Décor et ambiance générale : Boston en 1974, un arrêté fédéral visant à lutter contre la ségrégation dans les lycées projette d’échanger des élèves de couleur avec des élèves blancs, des bus transportant les enfants des quartiers défavorisés les amèneront dans les lycées à majorité blanche. Une mesure mal accueillie par la population blanche et qui accentue les tensions raciales… L’intrigue proprement dite : Dans le quartier irlandais de South Boston, Jules, la fille de dix-sept ans de Mary Pat Fennessy disparaît mystérieusement après une sortie nocturne avec des amis. La même nuit, un jeune Noir, Auggie Williamson, est retrouvé mort dans une station de métro, ce qui plonge le quartier dans le trouble. Mary Pat, femme qui ne s’en laisse pas compter, ne reculera devant rien ni personne pour retrouver sa fille… Une tâche particulièrement ardue car elle va devoir affronter Marty Butler, le caïd du secteur et ses sbires, bénéficiant de hautes protections tout en gérant ses diverses activités, trafic de drogues, prostitution, jeux illégaux. Mary Pat, la boule dans le jeu de quilles.
Un excellent roman d’une belle envergure :
Les décors avec Boston que nous sillonnons et découvrons au fil de l’intrigue, la ville en elle-même mais aussi et surtout ses différents quartiers synonymes de communautés diverses, ici les Blancs, là les Noirs, ici les pauvres, là les riches et les communautés sous-divisées avec les Irlandais etc. Les quartiers ont leurs règles, globalement maintenir un certain statuquo, un calme relatif, le tempo étant donné par la pègre, moins les flics interviennent dans leur secteur, mieux prospère leur business. Marty Butler achète ce calme par la contrainte quand les « services » qu’il rend aux habitants ne suffisent pas. Une situation qui enlèvera toutes illusions à Mary Pat qui pensait trouver de l’aide ou de la compréhension auprès de ses voisines ou collègues. Et plus elle avance dans son enquête plus elle découvre des aspects de sa fille qui lui étaient inconnus. Un policier, Bobby Coyne, va tenter de faire la lumière sur la mort d’Auggie et l’implication de Jules dans ce décès ; Mary Pat se méfie de la police et ne lui fait pas confiance, dans un premier temps.
Je ne sais pas exactement ce qu’est un chef-d’œuvre, mot que je n’emploie que très rarement, mais ce roman noir n’en est certainement pas loin. Tant par la multitude des sujets abordés, le racisme et la ségrégation dans un contexte historique réel, la violence et la criminalité qui jouent sur la pauvreté des habitants des quartiers, la solidarité des communautés mais aussi ses limites. Un bouquin très bien écrit, dense, captivant, poignant, avec des personnages touchant (Bobby Coyne) et une Mary Pat, mère sublime en héroïne de ce drame épouvantable.
Une lecture incontournable.