Thomas Helder

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem

En deux mots
L’écrivain néerlandais Thomas Helder a choisi de mourir à Châteauvieux, sur le plateau de l’Aubrac. C’est là que se retrouvent pour les obsèques les amis et membres de sa famille. Le lieu isolé est propice aux conversations. Des souvenirs partagés qui esquissent un portrait du défunt.

Ma note
★★★ (bien aimé)

Ma chronique

Après la mort de l’écrivain

L’écrivain néerlandais Thomas Helder a fait le vœu de venir mourir sur l’Aubrac. Ses proches et sa famille l’y rejoignent, l’occasion de conversations à son sujet et au-delà. Muriel Barbery brosse ainsi un portrait posthume, mais révèle aussi ceux qui évoquent le défunt avec leurs sentiments mélangés. Poétique et touchant.

« Pour quelle raison proche ou lointaine échoue-t-on à s’aimer ? Trop d’amour ? Trop de peur ? Trop d’espoir ? » C’est autour de ces questions que Muriel Barbery, de sa plume sensible et poétique, a construit son nouveau roman.
L’écrivain néerlandais Thomas Helder a choisi de mourir à Châteauvieux, sur le plateau de l’Aubrac. C’est là que se retrouvent pour les obsèques les amis et membres de sa famille. La surprise vient de la présence de Margaux, architecte installée à Londres, qui a disparu un jour sans donner de nouvelles. Revoilà donc cette Margaux que Thomas avait aimé, Margaux qui avait aimé Thomas, Margaux qui même absente restait très présente. C’est d’ailleurs pour elle que le défunt a rédigé ses dernières lignes, lui laissant une lettre qui va hanter tout le livre.
Un livre qui va nous permettre de croiser des fantômes, dont celui de Jean, le frère absent, mort d’une overdose onze ans plus tôt. Un livre dans lequel on parle forcément de la mort, mais aussi du diable. Car si les sentiments sont forts, ils sont aussi complexes. Aussi bien les circonstances que les paysages – ce plateau couvert de neige – vont permettre de les révéler, tout au long des échanges qui égrènent souvenirs et moments de vie. Si pour Jan, le père de Thomas, la douleur de perdre un nouvel enfant prédomine, il n’en va pas de même pour son entourage. Son fils Jorg, qui a suivi une carrière politique, vouait lui aussi de forts sentiments à l’égard de Margaux, ce qui rend leurs retrouvailles électriques. Au fil des pages, on va découvrir comment ils se sont connus et combien, le long des canaux d’Amsterdam et sur la Côte de la mer du Nord, leurs vies se sont mêlées avant d’exploser.
À Châteauvieux, l’heure est désormais venue de solder les comptes sous le regard de deux femmes, Anna, l’éditrice et seconde femme de Thomas et Paule, la sœur discrète.
Autour de Jan et Jorg gravitent aussi Hendrik, Hans, Sjoerd et Pascal, témoins attentifs d’un ballet qui ne laissera personne indemne.
Car l’évocation du passé n’est ici guère nostalgique. Il s’agit plutôt de rancœurs et de trahisons, de souffrances et de mensonges qui vont se révéler dans un enchaînement dramatique qui marque à jamais les esprits.
Avec une précision d’entomologiste, Muriel Barbery sonde les âmes et explore les failles dans ce roman qui confirme un talent qui avait éclaté aux yeux du public avec L’élégance du hérisson.

Thomas Helder
Muriel Barbery
Éditions Actes Sud
Roman
192 p., 19,50 €
EAN 9782330194222
Paru le 21/08/2024

Où ?
Le roman est situé principalement sur le plateau de l’Aubrac, à Châteauvieux. On y évoque aussi Amsterdam et Schoorl, Paris et Londres.

Quand ?
L’action se déroule de nos jours.

Ce qu’en dit l’éditeur
L’écrivain néerlandais Thomas Helder vient de mourir dans la fleur de l’âge. La cérémonie achevée, ses proches se rassemblent dans la maison de famille de sa mère, une demeure en pleine campagne aveyronnaise, embellie par la venue du soir, la clarté si particulière de la neige.
Au centre de cette assemblée, une très chère amie de Thomas, Margaux, architecte française renommée, partie au loin depuis des années, jusqu’à ce soir de deuil restée totalement absente. Mais pour elle, Thomas a laissé une lettre.
Margaux s’entretient avec tous et en particulier avec Jorg, le frère aîné du défunt. Entre eux se tisse une conversation énigmatique et singulière qui la confronte aux fantômes de son passé.
Un huis clos au cœur de la beauté des paysages, dans cette maison pleine des lointains souvenirs, entre l’Aubrac et Amsterdam : ils y ont grandi, s’y sont aimés, quelquefois menti. Une ronde de personnages menée avec virtuosité dans une unité de temps au cours de laquelle ces quelques inséparables se révèlent avec sincérité et chaleur, où s’inscrit en transparence ce que les lieux font aux hommes : « Nous étions des enfants des canaux, de l’écho de l’eau et de la patine du temps, ce qui comptait c’était la lumière. »

