depuis très longtemps, et c’est la première fois que je dis ça.
Au plaisir.
Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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