Éditions Le livre de poche, 2022 (761 pages)
Ma note : 15/20Quatrième de couverture ...
1986. Adrien, Etienne et Nina se rencontrent en CM2. Très vite, ils deviennent fusionnels et une promesse les unit : quitter leur province pour vivre à Paris et ne jamais se séparer.
2017. Une voiture est découverte au fond d'un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l'événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires tissés entre ces trois amis d'enfance. Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d'amitié ?
La première phrase
" 4 décembre 2017
Ce matin, Nina m'a regardée sans me voir. Son regard a glissé comme les gouttes de pluie sur mon imperméable, juste avant qu'elle ne disparaisse dans un chenil. "
Mon avis ...
Trois signe ma rencontre avec la plume de Valérie Perrin, une autrice que je souhaitais découvrir depuis un bon moment déjà. Roman d'apprentissage avant tout, nous assistons ici aux tribulations d'un trio. Nina, Etienne et Adrien sont assis ensemble à l'école primaire. S'ensuivent les étapes propres à l'adolescence, les rêves plein la tête, mais aussi les déceptions. Ils pensaient s'installer ensemble à Paris après le bac. L'âge adulte finira par les séparer. De 1986 à 2018, nous suivons leurs premiers émois, leurs premiers chagrins, les gueules de bois, jusqu'aux premiers grands drames qui marquent une vie.
En parallèle, nous suivons les pensées d'une femme : Virginie. Celle-ci connaît bien notre inséparable trio, puisqu'elle semble avoir grandi auprès de lui, tapie dans l'ombre, avec cet espoir secret d'intégrer la bande. Et puis, il y a cette récente découverte d'un cadavre, logé dans une voiture qui a sombré dans un lac il y a bien des années... Plus de vingt ans plus tard, nos anciens amis vont renouer, se retrouver, avec en tête bien des questionnements autour de ce macabre incident.
Valérie Perrin nous embarque ici dans un roman où les intrigues s'emboîtent les unes dans les autres, avec des allers-retours à travers les époques. J'ai beaucoup aimé cet aspect qui rend le tout passionnant. La narration est maîtrisée ; les indices nous sont distillés au compte-gouttes. Je me suis surprise à me faire totalement avoir puisque je ne m'attendais vraiment pas à de telles révélations concernant l'un de nos personnages.
L'autrice nous plonge également dans l'enfance et l'adolescence des années 90. Les références musicales et générationnelles foisonnent. Et, si ce n'est sans doute pas ce détail que j'ai préféré, j'ai trouvé le tout plutôt sympathique. Valérie Perrin réussit en tout cas avec brio à retranscrire cette période si particulière qu'est l'adolescence. Ce moment où l'on souhaite plus que tout grandir, parfois trop vite, tout en conservant ce besoin de se raccrocher à ses repères et ses racines.
Côté personnages, je me suis par contre peu attachée à ceux qui constituent notre trio. J'ai préféré les personnages secondaires à l'instar de Valentin, Louise, ou encore du grand-père de Nina. Malgré leurs défauts respectifs et leurs choix de vie, on sent tout le respect et l'amour que l'autrice porte à ses personnages. Et c'est peut-être ce point-ci que je trouve le plus émouvant.
Autre point, si je m'attendais à une énigme policière, ce n'est pas le cas. L'accident du lac est là, en toile de fond, mais l'identité du coupable arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (j'ai été un brin déçue, je dois l'avouer). C'est donc bien le lien qui unit nos trois héros qui est au centre de ce récit.
En bref, Trois fut une bonne lecture. Ce page-turner est en mesure d'émouvoir et de marquer les esprits. Ses quelques longueurs, mon manque d'attachement à ses figures principales ainsi que mes attentes initiales font que je suis passée à côté du coup de cœur espéré. J'ai tout de même passé un bon moment en compagnie de ce roman ; si j'en ai l'occasion c'est avec plaisir que je me tournerai vers un autre écrit de Valérie Perrin. Son petit dernier ( Tata) me fait d'ailleurs de l'œil.
Extraits ...
" Ils éclatent de rire au même moment. Un rire d'enfants qui n'ont plus tellement envie d'être des enfants. Mais quand même, l'enfance c'était bien.
Pris en étau entre les bonbecs et l'avenir. Entre les bêtises et la voix qui mue. Entre les rayons du vélo qu'on fait chanter avec des bouts de carton et les rêves de longues routes à moto. "
" Et puis il y a l'été. L'été appartient à tous les souvenirs. Il est intemporel. C'est son odeur qui est la plus tenace. Qui s'accroche aux vêtements. Que l'on cherche toute sa vie. Les fruits trop sucrés, le vent de la mer, les beignets, le Caron des grands-mères. L'été appartient à tous les âges. "