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com


Muriel Barbery lit un extrait de « Thomas Helder » © Production Actes Sud

Les premières pages du livre
« Duel
Un vaste ciel de neige se penchait sur le cimetière de Châteauvieux où l’on portait en terre Thomas Helder et Margaux Chanet pensait : Je ne devrais pas être là. Elle regardait les montagnes, les maisons et les granges, la grande tour de guet, le petit calvaire à la croisée des chemins. Alors que tout s’estompait dans la lente descente des flocons, elle regardait encore et pensait encore : Je ne devrais pas être là.

Tu es venue, dit une voix en néerlandais derrière elle. Jorg, dit-elle sans se retourner. Margaux Chanet, continua la voix, il faut donc la mort pour convoquer les revenants – Jorg Helder, dit-elle, il aura fallu la mort pour que tu quittes la ville. Il vint à sa hauteur. La mort est mon affaire mais j’ai toujours détesté cette putain de campagne, soupira-t-il. Elle le dévisagea. Échevelé et débraillé, même à l’enterrement de son frère, pensa-t-elle – élégante à mourir, fit-il remarquer, le deuil d’un ami te va comme un gant.

Je ne pensais pas te revoir un jour, dit-elle.

Un immense ciel blanc surplombait le cimetière tandis qu’ils s’avançaient vers la tombe où un inconnu disait en néerlandais : Et sous la neige ils s’enfuirent à jamais. Paule, la mère très aimée, tenait une rose contre son cœur, à sa droite, Anna, la femme de Thomas, fixait un point lointain, Sanne, la sœur du mort et de Jorg, la tête baissée, pleurait, Jan, leur père, froid et absent, se tenait aussi droit et raide que toujours – la Sainte Trinité, pensa Margaux en observant les trois derniers, tous si peu accordés à celui qu’ils aimaient. Certains des présents lui étaient étrangers mais elle reconnut quelques proches et parents des Helder. À l’arrière-plan, avec un coup au cœur, elle aperçut la silhouette de Hendrik. Jorg resta à côté d’elle – comme les om-bres s’avancent, pensa-t-elle soudain alors que la lumière faiblissait et qu’un autre inconnu prenait à son tour la parole.

Hélas, dit-il, les ombres, et il se tut, étreint d’émotion. Il avait un beau visage, la peau pâle, les yeux clairs. Il ressemble à Thomas, se dit-elle, est-ce son fils ? Hélas, reprit le jeune homme, j’ai mal connu mon oncle. Mais non, je divague, se reprit-elle, c’est le fils de Sanne, comment s’appelle-t-il déjà ? Les ombres s’avancent et nous ne les voyons pas, continuait le neveu de Thomas et de Jorg, l’obscurité s’approche et nous ne la voyons pas, la nuit se prépare et nous ne la voyons pas. Un jour, pourtant, nous les découvrons dans la pleine lumière, les ombres, l’obscurité et la nuit, et nous comprenons que le monde dans lequel nous avons vécu est mort. Il s’interrompit. Est mort depuis longtemps, ajouta-t-il et elle pensa : Je me souviens de ce texte, le précédent orateur aussi disait un texte de Thomas.

Le jeune homme s’était tu, elle croisa son regard. Un vent doux et humide s’était levé, la neige tournoyait avec légèreté, effaçait les montagnes, effaçait les maisons et les granges, le toit de l’église, la tour de guet, la croix noire du calvaire et, sous les nuages sombres, effaçait à présent les visages eux-mêmes. D’un repli de sa mémoire surgit celui de Thomas et Margaux le revit tel qu’autrefois, l’air ironique, l’œil grave. Ce n’est pas vraiment lui, se dit-elle et la neige vint balayer l’étrange souvenir. Le silence se fit pendant qu’on portait le cercueil en terre. Enfin, quand on eut jeté une rose dans la fosse et que les fossoyeurs eurent commencé de l’ensevelir, tout le monde partit. Margaux serra quelques mains, quitta l’enceinte du cimetière parmi les derniers et rejoignit à pied Jorg devant la maison des Helder. Là, elle pensa : Hans. Le fils de Sanne s’appelle Hans.

