Titre : La Dernière allumette
Auteur : Marie Vareille
Édition : Charleston
Genre : Contemporain
Pages : 336
Parution : 5 mars 2024
Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.
De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…
Il était grand temps que je sorte ce livre de ma pal, surtout après avoir entendu l’autrice en parler dans une conférence en mai dernier.
Quand je commence un Marie Vareille, je sais d’avance que le livre va me retourner le cerveau, alors dès le début, je cherche à comprendre ce qui peut bien m’attendre à la fin de l’histoire. La dernière allumette a été comme les autres pour moi, je n’ai rien vu venir, j’ai été complètement retourné par les différents plots twist. En refermant le livre, je n’avais qu’une envie le recommencer avec les éléments de la fin. C’est ça que j’aime chez cette autrice et encore une fois, j’ai été conquise, c’est exactement ce que j’en attendais.
On n’apprend pas aux filles à préserver leur liberté. On nous apprend au contraire que c’est important de faire des efforts si on veut qu’un couple dure et que le succès d’un couple est déterminé par sa longévité. Alors, on les fait, ces efforts, on tolère les fautes de l’autre, aussi graves soient-elles, parce qu’on nous a appris que c’était beau de se sacrifier par amour, pour les enfants, au nom de l’idéal d’une famille unie…
Dans ce livre, il y a plusieurs narrateurs, mais principalement Abigaëlle, l’autrice lui donne la parole dans le présent. Elle raconte la rencontre entre Gabriel, son frère et Zoé. Mais elle lui donne également la parole dans le passé grâce à ses journaux intimes que sa psy de l’époque lui a conseillé de rédiger, ses écrits datent des années 1990. Je crois que c’est ce que j’ai préféré dans l’histoire d’ailleurs. Dans ces passages, ce sont les paroles d’une enfant, une enfant différente avec un «cui» plus élevé que la moyenne. J’ai aimé ces fautes dans les expressions qu’utilisent souvent les enfants. J’ai trouvé cette petite fille très attachante, à cause de sa différence, elle n’est pas appréciée, c’est aussi compliqué chez elle. Une famille dysfonctionnelle où la violence règne. Heureusement, Abigaëlle à son grand frère Gabriel, qui fait tout ce qui peut pour la protéger.
Dans le présent, un mystère plane au-dessus d’Abigaëlle, je n’en dirais pas plus, mais je n’ai clairement rien vu venir, Marie Vareille arrive toujours à me surprendre et ce n’est pas faute d’avoir essayé de comprendre ce qui se tramait.
Nous avons également le point de vue d’un psychiatre. Il reçoit une patiente qui est victime de violence conjugale. Des passages qui m’ont énormément touché, des passages fort qui démontre la violence qu’elle vit au quotidien. C’est le second livre sur les violences conjugales que je lis en peu de temps et celui-ci est vraiment très fort. Tout est très bien abordé, le travail d’une femme pour accepter qu’elle fasse partie de ces victimes de violences conjugales. On voit l’évolution de ses pensées face aux paroles du psy qui tente le tout pour le tout pour la sortir de là. On voit sa prise de conscience, elle se rend compte que ce n’est pas normal, qu’il faut qu’elle agisse. Tout est traité avec une grande réalité et beaucoup de bienveillance. Rien que pour ces passages-là, ce livre est à mettre entre toutes les mains.
Pour se sortir de la prison de la violence, il ne faut pas uniquement de l’argent, il faut de l’aide, il faut la patience et la compassion des autres.
Parce qu’il s’agit de ça, c’est le thème principal du livre, les violences conjugales, les conséquences sur les femmes et leur entourage, principalement les enfants. J’ai trouvé cet angle d’approche très intéressant, on ne parle pas souvent du point de vue des enfants quand on parle de violences conjugales. Surtout qu’ici, l’autrice a choisi d’en parler à travers les mots d’une petite fille qui ne comprend pas toujours tout, mais qui est déjà plongé dans le monde de la violence.
Pour combler toute cette noirceur et toute cette violence, l’autrice a choisi d’intégrer un personnage très solaire, Zoé. C’est elle qui est la lumière de ce livre, elle est toujours positive, toujours bienveillante, toujours contente et souriante. Je trouve que ça remet un certain équilibre dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé l’histoire entre elle et Gabriel d’ailleurs, en plus elle est vue du point de vue d’Abigaëlle, ce qui est très original.
Je vais rester vague et ne pas trop en dire dans cette chronique, comme toujours, le charme de la plume de Marie ce sont ces retournements de situation incroyables, alors comme Abigaëlle, je vais me taire.
Nous avons été ces enfants funambules. Toujours en équilibre, toujours terrifiés à l’idée de la chute.
Encore une fois, j’ai été complètement embarquée dans cette histoire. Connaissant l’autrice, j’ai tenté de comprendre dès le début ce qu’elle nous réservait dans cette nouvelle histoire, sans succès. Et j’en suis finalement ravie, parce que j’ai adoré être complètement surprise et rester la bouche ouverte de stupeur face aux révélations de la fin du livre. Encore une fois, je suis bluffé, je n’ai rien vu venir et c’est ça que j’aime vraiment chez cette autrice. Sa plume est captivante et elle nous envoie exactement où elle le souhaite. Dans ce livre, l’autrice nous parle des violences conjugales avec brio, justesse et bienveillance. Elle nous parle de ces femmes qui ne se rendent pas compte qu’elles font partie des femmes victimes de violences conjugales. De ces enfants qui, dès leur plus jeune âge, vivent dans un climat violent et les conséquences sur eux à l’âge adulte. C’est un livre à lire, encore une fois, un thème dont il faut parler et qui est très important. Il y a beaucoup de suspens dans cette histoire, beaucoup d’émotions, mais aussi de l’amour et de l’espoir. Ce qui rend le livre un peu moins sombre et allège notre cœur après la dernière page. J’ai beaucoup trop tardé à lire ce livre, ne faites pas comme moi, ce livre m’a retourné le cœur et la tête, un véritable manège à sensation forte dont vous ne ressortirez pas indemne…