En deux mots
Dans une Venise où le temps s’est arrêté, Antonio Vivaldi, accompagné de Lorenzo Da Ponte, se propose d’ajouter une cinquième saison à son œuvre la plus célèbre. Mais les deux hommes doivent lutter contre une nature hostile. Parviendront-ils à mener leur projet à terme ?
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
Venise ne veut pas mourir
Dans ce court roman, Erik Orsenna combine habilement le conte écologique, son amour pour Venise et celui de la musique classique. Parcourant les canaux, de la Sérénissime, il n’hésite pas à voyager aux côtés de Vivaldi et Da Ponte, rassemblés pour nous offrir une Cinquième Saison.
Petite cause, grands effets. Cette fois ce n’est pas le battement d’ailes d’un papillon qui engendre une catastrophe, mais le choc d’un monstre des mers, le Wonder of the Seas, contre la jetée du port de Venise. Un fait divers qui symbolise tout à la fois la course au gigantisme et le peu de respect porté à la Sérénissime.
La secousse va avoir un effet inattendu sur l’horloge ou plutôt sur le temps désormais figé à deux heures. « En cette nuit indéfiniment prolongée, le temps n’avait pas seulement arrêté sa course folle, il se permettait, lui aussi, toutes les libertés. Ayant aboli les frontières, il autorisait tous les passages d’une époque à l’autre. Oubliée, la chronologie ! Abandonnée, cette distinction imbécile et mortifère entre l’avant et l’après ! Si à personne ne venait l’envie d’aller jeter un œil dans le futur, tant les perspectives y étaient peu réjouissantes, les portes du passé s’étaient grandes ouvertes. »
Quelques illustres personnages vont alors profiter de cette opportunité, à commencer par Antonio Vivaldi (1678-1741) venu constater sa renommée, mais aussi le massacre de ses Quatre Saisons dans les supermarchés ou les centres d’appels. D’où l’idée de composer une Cinquième Saison. Et comme il est désormais possible de faire se rencontrer des gens qui n’ont pas vécu à la même époque, il va se précipiter dans les bras de Lorenzo Da Ponte (1749-1838), le librettiste de Mozart. Si le duo a de grandes ambitions, il lui faut toutefois composer avec la terre, l’air, le feu et l’eau, quatre éléments que l’homme a voulu dompter et assouvir. Une folie de “maîtrise” à laquelle il va falloir renoncer en ce début de XXIe siècle, faute de disparaître, emporté par les effets d’un réchauffement incontrôlable.
Car, à l’image des maîtres verriers de Murano, il faut se souvenir que la terre est aussi fragile que le verre. « Si vous vous hâtez trop, vous n’acceptez pas de réduire lentement, tout doucement, par paliers, la température accumulée, votre planète se brisera. »
Dans ce conte écologique, Erik Orsenna prend un malin plaisir à mêler les époques et les genres, à nous guider à Venise et aux alentours de la lagune dans des lieux chargés d’histoire. Au détour d’un monument ou à la porte d’un café, il va croiser le Président de Brosses (1709-1777) qui s’est « gorgé d’Italie » durant deux années ou encore Paul Agnew (1964-) menant Les Arts Florissants de William Christie (1944-).
On imagine et on partage la jubilation d’un certain Erik O. qui peut se permettre le luxe d’appeler encore Erri de Luca à la rescousse !
La Cinquième saison
Erik Orsenna
Éditions Robert Laffont
Roman
160 p., 18,90 €
EAN 9782221276112
Paru le 5/09/2024
Où ?
Le roman est situé à Venise.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
Le nouveau roman d’Erik Orsenna. À Venise, le temps s’est arrêté. Les Éléments sont déchaînés. Et Vivaldi a ressuscité…
Lorsqu’un énième paquebot plein de touristes, le Wonder of the Seas, s’attaque à Venise, la Nature se révolte : elle arrête le Temps. L’horloge de la place Saint-Marc reste bloquée sur deux heures du matin. Le jour reviendra si les hommes reviennent à la raison. Du palais des Doges à la Fenice, l’affolement est général. Qui saura redémarrer la Grande Machine ?
