Le bomian (Page Comann)

Le bomian (Page Comann)

Auteur : Page Comann

Éditions : MPlus

Parution le : 04 juillet 2024

306 pages

Thème : Drame

disponible sur le site de l'éditeur

à la FNAC et sur Amazon

Un village rongé par les secrets

 Résumé 

  « Été 1955, Alpes-De-Haute-Provence.

Le village du Mazet-sur-Rourle se prépare à fêter le 14 juillet.

Un feu d’artifice sera tiré en apothéose au-dessus de la garrigue. Au coeur de cet été de canicule, l’arrivée d’un étranger, d’un bomian comme on dit au pays, fera exploser bien autre chose que des fusées.

Les secrets, les non-dits, les mensonges. Tout ce que les habitants cachent depuis trop longtemps derrière leurs jalousies.

Pour beaucoup, c’est l’heure des comptes.

Dans le théâtre d’une nature sublime et éternelle, indifférente aux malheurs mesquins des hommes et des femmes, un drame provençal où personne ne s’attend à la violence du bouquet final. »

 

 Ma chronique

Été 1955, un nouvel arrivant débarque à Mazet-sur-Rourle, petit village de caractère où il fait bon vivre... Cela aurait été possible, si et seulement si les habitants n'étaient pas aussi renfermés sur eux-même et que par-dessus tout la plupart pour ne pas dire le village entier n'avait en tête un drame survenu 16 ans plus tôt. C'est sur ce drame que nous débutons ce récit et que nous passons ensuite aux préparatifs du 14 juillet. La guerre est passée et cela n'a pas affecté plus que cela les habitants, si ce n'est qu'un jeune d'entre eux est mort, mais pas où nous le penserions. Et puis le "bus" s'arrête et dépose un étranger. Un bohémien, un homme qui n'est pas d'ici, quelqu'un qui ne devrait pas s'attarder, qui devrait avancer et éviter de se retourner, un bomian. Les étrangers, personne ne les aime là-bas et alors que la lectrice que je suis à imaginer tout un tas de raisons pour qu'il soit là, je ne m'attendais pas du tout à l'histoire qu'il allait conter. Je remercie la maison d'éditions pour l'envoi de ce livre, que j'ai lu début juillet que j'ai beaucoup apprécié, bien plus que je ne l'aurai imaginé.
Le contexte est particulier, tout le monde dans ce village de si peu d'habitants tiens le voisin avec une action qui n'est pas très nette. Je ne m'amuserais pas à dévoiler quoi que ce soit, la seule chose à savoir, c'est que justement, tout se sait un jour où l'autre. Que les secrets et les noirceurs seront un jour mis au grand jour et que là, la vengeance interviendra bien. Peut-être trop tardivement pour certain personnage, mas cela se fera. La patience s'acquiert avec du temps, des épreuves et je peux vous garantir que l'un d'entre eux sera parfait dans son rôle. Mais avant d'en arriver là, le village est un personnage à part. Tous y vivent, avec leurs secrets que tout le monde connait et pourtant personne ne dit rien. Trahisons en tous genre, chacun d'entre eux à une vision de sa vie totalement fausse, jusqu'au curé qui m'a fait mourir de rire à plusieurs reprises. Tout cela pour dire que le village cache de sombres secrets, des histoires que personne n'a envie d'entendre ou même de raconter. Dans chacun de ces petits villages où les personnages vivent presque en autarcie, le voisin du village d'à côté est déjà mal vu, alors un home, un blond, qui ne craint pas la chaleur, tatoué comme un prisonnier, débarque pour du travail... Les ennuis qui étaient déjà enfouis semblent rejaillir de plus bel. La haine des autres est ancré, être odieux, balancer n'importe quoi, boire jusqu'à plus soif, oser aller à l'encontre de ceux qui vous refile de l'argent, impressionner, harceler même... L'atmosphère est lourde, malsaine et quiconque oserait vouloir partir le ferait les deux pieds devant.   
Les mentalités sont douloureuses et chaque mot, chaque geste nous montrent bien que n'importe qui pourrait passer par ce village, il risquerait gros. Entre les "prononciations", les citations, les on-dits, les proverbes, la manière de dévisager et/ou de surveiller... Heureusement que le paysage est magnifique, parce que cela ne donne pas envie d'aller voir par là-bas ce qui se passe. Les descriptions sur la végétation, les maisons, les habitants et les autres nous donnent largement assez pour nous faire une idée des décors et de les voir se dessiner sous nos yeux. La couverture reflète la beauté sauvage mais indomptable des lieux. Alors le récit est prenant, avec des touches d'humour, des instants de méchanceté, des mots de vérité et des feux insolents. Entre la seconde guerre mondiale qui a fait des dégâts, ici c'est celle d'Indochine qui va s'installer par le biais de quelques personnages intéressants. De ceux qui ne sont pas réfractaires aux autres et qui veulent découvrir la vérité, connaitre le pourquoi et le comment sns juger. Ce qui n'est pas le pas de tout le monde. La guerre laisse derrière elle des veuves, des orphelins, des déceptions, de la peine... Ce village pourrait être une guerre à lui tout seul, car il laisse un gout amer en bouche une fois qu'il a recraché tout ce qu'il y a de plus mauvais sur ses terres.   .  