Ce que c’est que la neige, la nuit, pensait-elle. On y côtoie d’autres âges, d’autres puissances. La neige tombait et elle pensait : On y côtoie des mystères. Par la fenêtre, on voyait les flocons danser sous les lumières de la grange et elle pensait encore : On y côtoie des revenants.

Jorg Helder, par exemple.

Lequel, désignant l’assemblée réunie dans la grande salle alors qu’on se réchauffait devant la cheminée, qu’on servait du vin, qu’on s’asseyait çà et là pour converser à voix basse, lui dit : La vraie cérémonie commence – les deux familles réunies, ajouta-t-il, avait-on besoin d’un autre mort ? Et, comme elle baissait les yeux : Je ne suis pas ton ennemi, Margaux. On leur apporta un verre, ils s’assirent près du feu.

Nous sommes heureux que tu sois là, lui dit Sanne en passant devant elle, ta chambre est prête, je reviens te voir tout à l’heure. Jan, s’approchant, lui dit à peu près la même chose et d’autres firent de même en un ballet embarrassé qu’elle trouva plutôt cocasse. Tout le monde est heureux de me voir mais personne ne veut me parler, dit-elle à Jorg. À part moi, lui dit-il, et il ajouta : Ma sœur est identique à elle-même mais as-tu vu combien mon père a vieilli ? Margaux observa Jan, sa haute silhouette austère, son grand front sévère. Il m’a toujours paru vieux, dit-elle – c’est le formol protestant et conservateur, s’amusa Jorg.

Au-dehors, la nuit dissimulait le jardin et, plus loin, la vue sur la vallée, sur les ravins ombreux, sur les pierres de volcan, sur la vie âpre du plateau. Les lumières de la grange balayaient la terre blanche. Les pierres du chemin brillaient. Au-delà, la végétation était noyée d’une obscurité que, par éclats, le vent dans les éclairages dissipait – alors on voyait naître les contours d’herbes hautes et de grands rochers puis tout retournait aux ténèbres. Je ne devrais pas être là, se dit encore une fois Margaux, ce ne sont que souvenirs et tristesse, je n’y ai de présent que celui de la trahison. Elle prit conscience que Jorg lui tapotait le genou et lui faisait signe d’écouter – depuis combien de temps ? se demanda-t-elle. Je suis fatiguée, je me perds dans les strates du temps.

Thomas était un enfant d’Amsterdam, disait Anna qui s’était levée pour parler, mais il a voulu passer ici les derniers jours de sa vie. Ici, chez sa mère, ici, au pays d’enfance. Elle regarda Paule puis Margaux. Elle paraissait plus blonde et diaphane que jamais – une épouse transparente à travers laquelle on peut distinguer le défunt, pensa Margaux. Mais ce que Thomas aimait à Châteauvieux, reprit Anna : le silence et le vide. Il disait : Dans ce silence et dans ce vide, tu vois. Quand je demandais : Tu vois quoi ? il restait silencieux. À la fin, toutefois, il m’a répondu.

Une femme, murmura Jorg.
Une femme, dit Anna.

Elle voulut continuer, fit signe qu’elle ne le pouvait pas, une onde de sympathie parcourut l’assistance – d’autres âges, d’autres puissances, pensa Margaux alors que les conversations reprenaient à voix feutrée. Elle vit Jan se laisser tomber sur sa chaise et poser une main sur le bras de Paule. Finalement unis dans la perte, se dit-elle, comme elle a vieilli elle aussi, la vieillesse vient-elle avec l’âge ou avec le deuil ? La cheminée démesurée, les poutres sombres et les murs chaulés, le carrelage brun, les horribles fauteuils, rien n’avait changé et elle songea que Thomas, mourant, avait dû supporter cette lourdeur. Au-dehors, le vent se renforçait, jetait les flocons contre la vitre de la baie, étourdissait les lampes extérieures – il doit neiger sur tout le plateau, pensa-t-elle et, sans qu’elle sache pourquoi, cela lui fit du bien.

Ainsi, longtemps après les étés partagés d’autrefois, la famille Helder et la famille Chanet, que seule Margaux représentait, étaient de nouveau réunies dans la propriété dont Paule Helder née Cambon, une enfant du pays, avait hérité. Elle se trouvait sur l’Aubrac. Tout autour : le plateau, la lande, les pierres. En contrebas, un hameau – Châteauvieux – et au centre de ce hameau : une tour de guet, une église, un cimetière. Pour le reste, une vaste étendue de solitude et d’esprit inondée de reliefs verts et bruns qui prenaient des teintes fauves en été. En surface, des prés brossés de vent, des bois à gorges et à cascades, des chemins couverts, des combes fraîches. Au-dessus, des crépuscules où le ciel repeignait la terre, des aubes de naissance du monde et, en fin de saison, de violents orages qui duraient toute la nuit. Mais rien de ceci n’est visible à cette heure, se dit Margaux et une sensation singulière la saisit – quelque chose s’allège, se dit-elle en observant autour d’elle les êtres et les choses pourtant lourds de deuil et d’années, d’où vient cette légèreté ?

