James Arthur Baldwin, né en 1924 dans le quartier de Harlem, à New York et mort en 1987 à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes, en France, est un écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de pièces de théâtre et d’essais. Son œuvre la plus connue est son premier roman, semi-autobiographique, intitulé La Conversion (1953), et sa nouvelle Blues pour Sonny (1957) incluse dans le recueil de nouvelles Face à l'homme blanc, paru en 1965. Blues pour Sonny vient d’être réédité en poche.
New York. Le narrateur, dont on ne saura jamais le nom, professeur d’algèbre, apprend en lisant le journal que son frère Sonny a été arrêté pour consommation et trafic de drogue. Un frère qu’il ne voyait plus et dont il n’avait plus de nouvelles. Une série de flashbacks lui remettent en mémoire leur vie difficile à Harlem, chacun d’eux a suivi sa route, lui a opté pour l’éducation et un métier stable tandis que Sonny s’est dirigé vers la musique, la vie de bohème et la drogue. Après que Sonny soit sorti de prison, sa peine purgée, le narrateur décide de renouer avec lui et va tenter de comprendre ce qui le tourmente et comment il a lutté pour endurer sa souffrance, trouvant dans la musique de jazz un exutoire.
Deux frères mais deux vies, deux parcours diamétralement opposées, le narrateur n’ayant jamais compris Sonny qui voulait devenir musicien « Mais ce que tu n’as pas l’air d’arriver à comprendre, c’est que c’est la seule chose que je veuille faire ». Et ce n’est que plusieurs années plus tard, Sonny sorti de prison et son frère s’intéressant à son sort, que le narrateur va comprendre : invité par Sonny à l’écouter jouer dans une boite de jazz, il va enfin réaliser ce qu’est réellement la musique, son pouvoir, cette nécessité vitale et qui est vraiment son frère en l’écoutant jouer « J’écoutais ce qu’il avait souffert et ce qu’il continuerait à souffrir jusqu’à ce qu’il repose en terre ». Un magnifique final, puissant et poignant à la fois.
Superbe.
"Certains échappaient à cette prison. La plupart y demeuraient. Ceux qui s'en échappaient laissaient toujours quelque chose d'eux-mêmes en arrière, comme certains animaux qui se coupent une patte et la laissent dans le piège. Peut-être, après tout, aurait-on pu dire que je m'étais évadé puisque j'étais professeur, ou que Sonny s'était évadé puisqu'il ne vivait plus à Harlem depuis des années ; et pourtant, tandis que le taxi roulait dans les rues qui paraissaient s'emplir rapidement de Noirs et que j'observais à la dérobée le visage de Sonny, il me vint à l'esprit que ce que nous cherchions tous deux à travers les vitres de cette voiture, c'était cette partie de nous-mêmes que nous avions laissée en arrière."
James Baldwin Blues pour Sonny Folio - 78 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-René Major