Punk the f*cking story : le docu bd chez petit a petit

Par Universcomics @Josemaniette

 Qui a dit qu'il était nécessaire d'être un virtuose des instruments pour se lancer dans la musique et fonder un groupe à succès ? La preuve la plus évidente que c'est faux, c'est l'histoire du punk. Un genre qui a révolutionné l'industrie musicale à une époque où elle commençait à ronronner et à répliquer encore et toujours les mêmes recettes. Petit à Petit nous plonge cette fois dans une bouillonnante f*cking story pour ce qui constitue un des meilleurs docu-BD que nous ayons eu entre les mains à ce jour. Tout démarre en 1969 avec la création d'un groupe à contre-courant, le MC5, qui évoluait à Detroit dans le Michigan (par ailleurs, ce sera aussi le berceau de la musique électronique aux États-Unis); le punk n'est encore qu'une vague idée mais les mouvements contestataires, la plupart issus de l'extrême gauche,  ont envie d'en découdre avec les pouvoirs en place et ressentent la nécessité de donner un grand coup de pied dans la fourmilière du conformisme, pour en faire jaillir de nouvelles forces. Qui sont à la base d'un mouvement transgressif, et dont les première idoles portent le nom illustre d'Iggy Pop ou des New York Dolls. Au cours des années 1970, c'est en Grande Bretagne que la rage juvénile va pouvoir prospérer, notamment dans les pub rock qui sont la vitrine parfaite pour des groupes à guitare dont la flamboyance et l'urgence de s'exprimer permettent de compenser allègrement un manque de fondamentaux évident. Tout ceci nous amène à la création des Sex Pistols et à l'influence du styliste britannique Malcolm McLaren, que nous allons croiser à de nombreuses reprises dans cet ouvrage. Les Pistols reste probablement à ce jour le groupe le plus identifiable de la période, notamment pour le côté sulfureux et les scandales qu'ils vont soulever au cours d'une carrière somme toute très brève. Le mouvement punk se veut radical et idéologiquement bien défini; le docu-BD nous le raconte à travers un déroulé des faits chronologique mais aussi thématique très pertinent, établi par Thierry Lamy. Nous assistons à la fois à un véritable défilé des groupes qui ont fait l'histoire du genre, chacun ayant droit à son petit épisode (les Ramones, les Buzzcocks…) tout en se concentrant ensuite sur des aspects très importants du mouvement punk, comme la présence des femmes dans tous ces groupes, ou encore tout ceux que l'on pourrait qualifier "d'héritiers".

Comme cela est très souvent le cas avec la collection des docu-BD chez Petit à petit, les différentes parties de cet album sont illustrées par des artistes qui se donnent le change, mais il y a un point commun entre presque tous : c'est le style de l'ensemble, qui tend vers la bande dessinée de la contre-culture américaine ou la caricature sous adrénaline. L'ensemble est très cohérent mais aussi très bien documenté (les textes sont de Nicolas Finet); en règle générale, le parcours d'un groupe ou un sujet en particulier est évoqué sur 5 pages et puis une double page de rédactionnel sert à faire le résumé, avec des photos d'époque et une contextualisation nécessaire pour mieux saisir les différents aspects du mouvement punk. Et à la fin, une discographie sélective vous propose de vous plonger dans 44 disques indispensables, y compris des albums appartenant à l'héritage du punk, comme par exemple le hard rock de Motorhead. Il est aussi question de reggae, dans une des toutes dernières parties. Tout le paradoxe du punk est mis en lumière dans cette f*cking story : à la fois l'urgence de créer sans en avoir les connaissances techniques, l'envie d'en découdre avec un quotidien morne et une société sclérosée, et dans le même temps, la nécessité de trouver une place dans une industrie musicale qui a toujours eu l'intelligence de savoir assimiler les outsiders, pour finalement faire fructifier leur image. C'est ainsi que le punk et son énergie libératrice et juvénile n'a jamais disparu, mais au contraire, a été transplanté, modifié, digéré, pour donner naissance à d'autres mouvements. On pourra juste regretter le peu d'importance accordé à la scène punk en France, mais il est vrai que les groupes à avoir briller ne sont pas très nombreux par ici. Il faut le reconnaître, parmi tous les docu-BD qu'a proposé Petit à petit ces dernières années, celui-ci est un des mieux construits et des plus éloquents. Vous pouvez vous jeter dessus à la première occasion. 
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