Les personnages ne sont pas nombreux, pour autant ils en font des dégâts dans tous les sens du terme : le cafetier, la mairesse, le directeur d'école, la veuve, le curé, les copains de beuverie et de chasse, l'idiot du village...  Chacun d'entre eux a une histoire, un passif qui se mêle aux autres. Que cela soit voulu ou non, ils sont tous englués dans un moment qui a été plus que de l'égarement. Fragiles, c'est le mot qui vient en premier lorsque je pense aux divers liens qui existent entre eux tous, tout est trop fragile, il n'y a aucun renforcement. Comme je l'ai indiqué tout le monde se tient d'une manière ou d'une autre. Tout le monde connait un petit quelque chose et celui ou celle qui est blanc comme neige va e salir à un moment donné. La peur de rester seul, de ne pas pouvoir vivre, de n'être qu'un petit... Des émotions vives, violentes qui laissent des traces, jusque sur et dans la peau. Le gibier devient chasseur et inversement. Nul ne peut résister à l'envie de détruire ce qui est différent. Le récit est soutenu avec du suspense du début à la fin. L'inquiétude est grandissante et par chance nous avons deux personnages qui donnent un peu plus de légèreté : le fameux curé qui sait tout et aimerait tout balancer, usant d'un vocabulaire bien à lui qui ferait sauter au plafond les plus vieux jeu et Pabeu, ce "simplet", le fameux idiot du village, car il en faut bien un, mais qui comprend des choses bien avant les autres. La mentalité... Bref, Pabeu n'a pas eu une naissance adéquat, une enfance facile et son adolescence l'est encore plus. Pour autant il saurait facilement survivre même en étant seul vu sa façon de chasser, d'écouter, e connaitre chaque caillou de son village.
Si Pabeu essaye de se lier d'amitié avec Bomian, cela ne se fera pas sans ma, sans heurt, sans méfiance et de toute manière Bomian n'a pas l'intention de rester, alors ? Cet homme est là pour une chose et il le fera bien. Il a tout à son honneur de faire ce qu'il est venu faire, de s'interposer afin d'éviter des crimes et pourtant, s'il avait su... Sa souffrance est aussi grande que celle qu'il va côtoyer durant quelques jours. Un voyage qui doit le soulager des maux par des mots. Des souvenirs difficiles de ce qu'il a vécu. Nous avons beaucoup d'interprétations différentes de ce qui peut être lus, il n'y a pas d'intonations et lorsque l'esprit vadrouille un peu n’importe comment, il est sur et certain que ce qui en ressortira ne sera pas du rose bonbon. Lorsque nous suivons l'intrigue il est impossible de savoir vraiment comment tout cela va bien pouvoir se terminer. Bien ou non, nous ne pouvons juger, toujours est-il qu'il est facile de s'attacher à certains et de détester d'autres. Le Pabeu a son côté attachant et fort, il est chez lui, il connait tout, tandis que le Bomian n'est que celui qui foule sa terre sans rien connaitre de la pierre qu'il vient de faire rouler par inadvertance. Des forces, des faiblesses que l'auteur (enfin es auteurs) nous conte avec beaucoup de générosité, de bienveillance, mais aussi tact et franchise. Rien n'est laissé au hasard, c'est parfois brut, mais terriblement vrai.
En conclusion ? Un récit qui ne laisse pas indifférent. Je pense que soit on aime, soit on aime pas et je fais partie de la première catégorie. L'intrigue est simple comme bonjour et pourtant le suspense est à son comble. J'ai imaginé je ne sais combien de fois qui est ce bomian qui fait battre les cœurs de manière différente. Pourquoi est-il présent ? Le rythme est soutenu, imposant avec ses moments d'humour du curé. Des bouleversements au sein d'un village complètement accro à la haine de l'autre, bouffé par de sombres secrets, détruit par les nombreuses vipères qui lâcheront leur venin trop vite. Des rebondissements, des comparatifs entre la vraie vie et la guerre qui au final se ressemblent bien trop ici. Sans oublier cette maladresse touchante parfois et ce manque d'amour surtout qui est mis en avant. Et cette fin, je ne l'avais pas vu venir ainsi. La boucle est quasiment bouclée, à nous d'imaginer ce que sera le sort de la mairie, mais pour moi, je n'ai pas de doute. À vous de le découvrir.

"Page COMANN est le pseudo collectif de deux auteurs, déjà réunis sous les titres "Souviens-toi" de Sarah" et "Outaouais", qui défendent l’écriture sous toutes ses formes. Celle de Ian MANOOK, pétillante et vive, courant du noir le plus cruel à l’humour ciselé de ses dialogues. Celle de Gérard COQUET, précise et figurative, où chaque sentiment est une corde accrochée à l’arc de ses mots."  

 Extrait choisi :  

« Et elle, comment la séduire sans paraître encore plus idiot à ses yeux ? Parce qu'elle doit bien le trouver demeuré comme tout le monde au village. C'est pas normal ! Les simplets aussi ont droit à l'amour, non ? Qui peut répondre à cette question ? Le curé ? Les larmes lui montent aux yeux. Pourquoi à cet instant précis, pense-t-il au bomian ? Ce n'est pas vraiment un ami, mais avec qui d'autres pourrait-il parler de ces choses-là ? Pas sûr qu'il puisse lui faire confiance, c'est vrai, pourtant il a tellement besoin de se confier. D'être aidé. Tellement. »

Le bomian (Page Comann)


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