Au cœur de cette nuit qui s’entête apparaît un drôle de personnage – vêtu d’une soutane, les cheveux roux, le timbre de voix décalé. Voilà Antonio Vivaldi, ressuscité par le chaos moderne. Désormais, plus aucune barrière ne sépare les vivants et les morts. Le compositeur va écrire sa Cinquième Saison, celle où se réconcilieront les Éléments, l’Eau et le Feu, la Forêt et la Ville, l’Air et le Temps.
Dans ce bref et grand roman vénitien, le conteur de L’Exposition coloniale (prix Goncourt et prix Goncourt des lycéens), de Madame Bâ et de La grammaire est une chanson douce est de retour.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Les premières pages du livre
« En ce début d’après-midi-là, 14 h 38 GMT, le Wonder of the Seas, ex-plus grand paquebot du monde, 7 084 passagers, 2 300 membres d’équipage, 18 ponts et 362 mètres de long, s’égara de sa route, le strict milieu du canal de la Giudecca. Obliquant soudain vers bâbord, incident technique ou sieste du capitaine, l’immonde immeuble flottant s’en alla heurter violemment le quai des Zattere, jusqu’à s’y encastrer, à presque toucher le parvis de l’église des jésuites, Santa Maria del Rosario.
Exemplaire fut la réaction des autorités.
Remorqueurs dépêchés dans la minute pour désengager le monstre, ouverture immédiate d’antennes de soutien psychologique à la population, promesse de lancer « aussitôt que possible une large discussion entre toutes les parties prenantes pour réglementer dorénavant la circulation maritime dans le respect des opinions et intérêts légitimes de chacun ».
Si bien qu’au journal télévisé du soir, le Doge pouvait, avant de souhaiter à ses administrés la plus paisible des nuits, con sogni d’oro, se féliciter que se conclue aussi bien car sans dommage corporel cet incident regrettable.
Au moment de l’agression, deux vieux marins se trouvaient là, au plus près, sur un banc de pierre, à prendre le soleil. L’un avait transporté du bois toute sa vie, du teck de Birmanie. L’autre des voitures japonaises. La proue géante avait failli les renverser. Seule son ombre les enveloppa.
Dans le chaos général, qui entendit leur conclusion ?
— On va encore accuser les navires, murmura l’un, en crachant par terre.
— Et répéter que c’est la mer qui nous engloutit, enchaîna l’autre.
— Alors que tout le monde le sait, c’est l’argent dont Venise doit tout craindre.
L’ancien transporteur de voitures japonaises baissa la voix :
— Et si c’était le Diable, oui, le Diable, qui s’était déguisé en immeuble flottant ?
— Tu as raison, lui répondit dans un souffle l’ancien transporteur de teck. Tu as raison. Le Diable déguisé en Wonder of the Seas pour attaquer ce chef-d’œuvre de la Création qu’est notre Sérénissime… Dieu nous préserve !
— Notre Seigneur en a-t-Il encore le pouvoir ?
— Incroyant ! Veux-tu bien te taire ?
1. La nuit où s’arrêta le temps
Oh, presque rien, en la nuit qui suivit l’agression, aucunement les premiers fracas d’une guerre, l’explosion d’une bombe, le grondement sourd de murs qui s’effondrent, non, rien, presque rien, comment vous dire ? plutôt le claquement net mais sournois d’un tendon d’Achille qui se rompt. L’Histoire se rappellera le prénom de celui qui donna l’alerte. Un certain Donatello. Avait-il vraiment entendu ce bruit léger, ou rêvé d’une Venise courant trop vite ? L’âge venu, vous savez bien que les vérités s’estompent. Comment savoir si l’on dort ?
Toujours est-il qu’à tâtons sur la table de nuit, entre le verre d’eau tiédie et les pilules de Bisoprolol 2,5 milligrammes (contre l’hypertension), notre Donatello chercha sa montre.
C’était à n’y pas croire ! La petite aiguille restait bloquée sur le deux, la grande sur le douze. Il sauta du lit, courut vers la cuisine où, sur le cadran du gros réveil tant aimé de ses petits-enfants, Donald ne dansait plus sa gigue habituelle.
