En deux mots
Svitlana et Dmytro, danseurs à l’opéra national de Kiev connaissant leur jour de gloire à la veille de l’entrée des chars russes dans le pays. Une guerre qui va bouleverser leur quotidien et les séparer. Dmytro part sur le front, Svitlana aide comme elle peut comme secouriste. Jusqu’au jour où on lui demande de reprendre la danse.
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
Les danseurs dans la guerre
Après « Le gardien de Téhéran » Stéphanie Perez confirme son talent de conteuse et sa faculté à transformer son expérience d’envoyée spéciale en un roman éclairant, cette fois en mettant en scène un couple de danseurs de l’opéra national de Kiev.
C’est le jour de gloire pour Svitlana et Dmytro. Sur la scène de l’opéra de Kiev le couple triomphe dans Le lac des cygnes. Ce qu’ils n’imaginent pas à ce moment, c’est que plus jamais ils ne danseront ensemble.
Au lendemain de leur prestation, Poutine décide d’envahir l’Ukraine et envoie ses colonnes de blindés en direction de la capitale. Dans son esprit, cette opération ne prendra que quelques jours et la population se résignera vite, si elle ne prend pas fait et cause pour sa glorieuse armée.
Le choc des premiers bombardements passés, c’est tout le contraire qui se passe. La résistance s’organise, l’armée russe est stoppée puis refoulée ou stoppée dans sa conquête. Mais chaque citoyen doit aussi décider rapidement comment il doit réagir. Partir ou rester. Et si c’est rester, alors quel rôle endosser ?
Pour Dmytro le choix s’impose, il prêtera main-forte aux troupes ukrainiennes et défendra sa patrie. À l’un des checkpoints érigés en urgence pour contrôler les entrées, il retrouve Vadim, un collègue danseur étoile. Rivaux sur scène, ils vont désormais devoir se serrer les coudes. Car ils ne tardent pas à rejoindre le front d’où parviennent les premiers échos des crimes de guerre commis par les envahisseurs.
Accueillis sous un déluge de feu, ils vont toutefois réussir à survivre. Svitlana a, quant à elle, choisi de rester dans la capitale, d’aider à l’effort de guerre avec ses faibles moyens, tout en se désespérant de n’avoir pas davantage de nouvelles de son homme.
Parti en reconnaissance avec trois soldats, il va voir le premier sauter sur une mine antipersonnel, arme pourtant interdite d’usage par les traités internationaux. En voulant lui porter secours, Vadim saute sur une seconde mine, tandis qu’un troisième est abattu par un sniper. Seul rescapé, Dmytro va réussir à sauver Vadim et le rapatrier dans un hôpital où il sera amputé. Et ne dansera plus jamais. Rongé par la culpabilité, il n’est plus le même homme.
À Kiev, malgré les horreurs, on tente de retrouver un semblant de normalité. Pour tous ceux de la troupe qui sont restés, il est même décidé de reprendre le travail, de résister par la culture. Svitlana retrouve ainsi le chemin des répétitions pour La Bayadère, même si elle a compris que « la tragédie ne se joue plus sur scène mais au coin de leur rue. Contrairement à l’Opéra, quand le rideau se baisse, les défunts ne se relèvent pas. Ils s’empilent dans les morgues et se transforment en chiffres, Et elle s’y habitue. On s’habitue à tout. »
Après avoir Réussie une entrée remarquée en littérature avec Le Gardien de Téhéran, Stéphanie Perez confirme ici tout son talent à nous faire partager son expérience de journaliste de guerre, les témoignages recueillis, les choses vues en les intégrant dans une fiction qui pose toutes les questions essentielles. Svitlana et Dmytro incarnent tout à la fois la force de résistance et les doutes de la population, les vies bouleversées et la volonté de continuer à tracer sa route malgré l’adversité. Leur combat devient alors celui de tout un pays, à la fois un hommage et un appel. Fort et bouleversant.
NB. Tout d’abord, un grand merci pour m’avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
La Ballerine de Kiev
Stéphanie Perez
Éditions Récamier
Roman
256 p., 20,90 €
EAN 9782385770891
Paru le 29/08/2024
Où ?
Le roman est situé principalement en Ukraine, à Kiev, sur le front notamment du côté de Kharkiv.
Quand ?
L’action se déroule de février 2022 à nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
— Tu crois qu’on retournera un jour à l’opéra ? Je ne sais pas si je peux vivre sans danser. Je me demande s’il ne vaut pas mieux mourir tout de suite.
Février 2022, comme toute l’Ukraine, aux premiers jours du conflit, les danseurs du ballet de l’Opéra national de Kiev sont happés par la guerre. Dmytro, danseur étoile, s’engage dans l’armée sans hésiter. Une fois la terreur dépassée, Svitlana, sa femme également étoile, devient secouriste. Eux qui menaient une existence centrée sur leur corps et leur art découvrent la solidarité, la résistance, mais aussi la peur et la mort. Les corps parfaits sont mutilés, les amitiés qui semblaient solides sont brisées par la trahison.
