Publié aux éditions Albin Michel, 2024, 432 pages. Sean est de retour à Belfast après avoir étudié à Liverpool. Il vit avec Ryan dans un appartement insalubre. Les garçons sont barmen dans des boîtes de nuit. Ils boivent, se droguent et vivotent de vols. L'horizon semble sombre et bouché, sans espoir. Pourtant, un jour, Sean revoit une des ses anciennes amies. C'est peut-être l'occasion pour lui de changer de vie...
Retour à Belfast est un roman social qui explore la jeunesse perdue de cette ville à l'atmosphère bien particulière. En toile de fond, il y a le traumatisme de toute une génération qui a subi le joug anglais. La famille de Sean a été impliquée de bien des façons dans cette lutte et cette résistance: son père, sa mère, sa tante gardent les stigmates de cette période politique sombre.
J'ai beaucoup aimé cet aspect social et politique sous-jacent: les femmes qui tombent enceinte très très jeune et qui n'ont que le choix de se marier, de fonder une famille; l'alcool pour oublier la misère; les usines qui ferment les unes après les autres; l'exil de la jeunesse qui part vers d'autres villes en Europe ou en Australie. C'est un tableau très noir que nous peint ici l'auteur. L'espoir réside en Sean qui a arrêté ses études mais qui aime toujours lire et qui cherche à s'en sortir même si sa famille ou ses amis ne l'aident pas vraiment. La prise de conscience se fera très lentement. L'écriture de Michael Magee est brute, sans fioriture. Le lecteur n'a qu'une envie: que Sean s'en sorte malgré son manque de conviction parfois, ses mauvaises fréquentations souvent. Retour à Belfast est le roman d'une jeunesse aux rêves brisés, un portrait sans concession de l'Irlande du Nord.