Dans Pays retrouvé, les deux co-auteurs Jeff Sourdin (textes) et Pierre Jourde (illustrations) proposent un retour à la terre natale d'un quarantenaire suite au décès de son père paysan. Ce court récit (130 pages) suffit pour se remémorer l'histoire familiale, les anecdotes de travail (ah les fameuses patates), les réunions et les événements de famille.
Très bien construit autour d'une vie de hameau qui mêle le passé de quatre familles, de quatre fondateurs, Pays retrouvé raconte une enfance rurale commune, rude où le peu côtoie la sortie annuelle de la foire Saint Martin, les travaux de ferme du quotidien, les empoignades familiales autour de repas à rallonge au cours desquels on n'échappe pas aux discussions acharnées de politique (d'abord agricole puis politique tout court), à la fin desquels il est si difficile de se quitter.
J'ai passé un doux moment avec Pays retrouvé, peut-être parce que justement, cette histoire parle de et appelle à la réconciliation entre le citadin et le rural, comme un trait d'union entre les héritiers qui vivent en ville et les aïeuls qui sont restés au pays et ont construit un premier héritage terrien.
La plume de Jeff Sourdin est délicate et précise, elle n'évacue pas les tensions et explore les peurs et les quêtes. Elle raconte une vie de proximité, où un voisin est réellement une personne qui partage notre vie ou du moins notre quotidien. Le trait de crayon de Pierre Jourde est imagé, lié aux instruments, aux objets. J'espérais des paysages, mais le choix fait est finalement le bon : on garde la main sur notre propre imaginaire.
Pays retrouvé est une jolie rencontre littéraire, que je vous conseille.
Éditions La part manquante
de Jeff Sourdin : Ripeur,