La guerre bouleverse les certitudes et pousse à faire des choix impossibles. Comment remonter sur scène ? Danser a-t-il encore du sens face à la barbarie ? L’art est-il un moyen de résister et de
se reconstruire ? Une seule certitude : Svitlana ne dansera plus jamais comme avant…
Les héroïnes et héros de ce roman sont la somme de toutes les personnes rencontrées par Stéphanie Perez. Après Le Gardien de Téhéran, un nouveau roman bouleversant d’humanité, qui aborde le conflit russo-ukrainien à travers le prisme de l’art, de la danse.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Le Suricate
Blog Les chroniques de Koryfée (Karine Fléjo)
Blog Vagabondage autour de soi
Blog Valmyvoyou lit
Blog de Philippe Poisson
Les premières pages du livre
« Avertissement
La ballerine de « Kiev » ou de « Kyiv » ?
Le sujet est éminemment sensible pour les Ukrainiens, la question linguistique étant au cœur du conflit actuel avec la Russie.
Kiev est le nom russophone de la capitale ukrainienne, et pour un pays qui veut se réapproprier son identité, il est toujours douloureux de l’entendre. Mais Kiev est le nom d’usage en France, celui qu’utilise l’ambassade de France sur place et la diplomatie française dans ses échanges internationaux. De la même manière que l’on dit « Londres » et non « London », et « Pékin » au lieu de « Beijing »
C’est donc le nom que l’autrice et les éditions Récamier ont retenu pour cet ouvrage. Sans qu’il n’y ait aucun doute sur leurs intentions : Kiev est ukrainienne, et c’est une ville, comme le pays qu’elle représente, qui peut être fière de son identité. Ce roman lui rend hommage.
Prologue
Kiev, 23 février 2022
C’est la dernière fois que nous dansons ensemble.
Mais nous ne le savons pas.
D’où vient l’alchimie dans un couple de danseurs, ce ressort mystérieux, cette osmose naturelle qui, sur scène, fait naître des élans célestes et des instants d’éternité ? Je me pose souvent la question, lorsque nos corps, rivés l’un à l’autre, ne font plus qu’un, pour un pas de deux à l’étoffe des songes. Lorsque je cherche son regard et qu’il m’enveloppe de toute sa puissance. Lorsque nous communiquons à travers nos mouvements et la musique dans un dialogue qui nous appartient.
Le ballet coule dans nos veines.
La musique de Tchaïkovski est notre alphabet intime.
Ses yeux ne me lâchent pas, les notes de l’orchestre s’envolent derrière nous, nous sortons de nos corps, repoussons le sol, défions les lois de la pesanteur. Nos âmes se rencontrent en lévitation comme une évidence. Je me sens flotter, le tulle me sert d’ailes, je n’existe plus que pour m’envoler entre ses bras. Ses mains m’auscultent, me sculptent. Son visage est une caresse. Nous sommes au-delà de la danse, de l’interprétation, c’est peut-être ça, la grâce.
Je veux rester ce cygne blanc glissant dans son monde blanc. De la même manière que lui, je frémis, je me déploie, je ne suis plus que pureté, un flocon, une bulle, une plume. Je veux que la musique nous habite, nous transporte, nous délivre du sol. J’ai attendu ces moments toute ma vie, j’oublie les sacrifices, la douleur physique, la technique. Je me sens vivante. Mon être est uniquement tourné vers la danse. Et vers lui, cet homme qui me porte comme aucun autre. Nous nous connaissons par cœur. De mon corps, il fait ce qu’il veut. Nous sommes libres, nous n’avons pas d’autre limite que le ciel à atteindre, cet outre-monde dont nous avons trouvé la clé. Le temps s’étire à l’infini, l’extérieur n’existe plus, il n’y a que lui et moi, et les notes de Tchaïkovski.
Sous le dôme de l’Opéra, le public nous ovationne. La salle vibre, du parterre jusqu’au dernier balcon. La puissance des projecteurs nous aveugle. J’aspire toute cette énergie, je me nourris de ce tumulte fasciné. C’est pour ce tremblement que nous cherchons à nous dépasser, pour atteindre l’universel.
Un rappel. Chaque soir le miracle se produit. Notre couple aimante les regards. L’avenir est à nous, nous traverserons ensemble la vie comme la scène, sur la pointe des pieds. Le velours rouge nous enveloppe, l’Opéra de Kiev est notre écrin. Le public est debout, il réclame sa part de rêve, veut nous rejoindre dans notre perfection. Les femmes, surtout, me jalousent, je le sais. Ce corps que je dompte avec acharnement, elles l’envient. La foule nous enveloppe, nous happe, nous transcende. Oui, c’est sûrement cela, toucher la grâce, atteindre les sommets.
