DOA : Rétiaire(s)

DOADOA, né en 1968, est le pseudonyme de l'écrivain français de romans noirs Hervé Albertazzi, pseudo qui fait référence à Dead on Arrival (Mort à l'arrivée), un film noir américain réalisé par Rudolph Maté (1950). Après avoir été parachutiste dans un régiment d'infanterie de marine, DOA travaille comme producteur de jeux vidéo en France et à Londres avant de se tourner vers la littérature. En 2020, il est recruté parmi la « Red Team Défense », un groupe de dix auteurs de science-fiction chargés de faire de la prospective pour le ministère des Armées, en imaginant « les futures crises géopolitiques et ruptures technologiques impliquant les militaires », afin de défendre la « souveraineté de la France ». Son dernier roman, Rétiaire(s) (2023) vient d’être réédité en poche.

Un bon polar, voire très bon, mais pas fait pour moi. Il y a donc de bons romans qui peuvent ne pas séduire, tout comme il y en a de très moyens qui trouvent grâce à mes yeux ; bizarre, bizarre…

L’histoire est très complexe, la résumer ne l’est pas moins aussi vais-je me limiter à en donner de très grandes lignes. Trafic de drogue à grande échelle, un clan gitan qui se bat pour l’honneur, assassinats, indics, putes, vengeance, Théo Lasbleiz un flic des Stups borderline, Amélie Vasseur capitaine de gendarmerie qui mène l’enquête et doit prouver sa valeur…

Tout est terrible dans ce roman, dans tous les sens du terme et DOA excelle à nous le faire ressentir par son écriture et son style unique. Ça claque, tchic-tchac, ça assomme le lecteur qui ressort de ce bouquin vidé comme peut l’être un boxeur à l’issue de son combat. Des phrases courtes qui fusent dans une langue qui n’est souvent plus du français classique mais ce sabir parlé dans les milieux interlopes ou populaires des cités (on peut se faire kèner par un keubla pour la moulaga), mêlé au parler haché par l’urgence des flics en mission et aux acronymes multiples des services administratifs (APHP, BNAS, OFAST etc.). Un glossaire en fin d’ouvrage aide le lecteur à traduire ce qu’il lit…

La violence est aussi bien physique que morale, humiliations et coups, dans le milieu carcéral, entre caïds et leurs meufs etc. J’ai dit que le lecteur était assommé car ici, il comprend qu’il ne lit pas un polar classique imaginé par un écrivain dans son petit bureau, nous sommes au contraire dans le réel, un réel qui vous hurle aux oreilles et les écorche, vous secoue, le lecteur colle au cul du flic en mission, du malfrat qui frappe ou tue. Fini la rigolade du qui est le criminel ? Comment le flic va prouver le crime ? Sherlock et Agatha sont des charlots. Ici vous êtes dans le dur, le très dur, la triste réalité du monde parallèle qui nous entoure et dont on entend parler vaguement par les faits divers. DOA sait de quoi il parle et il nous met le nez dans le caca.

Génial ? Insupportable ? A vous de voir, tout le monde a raison.