Madelaine avant l'aube - Sandrine Collette
JC LattèsParution : 21 août 2024Pages : 320ISBN : 9782709674539Prix : 20.90 €
Présentation de l'éditeur
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.
Sandrine Collette
Sandrine Collette vit dans le Morvan. Elle est notamment l’auteure de Et toujours les Forêts, Grand prix RTL Lire, prix du Livre France Bleu – PAGE des libraires, prix de La Closerie des Lilas ainsi que de On était des loups, prix Renaudot des Lycéens et prix Giono 2022.
Mon avis
C'est dans un petit hameau qu'on appelle Les Montées que Sandrine Collette nous emmène pour ce nouveau roman. Un endroit où l'on trouve trois maisons, celle de la vieille Rose, puis voisines celles des superbes jumelles Ambre la douce et Aelis plus froide. C'est un endroit où l'on travaille la terre et dépend de mère nature. La vie est difficile, les enfants ne survivent pas toujours aux premiers hivers, le travail de la terre est éprouvant, la famine souvent présente et un autre danger guette, le fils du maître Ambroisie, qui se croit tout permis, ne respecte pas le travail des champs et encore moins les femmes qui doivent se cacher pour l'éviter car il prend tout...
La vie est rude, ils serrent les dents contre l'injustice, cela est comme ça depuis la nuit des temps.
Un jour arrive une sauvageonne, Madelaine recueillie par Rose. Elle est affamée, sauvage, courageuse, vivante. Elle deviendra la fille d'Ambre qui ne peut avoir d'enfant. Elle a le regard vif, une étincelle dans les yeux qui fera brûler le monde. Avec les garçons d'Aelis et Eugène, elle parcourt la forêt à la recherche de nourriture et les aide aux champs.
Madelaine est vive et courageuse, spontanée, le feu brûle en elle, elle ne supporte pas l'injustice et la soumission. Qui en paiera le prix ?
Dès le départ la magie a opéré comme à chaque fois, la plume fluide et maîtrisée de Sandrine Collette nous connecte à la forêt, personnage à part entière du roman. On communie avec la nature et cette petite communauté, c'est dur ce qu'ils vivent mais c'est tellement bien écrit que j'avais le sentiment d'être avec eux dans ce petit village. Un texte fort et hypnotique très sombre.
C'est le rapport entre l'homme et les éléments, mais aussi l'amour d'une famille, les liens familiaux, et l'entraide contre l'injustice et la soumission, la peur du maître.
J'ai vraiment été hypnotisée, envoûtée par ce très beau roman différent de ce dont on est habitué mais tout aussi magnifique.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Chaque degré du monde règne ainsi sur le degré du dessous. Entre eux également, les hommes sont impitoyables. Les gros paysans traitent leurs ouvriers comme des chiens, les artisans élèvent leurs apprentis à la trique, les parents commandent aux enfants jusqu'à leur mort. On ne s'oppose pas, les plus forts et les plus anciens ont toujours raison. La vie s'enchaîne sans que l'on se demande si c'était juste ; sans que l'on se pose la question de savoir s'il y avait mieux à faire...
Parfois il vaut mieux conserver un monde injuste dans lequel chacun connaît sa place, plutôt que de tout fiche en l'air et n'être plus sûr de rien. Ce que l'on a aujourd'hui, on l'a, même si c'est minuscule. Les hommes ont toujours quelque chose à perdre, ne serait-ce que la vie.
Encore une fois, le monde fonctionne ainsi, nous nous vengeons sur les plus faibles de notre propre impuissance.
Nous avons protégé des maîtres qui n'en avaient pas besoin pour ne pas risquer pire que ce qu'était déjà notre existence. Nous avons choisi le silence. Nous sommes des lâches, mais nous sommes vivants.
Il sait qu'il est inutile de lutter, le destin il faut s'y soumettre et vite, sans quoi on perd tout, lutter est souvent pire que plier.
C'est cela qui nous marque plus que tout, la surprise que l'on puisse enfreindre les règles sans qu'il arrive quoi que ce soit.
Une fois de plus, la nécessité balaye le chagrin, la faim anéantit la pensée.
Le monde est laid et nous n'y pouvons rien. Et pourtant au milieu de ce désespoir il existe des étincelles qu'aucun malheur n'arrive à briser complètement. Ce sont les rires des enfants, les navets que l'on réussit à sortir de la terre et qui ne sont pas complètement gâtés, la pièce chaude chez Rose quand je rentre et que les tremblements de froid arrêtent de me secouer.
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