En deux mots
La découverte du cadavre d’une jeune fille dans la rivière d’un village savoyard va provoquer l’émoi de toute une communauté et faire ressurgir des histoires anciennes de jalousie, de convoitise et de rancœurs tenaces. Luce, la sœur de la victime, mène l’enquête avec Mathias, le maudit, et entend faire exploser la vérité sur ce féminicide.
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
La danseuse, la mort et le Maudit
Avec ce second roman Johanna Krawczyk confirme tout son talent. «La Danse des oubliés» raconte l’enquête que mène Luce après la découverte du cadavre de sa sœur dans la rivière de leur village savoyard. Mêlant prose et poésie, ce vrai-faux thriller raconte la violence d’une époque et une volonté féroce d’émancipation.
Luce est passionnée de danse. Elle vient d’être engagée par une troupe de Toronto et va pouvoir vivre de sa passion. Avant de partir pour le Canada, elle profite de ses derniers jours au sein de sa famille à Belle-Rose, sur les contreforts des Alpes.
Mais son rêve va se briser au petit matin, lorsqu’un cri déchire la quiétude de la communauté. Un cadavre flotte dans la rivière, celui de sa sœur.
Dès lors, il n’y a plus qu’une seule priorité, comprendre ce qui s’est passé et tenter de retrouver le ou les coupables. Pour les villageois, il ne peut s’agir que de l’œuvre de Mathias, dit le Maudit, un homme solitaire auquel ils ont fait une réputation à la hauteur de son surnom. Mais Luce pense au contraire que son lourd passé peut l’aider à comprendre l’enchaînement des faits. Aussi décide-t-elle contre l’avis de la communauté, de s’allier avec ce voisin taciturne.
Au fil des pages, l’enquête met à jour des petits secrets et des histoires sombres où convoitise et jalousie se mêlent à la violence et aux jeux de pouvoir.
Dans ce roman âpre, Johanna Krawczyk montre aussi combien le chemin vers la résilience peut être compliqué à trouver, surtout quand on se bat contre l’opinion générale. Il faut alors une volonté de fer, surtout pour une jeune femme.
Comme dans son premier et précédent roman, Avant elle, Johanna Krawczyk va chercher dans l’écriture les voies de la rédemption. En exhumant les secrets enfouis de Belle-Rose, elle nous offre une plongée vers l’âme meurtrie de Luce. Les prémices à sa reconstruction se trouvent aussi dans cette alliance que tous rejettent, mais qu’elle ressent nécessaire, voire vitale. Car Matthias était déjà présent au moment où un premier crime a eu lieu, crime que l’on pensait résolu avec l’arrestation d’un tueur en série. Mais Elsa était morte comme Maud a priori. « J’en avais pas vraiment entendu parler vu que j’étais pas née. Alors j’ai lu sur internet, les articles, les témoignages, l’écharpe ayant servi à l’étrangler qui n’a jamais été retrouvée, et ça m’a frappée : la photo de ta sœur, blonde avec une queue de cheval fluette, joyeuse, les yeux clairs. Robuste. Nos sœurs avaient le même âge et se ressemblaient beaucoup. Forcément, ça interpelle.
— Tu fais fausse route. Ça a rien à voir. Je suis désolé pour toi. Luce se lève, sûre de ce qu’elle avance. »
Mais, après avoir été confrontée à l’horreur, une intuition peut-elle servir de boussole pour retrouver le chemin de l’espoir, le goût de vivre ? Telle une danseuse blessée, c’est pas après pas que Luce va avancer. Un exercice de haute voltige maîtrisé par la magie d’une écriture qui mêle de la poésie à ce qui aurait pu ressembler à un polar. Mais ici, l’élégance et la douceur viennent affronter la noirceur des choses, nous proposant ainsi un autre chemin de résilience.
« J’aimerais être une fille dessinée
La création d’un artiste en devenir
Pour m’enfuir et qu’il puisse
Indiquer à l’Histoire un autre chemin
Que les enfants sachent
Qu’on ne peut pas mourir étranglée
Dans une rivière où l’on joue
Non bien sûr que non
On meurt quand on est vieux »
La Danse des oubliés
Johanna Krawczyk
Éditions Héloïse d’Ormesson
Roman
192 p., 18 €
EAN 9782350879642
Paru le 22/08/2024
Où ?