J’ai toujours détesté les vacances à Châteauvieux, dit Jorg en la tirant de ses pensées, il n’y a pas une heure où je ne m’y sois pas emmerdé comme un rat mort, j’attendais la fin de l’été en prisonnier qui guette sa libération, mais aujourd’hui je te concède tout de même que c’est beau – c’était déjà beau alors et tu étais déjà une purge, dit Margaux. Il rit, quelqu’un réclama le silence en faisant tinter une cuillère contre son verre et Sanne se leva. Elle sourit nerveusement, croisa les bras sur sa poitrine. Thomas était un homme bon, commença-t-elle et Jorg ricana doucement – l’oraison funèbre de Sainte Sanne, murmura-t-il à Margaux.

Thomas était un homme bon et un écrivain talentueux, continua Sanne. Je n’ai jamais compris grand-chose à ses livres – elle sourit, l’assemblée rit avec délicatesse – mais je connaissais mon frère : il s’y trouvait tout entier. De là à vous dire que je ne comprenais pas grand-chose à Thomas non plus – nouveau sourire, nouveaux rires discrets – il n’y a qu’un pas. Je suis Sanne, la sœur, la confidente, celle qui n’a jamais fait beaucoup plus que d’être là. Je n’ai pas eu de carrière comme mon autre frère Jorg, »

Extraits
« Thomas aimait Jean au-delà de tout possible et tous, nous étions heureux de voir ces hommes jeunes, beaux et talentueux unis par cette amitié que la mort n’a pas tuée, elle n’aura fait que te tuer, toi, sinon pourquoi te serais-tu enfuie pour ne pas revenir ? Je suis revenue, dit-elle — tu es revenue, dit-il, et j’ai un scoop pour toi : tu es vivante mais tu ne le sais pas. Il tendit son verre à Hans qui passait avec une bouteille de vin, elle fit de même — je reviens, dit le jeune homme — comme toi ils reviennent, soupira Jorg, ils veulent tous revenir, ils croient qu’on le peut toujours. » p. 114

« Et Thomas a ajouté : un peu de neige pour écrire la dernière page, un peu de brume pour causer avec l’invisible. Tu sais, depuis quelques nuits, je fais le même rêve : je descends sur le canal, je tourne à gauche sur le Leliegracht, je musarde à la librairie, je reprends le Leliegracht dans l’autre sens, je bois un café chez Spanjer, je continue jusqu’au Prinsengracht, je le traverse, je le longe jusqu’à Noordermarkt, je m’assieds à la terrasse de Winkel, je mange une tarte aux pommes, je bois un autre café, le samedi j’achète des fleurs pour Anna chez Pompon, je continue, je tourne à droite sur le Brouwersgracht, je vais jusqu’au Herengracht, je le descends, je prends à droite dans la Herenstraat, je chine chez l’antiquaire, je passe à la cave à vin au coin du Keizersgracht et je rentre à la maison. Durant l’heure de la balade, j’ai croisé dix amis et le double de connaissances, j’ai entendu trois rumeurs, glané vingt informations, ri autant de fois. Ce rêve, c’était ma balade quotidienne, celle que j’ai faite pendant quinze ans et que désormais je ne peux plus faire seul. Celle où marchant, buvant, mangeant, parlant, riant, j’écrivais mentalement mes romans. » p. 135

« Dis-moi, Jorg pour quelle raison proche ou lointaine échoue-t-on à s’aimer ? Trop d’amour ? Trop de peur ? Trop d’espoir ? » p. 175

À propos de l’autrice

Muriel Barbery © Photo Patrice Normand

Muriel Barbery est née en 1969 à Casablanca, Maroc. Elle est normalienne et agrégée de philosophie. Elle a enseigné la philosophie pendant quinze ans avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Lauréate d’une résidence à la Villa Kujoyama, elle vit deux ans à Kyoto en 2008 et 2009. Après une escale de trois ans à Amsterdam, elle est aujourd’hui installée dans la campagne tourangelle.
Elle est l’autrice de six romans dont Une gourmandise et L’élégance du hérisson (traduit dans plus de quarante pays et vendu à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde). Une rose seule et Une heure de ferveur témoignent de son amour pour le Japon. Thomas Helder est son septième roman. (Source : Éditions Actes Sud)

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