Je fais la révérence, la main sur mon cœur qui bat si vite encore. Dmytro serre mes doigts. Peut-être plus fort que d’habitude, je ne suis pas sûre, je sens la pression de ses os, c’est imperceptible. Cet homme est toute ma vie. La danse est toute ma vie. Ils ne font qu’un. Je veux rester sur scène, en apesanteur. Là-haut, rien ne peut nous arriver, nous sommes indestructibles.
C’est la dernière fois que nous dansons ensemble.
Mais je ne le sais pas encore.
Chapitre 1
Jour 1
24 février
Quand ils sortent de l’Opéra après la représentation, en cette soirée glacée de février, les nouvelles ne sont pas bonnes. Les téléphones frémissent de rumeurs, les bruits de bottes se rapprochent. Pendant qu’ils dansaient, tout s’est accéléré, ce n’est plus qu’une question d’heures à présent. En rentrant dans leur petit appartement des faubourgs de Kiev, Svitlana et Dmytro sont conscients que la chute risque d’être vertigineuse. Le jour se lèvera peut-être sur un monde nouveau. Ils s’allongent, serrés l’un contre l’autre. Impossible de fermer l’œil. Le silence d’avant les grandes catastrophes, de la ville effrayée et de la nuit qui se fait épaisse. Les yeux fixés sur la pendule de leur chambre, ils attendent.
Les premiers obus russes tordent le ciel à l’aube. À 5 h 07, précisément.
D’abord, juste le noir, et le fracas. Le son sourd des impacts, au loin, par-delà les immeubles de leur bloc. Les chiens nerveux qui aboient. Les oiseaux affolés qui se cognent contre les vitres. Ainsi, c’est cela la guerre, ce grondement terrifiant surgi brusquement d’un ailleurs invisible. Ainsi, c’est cela, la vie qui bascule en une fraction de seconde. Leur cœur cogne au rythme des frappes. Puis un court sifflement transperce cette aube d’apocalypse. Cette fois-ci, c’est différent, bien plus proche. Il n’y a plus rien à faire, plus le temps de partir se mettre à l’abri. La vie en suspens, avant la mort. Les murs tremblent, un flash lumineux les aveugle. Le missile russe vient de s’abattre sur l’immeuble d’en face. Les vitres de leur salon volent en éclats, la pluie de verre se répand dans la pièce sous l’effet du blast. Leur chambre, côté cour, est épargnée. La vie ne tient parfois qu’au plan d’un architecte.
Le vent s’engouffre à travers les fenêtres brisées, Svitlana sent les lames de froid la traverser. L’angoisse déforme son visage, ses yeux en amande se vident brutalement de toute leur âme, elle est saisie de spasmes. Dmytro est le premier à reprendre ses esprits. Les lueurs fantomatiques des messages d’alerte et des consignes crépitent sur son téléphone et éclairent son visage crispé. Il secoue le bras de son épouse.
— Ce n’était pas du bluff. Il faut descendre à la cave, vite.
Il la force à se lever, mais elle tient à peine debout, son port de tête altier a disparu. La danseuse entend au loin la macabre symphonie des alarmes de voitures et des hurlements de panique. La sinistre petite musique de la terreur et son cortège de fausses notes l’engloutissent tout entière et éteignent ses dernières défenses. De la fumée s’élève des voitures en feu, l’air devient irrespirable.
Dans le couloir, ils restent accrochés l’un à l’autre. Devant la porte du salon, Svitlana se fige. Les premiers rayons du jour percent à travers les vitres brisées. Un soleil obscène. Dans le trait de lumière, là où elle l’a suspendu la veille, son tutu se balance dans l’air gelé. Déchiré. Déchiqueté. En lambeaux, sa seconde peau de tulle blanc. Des perles sont éparpillées sur le sol. C’est toute sa vie qui se troue soudain comme le tissu mutilé. Son cri déchire son corps et son cœur. Elle s’effondre dos au mur, agrippée à ses genoux, la tête entre les mains.
Dmytro, désemparé, tente de la relever.
— On ne peut pas rester ici. Sveta, suis-moi, il faut que tu tiennes le coup. Je t’en prie, bats-toi, on n’a pas le choix.
Le jeune homme attrape à la hâte « la valise d’urgence » que le gouvernement a conseillé de préparer les semaines précédentes. Dmytro se rappelle leurs éclats de rire quand ils avaient jeté une tenue de sport et quelques barres de céréales dans un sac, sans croire une seconde à la probabilité d’une invasion de leur voisin, aussi puissant et menaçant fût-il. Ils riaient pour ne pas avoir peur. Dans l’Europe du XXIe siècle, un pays ne pouvait pas en envahir un autre. C’était absurde. Pour eux, les mots « agresseurs », « occupants » n’étaient que de sombres échos du passé, de ces guerres que leur racontaient leurs grands-parents avec des sanglots dans la voix.
