Il y a des petites séries qui débarquent comme ça, sans tambour ni trompette, mais qui s'avèrent être à classer parmi les toutes meilleures du genre. Bonne surprise donc que Dark Ride, dont le premier tome chez Delcourt nous avait déjà très largement convaincus (la preuve). La suite est disponible en ce début septembre et Joshua Williamson continue d'explorer le mystère qui règne autour du parc d'attraction de Devil Land, spécialisé dans l'horreur, mais surtout sur la famille qui le gère. Et quelle famille ! Le père (Arthur Dante) a certes eu un parcours d'entrepreneur exceptionnel mais il a vendu son âme au diable. Les deux enfants (Samhain et Halloween Dante) sont les héritiers de quelque chose de particulièrement ténébreux. Le premier cité enquête désormais avec Summer, la sœur du jeune homme qui a disparu dans un premier temps dans le parc, alors qu'il venait d'y être embauché comme saisonnier, pour finalement être découvert pendu dans la plus renommée des attractions. En s'enfonçant dans les profondeurs du parc, ils vont faire des découvertes de plus en plus macabres, à commencer par un lieu où atterrissent tous les déchets laissés par les clients et qui semble le domaine privé par d'un dingue qui vaut un culte à la seconde épouse (et mère des deux enfants déjà évoqués) d'Arthur Dante. L'enfance, et même la naissance des deux jumeaux est également explorée, à travers des flashbacks qui nous ramènent à la fin des années 1980, lorsque leurs parents se sont rencontrés; des interludes qui ne font que rajouter du frisson à l'ensemble et étoffent le malaise. Bref, nous sommes encore loin de détenir toutes les clés, mais Williamson mène son récit tomber battant, avec beaucoup de maestria.
Ce qui pourrait être un récit horrifique comme tant d'autres devient au fil des épisodes une sombre histoire familiale, dont les ramifications sont loin d'être terminées, puisqu'il s'agit maintenant de la petite fille de Samhain, qui est elle-même prise dans la spirale maudite qui se dessine. Le personnage d'Arthur, le père qui était jusqu'ici resté dans l'ombre et dont nous ne savions presque plus rien, si ce n'est ces petites séquences extraites du passé qui nous montre le genre d'individu qu'il peut être, devient cette fois un des éléments clés de l'histoire, puisqu'il revient directement sous les feux des projecteurs. Et à sa manière (évidemment), il parvient à infléchir quelque peu l'opinion du lecteur sur ce qui est en train de se jouer. L'ensemble est dessiné par Andrei Bressan, et tout comme nous l'avions déjà signalé au moment de la parution du premier tome, chaque planche est extrêmement réussie. Nous ne sommes pas dans un style ultra réaliste mais dans quelque chose qui cadre parfaitement à ce qu'on attend d'un comic book moderne, capable de synthétiser différents styles et différentes époques, de se révéler extrêmement agréable dans le storytelling, y compris pour les moments les plus statiques. La mise en couleurs de Adriano Lucas est elle aussi indéniablement réussie et participe à la création d'une atmosphère aussi envoûtante qu'angoissante. Alors oui, ce n'est pas forcément le titre dont vous entendrez le plus parler dans les prochaines semaines, car Dark Ride n'a peut-être pas derrière lui une machine médiatique redoutable prête à s'emballer comme pour d'autres parutions de 2024. Mais je vous assure que cette série, parue au départ sur l'étiquette Skybound de Robert Kirkman, est vraiment quelque chose que vous devriez essayer, avec l'assurance de passer un très bon moment de divertissement. Il y aura en tout trois tomes, nous attendons donc le dernier de pied ferme !
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