Roman qui vient d’être réédité, La Mort et l'Archevêque (1927) était considéré par l’écrivaine comme son meilleur ouvrage. Sous ce titre de polar se cache en réalité un roman inspiré de la biographie de Jean-Baptiste Lamy (1814-1888) un homme d'Eglise, missionnaire aux Etats-Unis et premier archevêque de Santa Fe, capitale du Nouveau-Mexique, de 1875 à 1885, nommé ici Jean-Marie Latour. Il est à l'origine de la construction de l'actuelle cathédrale-basilique Saint-François-d ‘Assise de Santa Fe.
En 1848, le Vatican décide d’envoyer un jeune missionnaire français ranimer la foi au Nouveau-Mexique. L’heureux élu, Jean-Marie Latour, accompagné de son fidèle ami et vicaire, Joseph Vaillant (Dans la vraie vie, Joseph Machebeuf (1812-1889) qui fut le premier évêque de Denver aux Etats-Unis) ; tous deux sont originaires d’Auvergne où d’enfants jusqu’à la prêtrise ils ont cheminés ensemble. Entre Santa Fe, Albuquerque, Taos, nous les suivrons ensembles ou séparément, à dos de mules dans des paysages de sable rouge, accablés par la chaleur ou frigorifiés par la neige, évoluant entre Mexicains ou indiens Navajos, croyances locales, prêtres pervertis refusant qu’on vienne mettre son nez dans leurs petites affaires. Les distances sont immenses, il faut des semaines ou des mois pour aller d’ici à là.
Il y aura de belles rencontres et d’autres moins, le fameux Kit Carson général pionnier de la Conquête de l'Ouest américain, Jacinto le guide Indien mais aussi le Padre Martinez potentat local de Taos, un drôle de coco ouvertement en guerre contre Latour, contre le célibat des prêtres, il a plusieurs enfants etc. Tout au long de sa mission, l’évêque Latour poursuit un rêve, faire construire une cathédrale inspirée « des vieilles églises du Midi qui sont les plus belles de France ».
Au crépuscule de sa vie, alors que le père Joseph Vaillant est déjà décédé, Jean-Marie Latour se souvient des faits saillants de son existence et de son amitié profonde pour Joseph. « Durant les dernières semaines de sa vie, l’évêque songea fort peu à la mort. Ce qu’il quittait, c’était le passé ; l’avenir se ferait de lui-même. »
Un ma-gni-fi-que roman qui doit tout à son écriture faite de délicatesse, d’empathie et d’amour. J’avoue être à court de mots pour vous inciter à lire ce bouquin aussi ne vous contentez pas de mon billet, allez voir ailleurs ce qu’on en dit et vous serez convaincus.
« Bernard compris. Il savait qu’un beau jour, il y avait bien longtemps, à cette heure précise de la journée, un jeune évêque cheminant sur la route d’Albuquerque avait pour la première fois aperçu Santa Fe… et bien souvent, alors qu’ils se rendaient tous deux en ville, l’évêque, accompagné de Bernard, avait quelque temps fait halte au sommet de la colline d’où le père Vaillant avait jeté un ultime regard sur Santa Fe, le jour qu’il était parti dans le Colorado pour entamer la tâche qui devait occuper le reste de son existence et, au bout du compte, faire également de lui un évêque. »
Traduit de l’anglais par Marc Chénetier