Le roman est situé principalement dans un petit village de France en Savoie appelé Belle-Rose. On y évoque aussi Toronto au Canada.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
Belle-Rose, un village savoyard. Luce, une jeune danseuse de dix-sept ans, voit sa vie basculer lorsque le corps de sa petite sœur est découvert dans l’Eau Rouge, la rivière locale. Bravant les secrets et les mensonges d’une communauté soudée par le silence, elle se lance dans une enquête obstinée. Sa soif de vérité la mène à s’allier à celui que tous nomment le Maudit, un colosse mutique et solitaire de trente-huit ans. Ensemble, ils affrontent les ombres d’un passé que certains préféreraient oublier, dévoilant les trahisons et les souffrances enfouies. Dans sa lutte contre l’injustice, Luce ne cherche plus seulement un coupable, elle aspire à réparer les êtres brisés, et à redonner à Belle-Rose son innocence perdue. Comment se relève-t-on de la violence qui vient fracasser notre existence ? De quelles armes dispose-t-on pour résister à la fureur du monde ? Dans ce roman à deux voix qui déploie une langue délicate où s’entremêlent prose et poésie, Johanna Krawczyk bouscule nos émotions et nous invite à écouter notre danse intérieure, celle qui nous aide à tenir debout.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Actualitté (Hocine Bouhadjera)
Johanna Krawczyk présente « La danse des oubliés » © Production Librairie Mollat
Les premières pages du livre
« Ça échappe et ça ricoche
C’est inévitable
Luce
– J’ai réussi le premier tour, je suis sélectionnée !
Son cri envahit le hall. Dans l’hôtel familial, les clients se tournent vers elle d’un bloc. Luce, dix-sept ans, mini-short et brassière jaune fluo, ne prête pas attention à eux, trop occupée à chercher les siens. Sans perdre une seconde, elle s’enfonce dans les couloirs en direction de la partie privée. Elle fait fi du standing, court, bouscule une femme, renverse un plateau, avant de surgir dans le salon où ses proches se sont retrouvés pour jouer.
– J’ai réussi, je suis sélectionnée ! Sur cent vingt-deux, on n’est plus que cinq !
Le deuxième tour approche. Elle promet de ne pas baisser la garde, elle intègrera Les Météores, la compagnie de renommée internationale basée au Canada, elle voyagera dans le monde entier, les grandes capitales et les villes de province, elle offrira au public des moments suspendus, ceux où les émotions s’engouffrent et chassent le quotidien comme une brise estivale, ceux qu’on n’oublie jamais car ils vous colorent de sensations éternelles.
Elle ne baissera pas la garde, la danse sera son métier.
Mes parents et ma sœur me félicitent
Chacun à sa façon
Baiser sur le front pour ma mère
Tape dans le dos pour mon père
Sourire silence pour ma sœur
Bientôt il est l’heure
Nos parents se pressent
Soirée entre amis dans la vallée
La porte claque
Une caresse dans la nuit
Ma petite sœur m’enlace
Soirée entre sœurs
Soirée sans parents
Joie
Luce profite des dernières lueurs du jour pour parfaire son entraînement. Elle part courir et sa petite sœur, Maud, l’accompagne. À petites foulées, elles empruntent le chemin de terre reliant l’hôtel, Le Douglas, à la rue principale. Elles battent le bitume, passent devant l’église aux vitraux bleutés qui surplombe la rivière inaudible en ce printemps déjà trop chaud.
Avant, l’eau clapotait. Et lorsque Maud s’approchait, elle était persuadée que c’était l’église qui la grondait. Elle se précipitait inquiète aux côtés de sa grande sœur.
– La dame bleue va nous manger, on doit partir !
Au fil des années, elles se sont apprivoisées et ont appris : la dame bleue veille sur le village de Belle-Rose et ses trente-deux maisons isolées.
Les deux sœurs avancent en rythme, inspirant à pleins poumons les odeurs de leur terre savoyarde. Au milieu de la grand-rue, elles croisent Dali, le meilleur ami de leur père, gérant de la supérette, et sa mère Marie-Claude dans son fauteuil roulant.
Celle-ci les salue de la main, tout comme Maddy quelques mètres plus loin, l’ancienne institutrice de l’école et actuelle maire. Pour réussir leur boucle jusqu’au chalet, Luce et Maud se contentent d’un hochement de tête. Elles grimpent sur les sentiers voisins, ceux qui donnent à la montagne son air ridé, accélèrent, doublent
Antonia et ses brebis, avant de hurler leur exaltation d’être à nouveau réunies pour les vacances.
De retour au Douglas, Maud se jette dans l’herbe. Derrière, le chalet a tout d’une carte postale de vacances avec ses quatre cents mètres carrés, ses trois étages traversant et ses fenêtres qui dominent la vallée.
– Tu m’as manqué. Je préférais quand on était petites et qu’on restait collées.
Luce regarde sa cadette d’un an seulement, plus robuste, blond soleil comme leur père, et d’un geste vif, elle retire son bracelet-étoile.
