En attendant le déluge de Dolores Redondo,Publié aux éditions Gallimard, série noire,2024, 554 pages. J'attendais le nouvel opus de Dolores Redondo avec impatience et comme d'habitude, je n'ai pas été déçue par ce polar bien ficelé. Elle nous embarque cette fois-ci en Écosse, en 1983. Noah Sherrington est un policier obsédé par un tueur en série surnommé Bible John. Il tue des femmes et passe toujours entre les mailles du filet. La traque du tueur va conduire Noah jusqu'en Espagne, à Bilbao plus exactement...Dolores Redondo a le don de dérouter son lecteur dès le départ. En effet, l'enquête s'inspire d'abord d'une véritable histoire puisque Bible John a existé, ou existe toujours, puisque vraisemblablement la lumière n'a jamais été faite sur l'existence de ce tueur en série et sur son arrestation. Elle part donc de la réalité pour nous emmener sur les traces de ce tueur insaisissable au motif opératoire bien particulier. Elle nous déroute aussi parce que l'intrigue débute en Ecosse et un événement assez incroyable va venir tout chambouler.L'autrice est vraiment parvenue à me surprendre dès les premières cinquante pages et m'a ferrée. C'était foutu, il fallait absolument que je sache comment tout cela allait se terminer. Et cela se termine donc à Bilbao, terre basque bien aimée de Redondo, à l'atmosphère si particulière. Elle place d'ailleurs son intrigue en 1983: exit téléphone portable et internet. On en revient aux bonnes méthodes. La pluie s'invite aussi dans le paysage puisque cette année fut marquée par des inondations et un temps diluvien digne de la fin du monde. Tout cela concourt à donner une ambiance bien étrange à cette enquête. Dolores Redondo en profite aussi pour expliquer la naissance de certains personnages croisés dans d'autres romans ce qui rend la lecture encore plus passionnante. On pourrait lui reprocher une certaine lenteur voire langueur mais n'oublions pas qu'elle fixe son intrigue en 1983. Alors certes, Noah Sherrington attend, planque des heures mais c'était ainsi à l'époque! L'autrice a fourni un très gros travail de documentation et laisse d'ailleurs planer le spectre de l'ETA sur son polar lui donnant un visage plus politique. C'est donc pour moi une excellente lecture. J'ai adoré retrouver la plume de Dolores Redondo et l'atmosphère si particulière qu'elle instille à ses polars! Un bon cru!