D’un geste plein de rage, Dmytro éteint les lumières, suivant les recommandations des autorités, et Svitlana le suit mécaniquement ailleurs, dans un entre-deux monde. Elle ne voit pas les dizaines de voisins qui descendent les escaliers, troupeau désordonné et affolé, vers l’abri du vieil immeuble construit sous l’ère soviétique. Elle ne distingue que les taches de leurs blousons d’hiver enfilés à la hâte. Une grossière symphonie de couleurs alors que le noir s’abat sur le pays. Le long du mur à la peinture écaillée, se pressent Lidia la retraitée du huitième, qui n’a pas lâché ses aiguilles à tricoter, le jeune Anton de l’appartement no 14, son casque de musique autour du cou ou encore le petit Ivan du troisième, accroché à son ours au pelage fatigué. Elle ne sait pas combien de temps ils mettent pour descendre les quinze étages, au milieu des pleurs et des cris d’animaux paniqués tout autant que leurs maîtres. La voisine du septième a eu le temps d’attraper son canari qui s’égosille dans sa cage, la babouchka du quatrième serre si fort son bichon maltais qu’elle va l’étouffer. C’est la fin du monde dans cet escalier devenu radeau de désespoir.
Aux côtés de Sergii, leur voisin de palier militaire à la retraite, Dmytro prend les opérations en main. Avec des gestes doux malgré l’urgence, il aide les plus âgés à s’installer sur les chaises en plastique, pose sa main sur le bras d’une grand-mère en proie à une crise de panique, déplie les matelas et les couvertures entreposés quelques jours auparavant quand l’éventualité d’un assaut russe se précisait dans l’incrédulité générale. Son autorité, son sang-froid et son expérience de chef de troupe s’imposent naturellement. Sans trembler, il occupe cette drôle de scène. Lui qui a tout dansé, des Noces de Figaro de Mozart au Roméo et Juliette de Prokoviev, en passant par Carmen de Bizet, endosse un rôle pour lequel il n’a jamais répété. Sergii recense les présents, et évalue les besoins pour les heures à venir. La soixantaine, cheveu grisonnant et visage taillé à la serpe, il sait de quoi l’adversaire est capable, et pour cause. Il l’a combattu à l’Est dès 2014 au début de la guerre dans le Donbass. Son engagement lui a coûté son boulot de contremaître et son mariage. Le sens du devoir, lui en connaît déjà le prix. Sergii a immédiatement compris que la situation n’aurait rien de provisoire.
Le regard vide, Svitlana n’arrive toujours pas à bouger, plongée dans les abîmes de la sidération. Son corps, d’habitude si souple, s’est raidi par traîtrise. Il n’obéit plus. Immobile. Inutile. Un bloc de pierres. Maintes fois pendant sa carrière, il l’a fait souffrir. Elle forme avec lui un couple tumultueux. Amour, haine, cela dépend des jours, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il lui ferait défaut.
Au-dessus, à la surface de la terre devenue hostile, les sirènes ne cessent de hurler leur effroi, le bruit sourd des bombes est insupportable. Ils vont devenir fous. Les ampoules à la lumière vacillantes se balancent au bout des fils électriques, rythmant ces minutes interminables. Dans la pièce, Svitlana parcourt du regard cette assemblée de destins fracassés un matin de février. En face d’elle, la vieille grincheuse du cinquième a soudain perdu sa morgue, le petit du troisième s’est enroulé dans les jupes de sa mère. Il lutte pour empêcher ses larmes de rouler, sa poitrine se soulève en sanglots muets. Elle voit la mare sous ses genoux, tache mouvante sur le sol de pierre. L’odeur âcre de l’urine et de la peur la prend à la gorge. La danseuse se recroqueville. La veste qu’elle a attrapée n’est pas assez chaude. Dans la panique, son chignon s’est défait et ses longs cheveux bruns tremblent eux aussi. Elle a juste envie de s’allonger et de dormir pour s’échapper. Elle a honte, si honte de sa faiblesse. L’étoile qui brillait de tous ses feux s’est éteinte sans gloire. Elle qui se croyait invincible a flanché au premier impact d’obus. Elle ferme les yeux, comme si clore ses paupières allait éloigner le danger, et cherche refuge en elle-même. Il ne lui reste plus que son corps pour s’abriter de l’extérieur. Elle convoque la musique de celui qui peut la comprendre : Tchaïkovski. C’est une longue histoire entre elle et lui. Elle respire profondément, fait place au Lac des cygnes, monte le son intérieurement. Ne plus entendre le ciel qui tambourine, se concentrer sur les accords, laisser la musique agir comme un pansement. Les premières notes exercent leur effet thérapeutique dans son esprit, ses muscles commencent à se relâcher. Elle regarde les baskets à ses pieds, rêve qu’elle s’envole, quelques entrechats pour survoler le malheur, quitter l’obscurité de la cave pour la lumière de la scène, et disparaître telle une particule évanescente.
