Arturo Pérez-Reverte, né en 1951, est un écrivain, scénariste espagnol et ancien correspondant de guerre. Diplômé en sciences politiques et en journalisme, il est correspondant de guerre durant une vingtaine d'années (1973-1994), de Chypre au Liban, en passant par les Malouines, d'abord pour le quotidien Pueblo (pendant douze ans), puis pour la télévision espagnole (TVE) pendant neuf ans. Depuis 1986 il se consacre exclusivement à la littérature.
Le Tableau du maître flamand (1990) vient d’être réédité en poche. Ce n’est que le deuxième bouquin de l’écrivain que je lis mais ils ont tous les deux les mêmes caractéristiques, mi-policier, mi-historique et très érudits : genèse des romans d’Alexandre Dumas (Club Dumas) et vieux livres pour l’un, restauration des peintures du Moyen Âge et science du jeu d'échecs ici.
Julia, restauratrice d'art, découvre par hasard une inscription cachée dans un tableau flamand de Pieter Van Huys, peintre du XVème siècle. Dans un coin du tableau, sous la peinture, est inscrit en latin « Qui a tué le chevalier ? » Le tableau met en scène deux hommes jouant aux échecs avec une femme en arrière-plan. Intriguée elle va tenter de découvrir ce que cache ce message, aidée de César, un vieil antiquaire homosexuel qui l’a pour ainsi dire élevée, puis de Munoz, un joueur d’échecs de talent introverti (« Dès que Munoz lève les yeux de l’échiquier, il redevient un homme insignifiant »). L’enquête à but historique va vite tourner à l’intrigue policière quand plusieurs morts mystérieuses créent un lien avec ce tableau, bien que cinq siècles séparent les deux épisodes. Très vite, la partie d’échecs que l’on aperçoit sur le tableau va s’avérer en lien direct avec ces meurtres.
Nos trois détectives, par le biais de petits mots transmis par le tueur, vont jouer une partie d’échecs particulièrement complexe dont l’issue risque d’être dramatique. Et j’avouerai que la description des coups joués, des probabilités que Blancs ou Noirs avancent telle ou telle pièce selon le but recherché, m’a noyé et j’ai sauté plusieurs lignes et pages (sans dommage pour la compréhension de l’histoire). Arturo Perez-Reverte est très doué pour épater ses lecteurs et leur faire croire qu’ils sont intelligents, en les abreuvant de détails extrêmement pointus dans des domaines variés comme ici, la restauration des tableaux ou bien les subtilités du jeu d’échec. Ca c’est le bon point de ses romans.
Néanmoins ce roman m’a (un peu) déçu. Tout ça pour ça ! Pourrait-on dire, une fois lu. En fait son principal point faible, pour moi, c’est sa tonalité générale, pas assez sombre. Trop léger dans sa narration avec des personnages assez faibles ou caricaturaux (L’amie de Julia, Menchu, femme d’un certain âgée portée sur le sexe ; ou bien César l’homosexuel).
Bilan : un bouquin agréable à lire mais sans plus.