Edogawa Ranpo est le pseudonyme de l'écrivain et critique Tarō Hirai (1894-1965). Il est considéré comme l’un des principaux fondateurs de la littérature policière japonaise, influencé par Maurice Leblanc, Arthur Conan Doyle… mais parfois susceptible de dépasser le simple divertissement pour atteindre des profondeurs psychologiques. La Proie et l'Ombre a été publié en 1928 et traduit pour la première en français en 1994.
Edogawa Ranpo, le narrateur, fait la connaissance de Shizuko Oyamada, belle jeune femme d’un homme d’affaires, lors de la visite d’un musée. Quelque temps plus tard elle le contacte, sollicitant son aide en tant que romancier spécialiste du crime : elle reçoit des lettres menaçantes d’Ichiro Hirata, un ex-amant peu recommandable de sa prime jeunesse qu’elle a quitté mais qui a retrouvé sa trace et menace de la faire souffrir pour se venger. L’affaire commence à prendre un tour inattendu quand elle lui révèle que cet Hirata serait le véritable nom de Shundei Oe, écrivain de polars à succès, rival d’Edogawa, dont on n’a plus de nouvelles depuis un an… Lettres particulièrement troublantes, prouvant que l’homme sait exactement et dans les moindres détails tout ce que fait Shizuko jour et nuit ! Piqué au vif par ce défi, Edogawa prend l’affaire en main, pour coincer ce rival qu’il n’apprécie pas et aussi/surtout pour plaire à la belle Shizuko. Une dernière lettre fait monter la tension d’un cran, Hirata annonce à Shizuko qu’elle va vraiment souffrir quand il tuera son époux qu’elle adore, revenu d’un voyage d’affaires en Europe. Et il le tue !!
Un excellent petit polar. Rando Edogawa était un admirateur de Conan Doyle et de Maurice Leblanc, on en retrouve des traces dans ses ouvrages mais avec sa touche plus personnelle et plus « hot », sensualité et érotisme, voire perversité.
Polar psychologique où le narrateur va s’engager dans une enquête particulièrement roublarde. Edogawa est subjuguée par la belle (« je prenais un douloureux plaisir à imaginer sous le tissu les parties de son corps que je ne connaissais pas ») et découvre des aspects intimes du couples inattendus (voyeurisme, usage du fouet). Ses pettes cellules grises turbinent, les faits commencent à se mettre en ordre, l’évidence enfin désigne un coupable mais un n’est pas toujours égal à un, le premier épilogue en réserve un second qui lui-même en propose un autre et là encore…
Vraiment bien mais je m’en doutais puisque c’est le second roman de cet écrivain que je lis et j’adore ce type !