Dans la ville au souffle coupé, un silence inquiétant semble s’installer. Depuis combien de temps sont-ils tous terrés dans le sous-sol ? Sergii remonte avec précaution au rez-de-chaussée, mais, même s’il n’ose l’avouer, il est bien incapable de tirer des conclusions. Une chose est sûre : il est trop dangereux de retourner dans les appartements. De toute façon, aucun d’entre eux n’ose sortir et affronter la mort. Aucun d’entre eux n’a l’entraînement, ni la force physique ou mentale. Personne ne leur a dit qu’un jour ils pourraient être fauchés au petit matin dans leur tour grise et anonyme, dans leur existence sans surprise et écrite à l’avance. Qui l’aurait cru ? Ils restent cloîtrés toute la journée. Personne ne parle, même le bébé s’est tu, recroquevillé contre le sein de sa mère. Né et déjà presque mort, dans l’obscurité d’une cave humide. Quant à la vieille Irina, elle ne lâche pas ses aiguilles à tricoter. Concentrée sur ses petits points, malgré la cataracte qui voile ses yeux, elle ne veut ni voir ni entendre ce monde qui perd la tête.
Svitlana déplie son corps raide et quitte la pièce principale où ils se sont regroupés. Tête baissée, elle s’engage dans le dédale de couloirs suintant le moisi, en s’accrochant aux canalisations poussiéreuses, et quand enfin elle trouve un endroit isolé, dans un recoin sombre, elle s’autorise à vomir son angoisse. Elle qui aimait être regardée, admirée, n’est plus qu’une ombre parmi les ombres. Elle est bien loin, la ballerine au port de tête parfait, à la carrière parfaite, à la vie parfaite. Bien écornée, l’image contrôlée qu’elle a façonnée et qu’elle aimait contempler dans le miroir avec une satisfaction non dissimulée. Que vont-ils tous devenir ?
Dmytro ne s’est pas rendu compte de son absence. Il va et vient en courbant la tête sous le plafond bas, de son pas souple et félin. L’urgence l’a déjà métamorphosé. La vie ne sera jamais plus la même, mais il n’a pas le temps de s’apitoyer. Dans un coin de la cave, avec une table et deux chaises, ils ont improvisé en quelques minutes avec Sergii un bureau de commandement. Les deux hommes qui s’estimaient sans bien se connaître – quelques mots de politesse échangés sur le palier, un coup de main quand il le fallait – font équipe comme s’ils avaient eu à gérer la crise depuis toujours. Sergii, sa main épaisse posée sur l’épaule du jeune danseur, lui parle à voix basse. Dmytro, les yeux rivés sur son portable qui vibre en continu, hoche la tête.
Svitlana revient discrètement prendre sa place, en face du gamin du troisième, qui s’est finalement endormi de fatigue dans son pantalon trempé d’urine. Cette vision lui déchire le cœur. Elle enroule ses bras autour de ses genoux, et tente à son tour de trouver le sommeil. Soudain, elle sent la présence de Dmytro à ses côtés. C’est la première fois depuis qu’ils sont descendus qu’il revient vers elle. Il note sa pâleur extrême, et l’attire contre lui dans un geste protecteur.
— Je suis désolé, je t’ai un peu abandonnée.
Elle hausse les épaules et lui lance un regard compréhensif. Elle ne veut pas l’encombrer avec ses états d’âme, admirative du courage et de l’abnégation qu’elle découvre chez son époux d’ordinaire calme et réservé. Il n’est plus le même homme, et d’instinct elle aime celui qu’il est en train de devenir. Il poursuit en caressant sa joue :
— Ça va aller, on est ensemble. Je ne te lâcherai pas. J’ai appelé mes parents. Ils partent avec ma sœur et des voisins en Pologne. Ils en ont pour des heures de trajet, mais c’est mieux pour eux. Les tiens restent chez eux ?
Svitlana hoche la tête. Dans l’un de ses seuls moments de lucidité, elle a vérifié que ses parents et son frère étaient à l’abri dans leur maison d’Odessa. Eux aussi se sont réfugiés dans leur sous-sol, mais ils ne veulent pas s’enfuir et abandonner leurs trois chiens et leurs deux chats, compagnons de leur vieillesse qu’ils aiment comme leurs enfants. La danseuse resserre son étreinte. Après ces années partagées sur scène, elle connaît son époux, la moindre vibration de son corps et de sa voix. Il n’est pas juste venu la rassurer, elle le sent. Et Dmytro ne cherche pas à la ménager. Dans un murmure, il lui souffle la décision qui s’impose à lui.
— Je vais m’engager dans la défense territoriale. La mairie a lancé un appel sur Telegram. Je ne peux pas rester ici les bras croisés en attendant que ça passe. Et je ne vais pas fuir comme un lâche.
Le cœur de la ballerine se fige. Dans sa tête, les notes de Tchaïkovski se taisent brutalement. Le présent se dérobe et les mots restent bloqués quelque part, dans une région de son corps qu’elle ignore. Elle écoute son mari, muette, les yeux brillants.