– Tiens, comme ça je serai collée à ton bras.
Dans les yeux de Maud, ce petit bout de sa sœur a des allures de don du ciel.
– Je le quitterai plus.
Quand Le Douglas semble endormi et que la nuit devient la leur, Luce décline à contrecœur les propositions de films et de séries de sa sœur.
– Je veux rester dans mon élan et en profiter pour répéter.
Tu comprends ?
Luce embrasse sa sœur, qui feint de comprendre. Comment le pourrait-elle alors qu’elle ignore ce qu’est une passion chevillée au corps depuis des années, seule maîtresse à bord du navire des décisions ? Chaque semaine, Maud change de passion. Après le judo, le développement personnel, la fabrication de gris-gris, elle vient d’entrer dans sa phase photographies. Elle lit tout ce qui lui tombe sous la main et passe des heures à déambuler dans Belle-Rose pour collectionner les clichés. Maud se cherche et c’est normal, pense Luce, tout le monde n’a pas le privilège d’avoir un rêve.
Dans sa chambre, elle s’échauffe. Progressivement, son corps se déploie et occupe tout l’espace. Pendant plusieurs heures, elle danse, la fenêtre ouverte sur les hululements de chouette, bien décidée à prouver à son père qu’elle avait raison.
La danse sera son métier.
*
Luce se réveille aux aurores.
Pour répéter.
Ses parents et sa sœur dorment encore et elle chérit ce moment de calme, comme si le temps avait décidé de converser avec elle en tête-à-tête. Elle se prépare un chocolat chaud et marche pieds nus dans le jardin. Elle hume l’air et dit bonjour à la nature, aux abeilles qui butinent les marguerites et les gentianes, au grand épicéa qui regarde la vallée, au mont Coste, majestueux en ces matins d’avril. Sa tasse en main, bien droite au milieu de l’immensité de verdure, elle affiche cette vitalité contenue du grand sportif avant la victoire.
Elle se tourne, confiante, vers le chalet qui paraît sourire à la route. Depuis son ravalement, des centaines de familles y ont séjourné, été comme hiver. Elles y ont ri, elles s’y sont aimées, et cette atmosphère l’inspire, contrairement au village et à ses habitants. Le Douglas possède cette magie des lieux propices aux bons souvenirs, et aux réussites. Peut-être à cause de son bois qui tire vers le rouge. Chaud et réconfortant. Une chose est sûre, n’importe qui signerait pour son scénario bonheur.
Ce matin pourtant, une voix retentit, ça hurle et ça résonne comme l’annonce d’une guerre imminente.
– Un corps ! Y a un corps dans l’Eau Rouge !
Le clocher de la dame bleue se met à sonner, très vite, des ding dong en chamade.
– Un corps ! Un corps !
Il est six heures du matin et l’inquiétude traverse le village. Une traînée de poudre enflammée. Et cette voix qui hurle la saisit.
Quand elle l’entend, elle ne réfléchit pas : lentement, elle saute par-dessus la barrière du terrain, accélère, un mauvais pressentiment, elle suit les sirènes dans la grand-rue, essaie d’oublier les ding dong et les boum-boum de son cœur. Elle passe devant l’église qui sonne à n’en plus finir, elle s’enfonce dans la forêt par le sentier de terre, elle fait abstraction de ses pieds nus et de ces sons fous dans ses oreilles. Elle descend vers la rivière et toutes ces percussions la mettent sous tension. Les joues en feu, elle s’arrête devant l’Eau Rouge.
Un nom enchanté pour un village de ploucs.
Devant elle, desséchée, il y a la colline aux papillons que les monarques ont fui depuis des années. Autrefois verdoyante et ombragée, elle ne ressemble plus qu’à une bosse jaune. Sèche et triste, de la paille oubliée. Et à l’endroit le plus étroit de la rivière, il y a un corps en travers.
Un corps d’adolescente habillée. Le visage dans l’eau.
Autour, les gendarmes, les locaux, des bandes jaunes et des appareils photos. Tous regardent celle qui flotte. Ils s’agitent comme devant un spectacle exceptionnel ou une féria endiablée.
Sauf qu’il n’y a ni féria ni spectacle dans cette rivière.
