Botchan, le « petit maître », paru en 1906, est aussi célèbre au Japon que Cosette pour nous ou Tom Sawyer pour les Américains. Chaque écolier japonais le lit au cours de sa scolarité et il est très largement autobiographique, se rapportant au séjour de l'auteur à Matsuyama dix ans plus tôt.
Tokyo dans les toutes premières années du XXème siècle. Botchan, le narrateur, galopin et orphelin très jeune, n’est réellement aimé que par la servante de la famille, Kiyo. Devenu professeur de mathématiques, il est muté pour son premier poste dans un collège d’une petite ville de province où il va se trouver confronté à des élèves turbulents et des collègues menant des intrigues ridicules toutes en flagorneries et servilité vis-à-vis de la hiérarchie pour les adeptes de la « souplesse dorsale ».
Deux mondes s’affrontent, ceux de la province et ce tokyoïte animé par un sentiment de supériorité (tous ses collègues sont des idiots et il les a tous affublés d’un surnom) et qui ne manque pas de caractère, pas très coopératif ou diplomate, impulsif (« Votre naturel est droit mais vous vous échauffez trop facilement ») et raide sur la morale. A contrario ses collègues le trouvent vaniteux. Conséquence, il ne sait à qui accorder sa confiance, tel qui est sympathique avec lui aujourd’hui, le trahit demain, selon ses dires… Ces conflits permanents ne pourront durer longtemps, Botchan finira par se venger du sous-directeur, démissionner de son emploi et retourner à Tokyo.
Si ce roman est un classique de la littérature nippone, c’est qu’il y mêle le roman d’apprentissage (les travers de ses collègues lui apprennent le monde) et le retour aux basiques (Kiyo, la vieille servante, pleine de bon sens et de raison) tout en distillant des leçons de morale (« Mais si l’honnêteté ne vainc pas dans le monde, quoi d’autre le fera ? », « C’est l’amour ou la haine qui font marcher l’humanité »).
Un très sympathique et souriant roman.