— Si on n’y va pas, si on ne se bat pas, les chars russes seront devant chez nous. Et il n’y aura plus de chez nous. On ne va pas les laisser entrer dans Kiev. Je viens d’en parler avec Sergii. Demain, on s’inscrit au bureau de recrutement. Il connaît le responsable.
À cet instant, dans cette cave qu’elle haïssait déjà, sa vie cesse d’être un spectacle.
Chapitre 2
Petite fille, j’ai toujours cru que la vie se jouait sur scène, avec des pointes et un tutu. Ma grand-mère était danseuse au mythique ballet du Bolchoï à Moscou, ma mère chorégraphe à l’Opéra d’Odessa. J’ai grandi dans les loges ouatées des ballerines, je passais des heures à les regarder se préparer face au miroir qui reflétait leur beauté. Les yeux pailletés, les joues poudrées, les cheveux perlés et ces dizaines de paires de chaussons roses dont les lacets de satin pendaient des étagères, tout en délicatesse… Toi aussi, ma chérie, tu aurais adoré, j’en suis sûre ! La danse classique était mon seul univers, le théâtre un refuge pour l’enfant solitaire et allergique à l’école que j’étais. Une évidence. Pendant les vacances, je ne manquais pas une seule représentation. Ma mère me laissait rester dans les coulisses. Je me faisais toute petite, nichée dans les plis du rideau, et je me nourrissais d’entrechats, de développés, d’arabesques. Je buvais la musique, aspirais les notes, le souffle du public, les ors de la salle. Toute cette beauté m’éblouissait. J’étais insatiable.
Le monde extérieur, cet inconnu, ne m’intéressait guère.
Babouchka m’a offert ma première paire de chaussons à l’âge de six ans. Je ne les ai plus quittés. Le soir, je m’endormais en caressant le cuir rose et souple, et je rêvais que je volais. Ils m’emportaient au-dessus de la scène puis glissaient en silence sur les variations. Le matin au réveil, je les touchais encore avec volupté, jamais rassasiée, j’effleurais le satin, j’observais leurs plis, leur relief, je les connaissais par cœur. Je les ai conservés à la maison, dans leur boîte. Le carton est tout abîmé, mais j’y tiens. Ce sont mes rêves d’enfant qui sont enfermés à l’intérieur. Promis, je te les montrerai un jour.
J’en ai usé, des chaussons, toujours avec la même passion. Malgré les pieds qui saignent, malgré la douleur qu’il faut apprendre à tolérer pour se dépasser. Malgré les doutes. Mon Dieu, que j’ai douté, et si tu savais comme je doute encore. Mais j’ai appris à ne jamais le montrer. Toi aussi tu apprendras. Pour la scène j’étais prête à tous les sacrifices, elle seule comptait. Je voulais devenir prima ballerina, et jouer le double rôle du cygne blanc et du cygne noir dans Le Lac, de Tchaïkovski. La consécration absolue. Rien ni personne ne pourrait m’en empêcher. Combien de fois me suis-je imaginée danser Odette et Odile, comme Babouchka ? Déployer mes ailes, passer de l’innocence à la cruauté… Cette nécessité était ancrée au plus profond de moi.
À dix ans, quand j’ai intégré l’École nationale du ballet d’Ukraine et son emploi du temps millimétré, j’avais cette seule obsession : développer le physique du cygne, avec mes longs bras, mes longues jambes, mon long cou. Je voulais me transformer en oiseau. Mais je ne possédais pas les qualités physiques des autres filles. Trop raide. Trop maladroite dans mes arabesques. Des genoux pas assez ouverts qui rendaient mes lignes de jambes imparfaites. J’étais loin d’être la meilleure, je le voyais bien dans le regard des professeurs. Alors j’étais celle qui travaillait le plus. Une acharnée. J’avais pour moi la coordination, la technique, la musicalité, j’en ai fait ma force. J’étais épuisée, mais je souriais toujours, bon petit soldat. Recommencer les mêmes gestes tous les jours comme si le précédent n’avait pas existé. Tant de sacrifices pour la première place. La peur au ventre à chaque concours pour franchir les échelons, séduire le jury, toucher la grâce.
Mon enfance entre parenthèses, sans aucun regret.
La discipline est devenue mon alliée. Des années de barre, d’échauffements, de grands pliés, de fouettés à l’école de danse, puis des milliers de pirouettes, de diagonales, au sein du corps de ballet. Le matin, quand tu te retrouves face à la barre, il n’y a qu’à toi-même que tu dois des comptes. J’ai caché mes faiblesses, encaissé les critiques, effacé la concurrence. La machine broie les plus faibles.
Je refuse d’être faible.