Il y a un corps
Mort
Et c’est ma sœur
Maud
Tout se fige en une fraction de seconde
Un vent froid fait irruption et m’emporte
Un vent qui ne laisse aucune place au rêve
Impossible à nommer
Ni Sirocco ni Simoun
Ni Diablo ni Pampero
Il m’impose une mue
J’aimerais claquer des doigts
Rembobiner le temps
Échec
J’aimerais dissoudre le présent
Obtenir un précipité voluptueux
Échec
J’aimerais croire en une mise en scène
Un jeu taillé sur mesure pour me filer les chocottes
Échec
Les frontières ont disparu
Je chute
Feuille volée au printemps
Disparue
Boum
*
Quelques secondes plus tard, des minutes entières peut-être, Luce observe la femme qui gère les opérations. Une gendarme en civil. Elle a les cheveux roux vif et bouge si vite qu’elle ressemble à une tête-torche vivante. Si elle s’y prend bien, elle
pourrait tout enflammer avec ses cheveux, et c’est peut-être ça qu’il faudrait à Belle-Rose, mettre le feu, raser les terres pour en faire pousser de plus belles, anéantir les tarés. À commencer par celui qui a fait ça.
Luce fixe les bras de la capitaine, ils donnent des ordres en gestes de ballet, chefs d’un orchestre macabre, ils voyagent d’est en ouest tout en cherchant un indice entre ciel et terre, ou entre les villageois qui épient. Ces hypocrites sont tous là, une petite soixantaine en essaim, avec au premier rang les aficionados des commérages : la jeune Antonia, la bergère du village, qui a quitté la capitale pour une vie qui a du sens, Patrick, un ami d’enfance de son père, Maddy, la sans-gêne numéro une. Il y a aussi Hervé, Dali et Marie-Claude, la famille Bérard. La liste est longue, et Luce se détourne pour se confronter à nouveau au corps qui flotte.
L’horreur en habits du réel.
Du coin de l’œil, elle repère l’écharpe kaki autour du cou : celle-ci n’appartenait pas à Maud. Elle en arrive à la même conclusion que la capitaine. Cela ne ressemble pas à un suicide, d’ailleurs, sa sœur n’avait aucune raison de se suicider.
Cela ressemble à un homicide.
Étranglement
Et corps
Dans l’eau
Pour effacer les traces
Fausse noyade
De qui Pourquoi
Est-ce un accident
Une mauvaise rencontre
Quelqu’un d’ici y est-il mêlé
Face à ce corps isolé dans l’Eau Rouge, la foule reste derrière les bandes jaunes. Ses parents surgissent, agrippés l’un à l’autre, deux ailes d’ange qui viendraient d’être brûlées vives. Ça la tue.
Sa mère crie.
Son père s’est momifié.
Et elle à l’écart, elle voudrait se fondre dans le décor ou dans le bleu azur du ciel.
Pour tenir, elle recule, détaille ce qui se déroule devant elle, une combinaison blanche effectue des prélèvements, une autre les place dans une valise, c’est irréel, la combinaison avance en apesanteur comme on marche sur la Lune ou sur les rêves détruits, et elle donne un papier à un jeune sous-officier qui tape du pied.
Tous fourmillent à côté de Maud transformée en nymphéa blanc. Les genoux de Luce tombent à terre, elle se promet dans un souffle de trouver celui qui a fait ça. Déjà, un nom apparaît sur toutes les lèvres, un bourdonnement croissant répétant les mêmes lettres, le même nom : Le Maudit. »
Extraits
« — Après la mort de Maud, tout le monde s’est mis à parler du meurtre de ta grande sœur Elsa. Seize ans, morte comme Mad a priori. Pour moi, c’était une histoire de plus parmi toutes les autres du folklore local. J’en avais pas vraiment entendu parler vu que j’étais pas née. Alors j’ai lu sur internet, les articles, les témoignages, l’écharpe ayant servi à l’étrangler qui n’a jamais été retrouvée, et ça m’a frappée : la photo de ta sœur, blonde avec une queue de cheval fluette, joyeuse, les yeux clairs. Robuste. Nos sœurs avaient le même Âge et se ressemblaient beaucoup. Forcément, ça interpelle.
— Tu fais fausse route. Ça a rien à voir. Je suis désolé pour toi. Luce se lève, sûre de ce qu’elle avance. » p. 52
« J’aimerais être une fille dessinée
La création d’un artiste en devenir
Pour m’enfuir et qu’il puisse
Indiquer à l’Histoire un autre chemin
Que les enfants sachent
Qu’on ne peut pas mourir étranglée
Dans une rivière où l’on joue
Non bien sûr que non
On meurt quand on est vieux »
p. 62
À propos de l’autrice
Johanna Krawczyk © Photo DR – Librairie Mollat
Johanna Krawczyk est née en 1984. Elle est scénariste. Avant elle, son premier roman, a paru aux éditions Héloïse d’Ormesson en 2021 et a été couronné au Festival de Chambéry (disponible en Pocket). La Danse des oubliés est son second roman. (Source : Éditions Héloïse d’Ormesson)
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