Difficile de « créer du contenu » quand on n’a rien à dire. C’est vraiment l’impression que m’a laissé la lecture de cet album. L’intention de départ est bonne mais la réalisation catastrophique. Le voyage n’a aucun intérêt (pour moi du moins). Chaque passage sur les traces de Thompson se concrétise par de l’anecdotique qui n’a rien de marquant. Même la rencontre avec Johnny Depp, qui a incarné Thompson au cinéma, se révèle triste à mourir et se résume à un moment commun passé devant une pissotière. J’ai beaucoup lu Thompson et sans être non plus un spécialiste du bonhomme, je suis assez familier de son style et de sa vision du journalisme pour constater que, si le but était de lui rendre hommage en tentant de l’imiter, le coup est raté. Et pas qu’un peu.
Seul enseignement à tirer du voyage de Morgan et Jack ? Eh bien que, clairement, l’esprit du « Gonzo » n’existe plus. Ce vent de liberté de ton, de parole et d’attitude qui a toujours caractérisé Thompson, mais qui était aussi propre à une époque, n’a plus sa place dans l’Amérique d’aujourd’hui. Pour le reste, mon encéphalogramme de lecteur est resté plat, malheureusement.
Gonzo : voyage dans l’Amérique de Las Vegas Parano de Morgan Navarro. Dargaud, 2024. 160 pages. 24,00 euros.