Mon corps est à la fois mon ami et mon meilleur ennemi. Pourquoi est-ce que je me fais mal ? Je me le demande souvent. C’est épuisant. Je me lève en espérant ne pas me blesser dans la journée. La crainte du faux pas. L’angoisse de se retrouver hors jeu avant l’heure. Mise à la casse. Remplacée sans états d’âme par des pièces neuves dans le moteur de l’Opéra.
« Tu es indestructible, me répétait Mme Kavitska, ma bien-aimée maîtresse de ballet. Le mouvement est ta force, tu puises au fond de toi la perfection. »
Un jour, je te le souhaite, tu comprendras que la douleur n’existe plus quand tu cherches la vérité dans le geste, quand tu dépasses tes propres limites. Sous l’apparence de la facilité, de la fluidité, je dissimule les efforts, les heures d’entraînement et les muscles tirés au cordeau. Je sculpte mon art. C’est Mme Kavitska qui m’a appris à façonner chaque mouvement, à en faire une œuvre, sans cesse purifiée. « Tu ne dois pas être juste une danseuse qui enchaîne les pas, les uns après les autres, aussi parfaite en soit l’exécution. Tu dois devenir une interprète, la danse, c’est de la poésie avec les bras et les jambes. Ne cherche pas à être la meilleure, sois unique ! Fais de ton art une œuvre unique ! »
Parfois, je pense que je n’y arriverai plus. Et d’un coup, dans un état de grâce, mon corps s’envole, et je plane, là-haut. Pourquoi, comment ? C’est le mystère qu’on essaie tous de percer, c’est pour cela qu’on y retourne, qu’on recommence, encore et encore.
Chapitre 3
Jour 2
25 février
Les crises servent de révélateurs. Il y a les courageux et les lâches, les forts et les faibles, ceux qui basculent du bon côté de l’Histoire, et les traîtres. Rien n’est écrit d’avance.
Au centre de recrutement – une école maternelle reconvertie en caserne – Dmytro croise des centaines d’hommes, des jeunes, des vieux, des maigres, des baraqués, qui se pressent, comme lui, mus par un patriotisme né d’une nuit froide de février. La file déborde sur le trottoir. Le danseur troque sans états d’âme ses collants et ses chaussons contre le treillis de l’armée. Après quelques leçons de self-défense et de maniement des armes, il s’apprête à faire une croix sur son passé. L’étoile n’est plus un prince d’opérette, mais un soldat, il ne va plus jouer sur le devant de la scène, sous les applaudissements, mais fondu dans la masse des anonymes au poing levé. Lui, le danseur né l’année de la chute de l’URSS, peu porté sur la chose politique, se découvre patriote, prêt à tout, même à mourir, pour sauver sa jeune nation tournée vers la modernité et la démocratie. En envahissant leur pays, en reniant sa légitimité, celui qui se prend pour le nouveau tsar russe remet en cause leur identité à tous. Et Dmytro s’est réveillé hier comme un citoyen fier de son Ukraine, de sa langue, de sa culture. Quelle ironie de la part d’un gars qui n’a pas hésité à payer des pots-de-vin pour éviter le service militaire et à fuir cette armée qui ne valait pas un clou à l’époque. Tant que l’on n’est pas confronté à la nécessité d’un choix existentiel, on ne sait pas comment on va réagir. Et ils sont des milliers, subitement exaltés par les couleurs de leur drapeau, alors que la loi martiale interdit désormais à tous les hommes en âge de combattre, de dix-huit à soixante ans, de quitter le territoire. Sergii ne le lâche pas d’une semelle. Le retraité taiseux s’est pris d’affection pour ce danseur à la force inouïe derrière son allure de jeune premier.
Moscou veut s’emparer de Kiev et de ses 2,8 millions d’habitants en priorité. Des informations décrivent des hordes de chars prêts à dévorer la capitale, des soldats sanguinaires dressés pour tuer. Selon les plus pessimistes, les premières notes du requiem pour Kiev commencent déjà à résonner. L’Ukraine entame son chant du cygne. Dans les rues désertées, des larmes de glace pendent des arbres décharnés. Les trottoirs sont gelés comme les âmes. Le ciel a aspiré la lumière. La capitale devient forteresse. Les forces de l’ordre vident les armureries et distribuent les fusils d’assaut aux habitants pour mener la guérilla. Les blockposts1 fleurissent un peu partout, là où une semaine auparavant la jeunesse de Kiev promenait son insouciance. Dmytro et Sergii sont affectés au nord-ouest de la capitale, à cinq kilomètres des lignes adverses, à vol d’oiseau. Ils doivent seconder la police professionnelle, à court de bras. En prenant sa position sur la large avenue autrefois très fréquentée, le danseur ne peut réprimer un frisson. Les volontaires ont entassé pneus, filets de camouflage et sacs de sable sur la chaussée. Un peu plus en amont, des rangées de hérissons en acier, destinées à empêcher la progression des blindés russes, ralentissent la circulation. Curieuse sensation d’être plongé dans un manuel d’histoire, à l’époque de l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais l’histoire, il ne l’apprend plus, il la vit en temps réel. C’est vertigineux. Au blockpost, près d’un baril d’essence fumant de braise, il fait la connaissance des autres volontaires avec lesquels il va contrôler les véhicules désireux d’entrer dans Kiev. Marko, maçon, Denys, professeur, Vitalii, commerçant, Anatoliy, garagiste… Des gars que rien ne prédestinait à se retrouver en faction sur un rond-point, avec un brassard jaune, un AK 47 et leur courage en bandoulière. Des gars qui ont tout abandonné du jour au lendemain, comme lui.
