Roman autobiographique, Des gens comme il faut témoigne de l'enfance de l'auteure, dans une famille que l'on qualifie de façon populaire comme étant " bien sous tout rapport " mais qui sous les apparences trompeuses se révèle dysfonctionnelle. Dans les années 80, Fleur et Nine, 9 et 7 ans, grandissent dans un milieu bourgeois, catholique pratiquant de Garches, banlieue parisienne. Après le décès de son père, dans l'atmosphère ténébreuse d'une cave d'immeuble, Florence Chataigner déterre les souvenirs empoussiérés, entassés dans des cartons : photographies, lettres, journaux, objets personnels lui rappelant ses parents et l'ambiance familiale pesante.
" Ma soeur et moi avons poussé dans la vase avec peu de lumière autour " : une mère qualifiée de " réglementaire ", qui tient son rôle à la perfection, pour faire face aux facéties de son époux. Leur histoire romantique nait à Guethary, au pays basque, devenu par la suite lieu de vilégiature habituel de la famille. Leur amour parfait s'étiole rapidement : Jean tendrement épris de Madeleine, ne résiste pas à ses tendances homosexuelles. Une nature contrariée et une catastrophe familiale inexorable. Madeleine sombre dans la dépression, Jean dans la culpabilité et les deux soeurs qui émergent d' une adolescence chaotique prennent des directions opposées : bohéme pour l'une, stricte et " réglementaire " également pour l'autre qui se sent dans l'obligation de veiller sur sa propre mère.
Au fond de cette cave, Florence entrevoit ce qu'était la réalité familiale, elle comprend ce qui au fur et à mesure des années a conduit sa famille à la catastrophe. Un secret de polichinelle, qui comme tous les secrets explose un jour ou l'autre et cause des dégâts irrémédiables. Durant les heures passées à fouiller les cartons et à extirper les souvenirs enfouis, Fleur imagine un arbre pousser le long d'un mur de la cave, symbole de la complexité de sa famille, et dont les ramifications se déploient comme autant de soucis rencontrés durant l'enfance. Ce livre est pour son auteure un témoignage nécessaire à la résilience et qui semble la guider vers la liberté. Un roman intime, courageux, qui dresse un portrait sans fard d'un certain milieu social.
Je remercie les Editions du Cherche-Midi pour ce partenariat.