Le vieux Donatello habitait le quartier du Dorsoduro. C’est dans ses ruelles tortueuses que sa silhouette de fantôme fut d’abord aperçue, chemise de nuit blanche et bonnet bleu clair, courant et hurlant : le Temps ! le Temps ! réveillant bientôt la ville entière, une foule surgie aux fenêtres ou sur les balcons, eh bien quoi, le Temps ? Et lui, l’ancien, continuait sa cavalcade éperdue. Malédiction ! Le Temps ! le Temps ! Le Temps s’est arrêté. Prions ! C’est la Fin !
Le pauvre homme s’évanouit dans la nuit, qui ne le rendit jamais.
On apprit plus tard que ce Donatello avait toute sa vie travaillé comme luthier, à fabriquer des hautbois. Qui d’autre, étranger au royaume de la musique, aurait ajouté à ses beuglements cette consolation dérisoire : les cloches ! Quelles cloches ? Lesquelles voulez-vous ? Celles de notre horloge Saint-Marc ! Eh bien ? Heureusement, elles n’ont pas encore perdu tout à fait la tête, elles sonnent toujours en mi bémol.
Dans certains logis, les femmes en bâillant ordonnèrent à leurs maris ou compagnons de revenir illico se coucher : « Ne t’inquiète pas, c’est encore un fou, échappé de l’hôpital San Servolo. Allez viens, puisque notre nuit est gâchée, autant l’occuper, je voulais justement retrouver mon rêve. »
Mais, pour beaucoup, la curiosité et l’angoisse, ou peut-être les deux mêlées, la curiosité de l’angoisse, l’emportèrent sur la routine du sexe. Ils s’habillèrent en toute hâte, coururent vers la place Saint-Marc et s’agglutinèrent devant la Tour.
Pour ce qui concerne le Temps, un vrai Vénitien ne fait confiance qu’à cette horloge-là. Depuis cinq siècles et demi qu’elle bat notre mesure… Le plus vieux des Maures de bronze, celui qui porte barbe, leva sa masse pour frapper la fameuse cloche mi bémol. La petite foule réunie au pied de la Tour compta un, deux. Certains, emportés par l’élan, allèrent jusqu’à crier trois, puisque trois heures au moins il devait être, tant de durée s’étant accumulée depuis minuit. Mais le vieux Maure s’en tint à deux. On se regarda. Et si le fou avait dit vrai ? Quatre minutes plus tard, le second Maure confirma, en ne frappant lui aussi que deux coups. La stupéfaction fut suivie par des scènes de panique. Avertie, on ne sait comment, Venise se mit à déferler. Si bien que, pour accompagner plus tard le vieux Maure lorsqu’il leva de nouveau sa masse, peut-être cinq mille gorges crièrent UN, DEUX. Et puis plus rien, le silence. Un gouffre de silence, une bouche bée aussi vaste que la place Saint-Marc, et prête à l’avaler.
Le hasard, plutôt la nécessité de l’amour, voulut que je passe juste à ce moment par-là. Sans entrer dans des détails joyeux de mon existence, une comtesse mi-russe, mi-basque avait bien voulu me prier de combler l’absence de son époux. Je revenais de son palais délabré. Pour moi aussi, deux heures durant, le Temps s’était suspendu. Et j’avais du mal à retrouver quelques repères dans cet engrenage banal de minutes et de secondes qu’on appelle la vie. Je me mêlai à la foule, dont j’aurais dû noter les conversations. Rien de tel qu’un babillage vénitien, même affolé, pour renouveler votre conception de la relativité générale. Et je tairai les noms de philosophes reconnus qui, sous couvert d’escapades culturelles, viennent piller les trouvailles entendues sur les marchés du Rialto ou du Campo Margherita.
Les conversations avaient repris, des bribes chuchotées, et terrorisées :
— Cela devait arriver !
— Oh toi, tu prévois toujours tout… après !
— Nous courions trop. Le Temps n’en pouvait plus.
— De quel Temps parles-tu ?
— Le Temps est une famille unie ! Le Temps qui passe, le Temps qu’il fait : quand le premier perd son rythme, le second perd la tête.
— Moi, je vous l’affirme, c’est un compte à rebours !
— À rebours de quoi ? Nous ne sommes pas une fusée !
— Tu as raison : seulement un navire qui sombre.
— En tout cas, appelez l’armée !
— Que veux-tu qu’elle fasse contre un Océan qui enfle ?
— Alors, fermons les portes de la ville.
— Imbécile ! La lagune est déjà protégée. Et nous sommes une île. Une île n’a pas de portes.
