Paul Auster – Le voyage d’Anna Blume ***

Par Laure F. @LFolavril

Babel Actes Sud – 1993 – 266 pages

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Anna Blume, c’est la narratrice de cette longue lettre qu’elle adresse à un ami qui est resté dans son pays d’origine, de l’autre côté des mers. La jeune femme écrit depuis une ville où le froid et la mort rôdent, où l’espoir a déserté les âmes. Il y a les coureurs, le peuple des spectres, les clubs d’assassinat. Il y a des sectes. Pour avoir une chance de survivre, on peut devenir chasseur d’objet ou ramasseur d’ordures… On ne peut faire confiance à personne. Les cadavres jonchent les rues. C’est un pays où l’apocalypse est en cours, une ville de laquelle Anna ne peut plus partir. Une ville en décomposition où elle doit lutter pour survivre – où « La vie telle que nous la connaissons a pris fin, et personne encore n’est en mesure de saisir ce qui l’a remplacée. » Elle est à la recherche, depuis maintenant des années, de William, son frère disparu.

Si les premières pages demeurent obscures, bien vite je plonge dans ce roman à la fois fascinant et terrifiant. Le monde dans lequel Anna Blume a atterri a de quoi provoquer effroi et répulsion. La plume de Paul Auster est puissante, très évocatrice – elle a quelque chose de viscérale. On éprouve dans notre propre chair les maux de l’héroïne. Le Voyage d’Anna Blume va me hanter un moment.