Yurii, le policier responsable du barrage, au physique de cosaque, les réunit sous la tente kaki montée sur le bas-côté. Tout en leur servant un café, il déroule les consignes de base, dans un ukrainien parfois hésitant. Il était plutôt habitué à parler russe, mais il vaut mieux s’écorcher la bouche avec des fautes qu’avec la langue de l’ennemi. Et c’est un premier signe de résistance. Sous son bonnet roulé, on distingue son crâne chauve et son cou gras. Il parle avec un débit de mitraillette.
— Il faut vérifier l’identité de chaque conducteur. Le coin est infesté de saboteurs à la solde de Moscou, on sait qu’il y a des agents pro russes infiltrés. On ne fait confiance à personne, bien compris ?
La paranoïa s’est emparée de la ville, difficile de garder son sang-froid. Dmytro sent l’adrénaline tendre ses muscles, presque la même qui le guide les soirs de spectacle. Un instant, la vision de la scène et de Svitlana dans ses bras traverse son esprit, mais il la chasse très vite. Pas le temps de s’appesantir. La file des véhicules s’allonge et il faut rester concentré.
Yurii poursuit, un doigt menaçant levé en l’air :
— Et si vous entendez un accent proche du russe, au moindre doute, vous me le signalez et on appelle la police pour qu’elle vérifie dans ses fichiers. On ne laisse pas passer le moindre de ces orques.
La première matinée se déroule ainsi, rythmée par le nouveau cri de ralliement national « Slava Ukraini, Heroyam Slava ! » Mitrailleuses pointées sur chaque voiture et sur chaque piéton, ils contrôlent tout ce qui bouge. On dirait qu’ils ont fait ça toute leur vie. La guerre, ce voyage accéléré dans l’espace-temps qui abolit tous les repères.
Soudain, le cœur de Dmytro s’arrête lorsqu’il reconnaît la silhouette qui s’approche de leur position.
Vadim, son rival à la compagnie, celui avec qui la compétition est âpre pour les premiers rôles, a lui aussi revêtu l’uniforme et se tient face à lui, le menton levé, le regard obstiné. Quel fichu hasard les fait se retrouver sur cette barricade alors que les deux hommes prennent bien soin de s’éviter à l’Opéra ? Vadim est un danseur hors pair, unanimement reconnu pour la force de son interprétation et la grâce de ses déliés. Mais Dmytro a toujours détesté son arrogance et son individualisme. Ils n’en étaient pas à se jeter de l’acide au visage comme certains de leurs confrères du Bolchoï il y a quelques années – l’affaire avait fait la Une des journaux et alimenté tous les ragots dans le milieu – mais ils n’auraient jamais passé de vacances ensemble.
Dmytro a du mal à réprimer un sursaut de contrariété lorsque l’autre lui tend une main chaudement gantée. Vadim aussi semble embarrassé, mais au vu des circonstances, il a décidé de faire le premier pas.
— Salut, Dima. On dirait que nous allons de nouveau travailler ensemble. La scène a bien changé…
— Oui. Avec cette guerre, on n’est décidément pas au bout de nos surprises.
Les deux hommes ont partagé l’affiche de nombreuses fois, notamment pour leur dernière représentation, Le Lac des cygnes, la veille de l’invasion. Dmytro dans le rôle du prince Siegfried, amoureux du cygne blanc, Vadim dans celui de son ennemi Rothbart, dangereux manipulateur. »
Extrait
« La tragédie ne se joue plus sur scène mais au coin de leur rue. Contrairement à l’Opéra, quand le rideau se baisse, les défunts ne se relèvent pas. Ils s’empilent dans les morgues et se transforment en chiffres, Et elle s’y habitue. On s’habitue à tout. » p. 59
À propos de l’autrice
Stéphanie Perez © Photo France Télévisions
Stéphanie Perez est née en 1973. Grand reporter pour France Télévisions depuis plus de vingt-cinq ans, chargée de l’international, elle s’est rendue plusieurs fois en Iran et a couvert plusieurs conflits, comme la guerre en Irak et en Syrie, ou récemment en Ukraine. Elle a remporté le Prix Bayeux des lycéens en 2018 et le Laurier du grand reporter en 2020 (Prix Patrick Bourrat). Après Le gardien de Téhéran, son premier roman, elle publie La ballerine de Kiev en 2024. (Source : Éditions Récamier)
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