Maintenant, on criait presque.
— Et si nous arrivait une nouvelle pandémie ?
— Parce que tu crois que les virus peuvent aussi s’attaquer au Temps ?
— Que fait le Doge ?
— Tu sais bien qu’il vient d’arriver.
— Qui en veut à Venise ?
— Oui, tu as raison, quel est ce nouvel ennemi ? L’Ottoman ne nous menace plus depuis des siècles.
— Alors, les fous de Dieu ?
— La Finance ?
— Allons, allons, arrêtez de vous inquiéter. Cette affaire n’est qu’un brouillard, la maladie bien connue de notre lagune !
— Décidément, mon mari est idiot ! Où a-t-on vu un brouillard ronger les heures ?
— Pleurez tant qu’il vous plaira ! Moi, en tout cas, je retourne me coucher ! Je vous en fiche mon billet, demain il n’y paraîtra plus.
Demain ? La nuit ne bougeait pas, enveloppant toujours de noir la Sérénissime tétanisée. Que veut dire « demain » dans un monde où le Temps s’est figé ?
2. Une maladie pire que la peste ?
En cette année dont je vous parle, l’Italie venait d’éclater, comme beaucoup d’autres pays sur notre planète. Les régions qui la composaient s’étaient battues pour leur indépendance et l’avaient obtenue. Après tout, la nation italienne n’existait que depuis 1866. Les grandes villes en avaient profité pour reprendre leur liberté. Pourquoi continuer à payer pour des territoires pauvres ? Gérons au mieux notre richesse et laissons les campagnes se démerder. Milan, Turin, Naples s’étaient, l’une après l’autre, déclarées « principautés », mais aussi Gênes, Florence, Ravenne, Padoue… et bien sûr notre Venise. Dont les habitants s’étaient empressés, par un vote unanime, d’abandonner le terme de « maire », qui leur rappelait de trop mauvais souvenirs, la soumission à Rome. C’est ainsi que l’appellation « Doge » avait repris du service.
Et qu’un certain Maurizio avait été élu la semaine précédente. Seulement parce qu’il avait la quarantaine, était disponible, licencié en droit et surtout appartenait à la famille Spinola (onze doges déjà au compteur). On le croyait pas très malin, dépourvu d’ambition et fort paresseux, comme beaucoup d’étudiants en droit : ensemble de qualités idéales pour ne gêner en rien les manigances, notamment immobilières, du Grand Conseil. Pauvres électeurs, mauvais stratèges, la suite allait les décevoir. Ils auraient dû savoir que certains caractères ne se révèlent que portés par les circonstances. Et justement, l’une d’elles, et pas des moindres, venait de frapper à la porte.
Maurizio fut sorti sans ménagement de son lit par deux secrétaires affolées.
— Vite, Doge, venez vite, le Temps est devenu fou !
— Ça fait des années qu’il accélère.
— Maintenant, il ne bouge plus.
— Que me dites-vous ?
— Il y a pire ! Ce matin… le soleil ne s’est pas levé.
— Comment ça ?
— Regardez par la fenêtre. Il fait toujours nuit.
Premier acte d’une autorité dont il se croyait dépourvu, Maurizio obtint, malgré l’urgence, d’enfiler son costume.
— Mesdemoiselles, je suis Doge ! Et sachez que les symboles rassurent le peuple !
Il faut dire que la cape rouge en lourd tissu damassé, ses larges manches piquées de passementeries dorées, les neuf boutons capitonnés, sans oublier le bonnet, la corne ducale, en imposent plus que le trois-pièces grisâtre de nos présidents.
— Le suffrage universel manque de spectaculaire. Cette timidité le perdra peut-être.
Ainsi noblement vêtu, le Doge fut entraîné jusqu’à la Tour de Saint-Marc, où les horlogers confirmèrent la très incompréhensible par suite très inquiétante nouvelle (Doge, nous avons tout vérifié, les engrenages fonctionnent, ou pourraient fonctionner, même pas besoin d’huile, seule une force extérieure l’interdit). Faute de pouvoir rassurer la population, du vin chaud et des fougasses lui furent distribués. Maurizio, soudain inspiré, suggéra une grand-messe en l’église du Rédempteur.
