Cambourakis - avril 2024 - 205 pages
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Laure vientd'arriver sur le causse du Quercy. C'est une femme dont la profession est de recueillir par écrit les derniers mots des mourrants. Elle habite temporairement un atelier d'artisan perdu au milieu de nulle part, la nature, les collines alentours - deux collines qui dessinent l'origine du monde. C'était comme prémédité, elle avait sa vie dans sa voiture, quelques sacs, un carton de ses livres préférés. Elle trouve un chien errant, plutôt mal en point, entre la vie et la mort, elle le garde et sa vie se lie à la sienne au fil des jours. Le chien fait écho à l'accident qu'elle a vécu, enfant. Les jours passent, sa vie se déroule, attentive aux moindres choses, les plus infimes. Laure vit au rythme de la nature, à l'écoute de son pouls. Elle panse les blessures de son passé et de son chien. Elle recueille les mots d'hommes et de femmes en phase terminale, atteints de maladies graves, sur la fin. Elle lit ses auteurs préférés, sources de réconfort. Elle cherche un sens à sa douleur, à sa vie.
" Laure se demande si nous finissons toujours par mettre la main sur ce que l'on aime, ou s'il est possible de vivre sans considérer que ce qui fait nos vies nous appartient. "Le style est simple, épuré, poétique. Les mots sont d'une justesse qui coupe le souffle - je relis certaines phrases plusieurs fois, pour m'en imprégner. C'est le récit d'une vie en retrait, une vie qui oscille entre les palpitations sauvages du causse et la mort qui surgit. La vie sauvage, minuscule, ce quotidien rugueux où il ne se passe pas grand chose et en même temps tant de choses, Sandrine Bourguignon parvient à le retranscrire avec talent, elle possède une écriture qui répare. L'air de rien, l'autrice nous faire réfléchir sur la vie, l'appartenance, notre rapport aux animaux, à l'animalité, complexe, ambivalent, elle interroge notre place dans le monde, dans ce monde que nous détruisons à petit feu. C'est le genre de roman qui infuse en nous lentement et qui invite à penser et panser nos propres blessures.
" Il est possible que les animaux ne soient plus là pour nous protéger d'une hypothétique menace extérieure mais pour nous sauver du danger intime que constitue le manque sans fond d'amour en nous. "