— N’est-ce pas lui qui nous a sauvés de la peste en 1577 ? Souvenez-vous, un Vénitien sur trois y avait succombé. Et comme il semble que nous frappe une nouvelle maladie, peut-être tout aussi grave…
Des applaudissements lui répondirent.
— Mais dites-moi, ce Maurizio serait-il moins bête qu’on le dit ?
— Il a raison. Vive le Doge ! Allons prier Dieu !
— C’est à ces moments-là qu’Il sert à quelque chose.
Enivré par ce premier succès, Maurizio convoqua son équipe pour neuf heures.
Des rires lui répondirent.
— Faut-il vous rappeler, Doge, que le Temps s’est arrêté ? Que veut dire le chiffre neuf, accolé au vocable heure, dans un Temps immobile ?
Beau joueur, Maurizio reconnut son erreur.
— Vous avez raison, il va falloir s’habituer. Je voulais dire tout de suite.
Et il montra l’exemple en regagnant le Palais d’un pas ferme. Où l’attendait, le Conseil des Dix.
À ces seuls trois mots, Consiglio dei Dieci, tous les Vénitiens frissonnent. »
Extraits
« — Vous avez dit Da Ponte ?
— C’est bien ce que j’ai cru entendre ! Le Maestro se précipita hors de la salle et courut vers l’homme sans âge qui battait la semelle, de fort méchante humeur, il faut l’avouer.
— Lorenzo Da Ponte, c’est vous, c’est bien vous ? Oh, merci, merci mon Dieu, merci le Temps d’avoir bien voulu chambouler les années pour que nos chemins se croisent ! Moi, 1678-1741. Vous, 1749-1838, si je ne m’abuse.
Vivaldi ouvrit ses bras. » p. 48
« Le Feu reprit.
« Je vais peut-être vous accorder une dernière chance, Si vous faites amende honorable, si vous me donnez des preuves que vous avez vraiment pris la décision d’en finir avec votre folie de “maîtrise”. Je déciderai peut-être de contenir ma température, mais ATTENTION ! Vous devrez aussi vous guérir d’une autre de vos maladies, la passion de la vitesse. Prenez exemple sur le troisième four des maîtres verriers, celui qui refroidit. Une bonne fois pour toutes, rappelez-vous que votre Terre est FRAGILE, aussi fragile que le verre. Si vous vous hâtez trop, vous n’acceptez pas de réduire lentement, tout doucement, par paliers, la température accumulée, votre planète se brisera. Et ses morceaux retrouveront dans l’espace ces milliers de satellites de “communication” lancés par vous. » p. 75
« Quant à moi, l’âge étant venu, je n’ai ni la vigueur de me mêler à ces frénésies. Ne me plaignez pas, d’autres bonheurs me furent offerts. En cette nuit indéfiniment prolongée, le temps n’avait pas seulement arrêté sa course folle, il se permettait, lui aussi, toutes les libertés. Ayant aboli les frontières, il autorisait tous les passages d’une époque à l’autre. Oubliée, la chronologie ! Abandonnée, cette distinction imbécile et mortifère entre l’avant et l’après ! Si à personne ne venait l’envie d’aller jeter un œil dans le futur, tant les perspectives y étaient peu réjouissantes, les portes du passé s’étaient grandes ouvertes. D’où l’arrivée facile dans notre siècle de Vivaldi et Da Ponte. Des êtres que l’on se maudissait de n’avoir jamais eu la chance de rencontrer, faute d’avoir vécu à la même époque, surgissaient devant vous. » p. 101
À propos de l’auteur
Erik Orsenna © Photo Félicien Delorme
Erik Orsenna est l’auteur de L’Exposition coloniale (prix Goncourt 1988), de Longtemps, de Madame Bâ et de Mali, ô Mali. Il a écrit aussi des petits précis de mondialisation, dont Voyage aux pays du coton (2006), et deux biographies, l’une consacrée au jardinier de Louis XIV, André Le Nôtre, Portrait d’un homme heureux (2000), et l’autre à Louis Pasteur, La Vie, la Mort, la Vie (2015). On lui doit également cinq contes célébrant la langue française dont La grammaire est une chanson douce (2001). Entré à l’Académie française en 1998, il occupe, sans légitimité aucune, le siège de Louis Pasteur et d’Émile Littré. (Source : Éditions Stock)
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