Brice Matthieussent : Petit éloge de l’Amérique

Brice Matthieussent, Charles Bukowski, Thomas Pynchon, John Fante, Paul Bowles, Henry Miller, Jack Kerouac, Jim Harrison, Bret Easton Ellis, Thomas McGuane, Richard Ford, Tocqueville   Brice Matthieussent, né en 1950 à Paris, est un écrivain, traducteur et éditeur français. Il est aussi professeur d'esthétique et auteur de plusieurs essais critiques. Depuis la fin des années 1970, il se consacre à la traduction en français de littérature anglo-saxonne, notamment américaine. Il a ainsi traduit de grands noms de la littérature contemporaine tels que Charles Bukowski, Thomas Pynchon, John Fante, Paul Bowles, Henry Miller, Jack Kerouac, Jim Harrison, Bret Easton Ellis, Thomas McGuane ou Richard Ford. Depuis 2022, il codirige la collection "Amériques" aux éditions du Réalgar, à Saint-Etienne, où ils traduisent et publient essentiellement de la poésie américaine.

Petit éloge de l’Amérique, un texte inédit, vient de paraitre directement en format poche. D’autres ouvrages, plus ou moins dans la même veine, vont certainement suivre à quelques mois à peine de l’échéance électorale américaine.

Brice Matthieussent pose immédiatement les bases de sa réflexion et j’ai cru y lire mes propres pensées : nous sommes tous les deux de la même génération et nous avons été attirés très jeunes à la période charnière entre 60’ et 70’ par ce pays par les mêmes éléments, littérature (Beat Generation), musique (Rock) et sentiment de liberté. Un attrait irrésistible mais pas aveugle pour autant, les Etats-Unis fascinent parce qu’ils mêlent le bien et le mal, certains aspects enthousiasment d’autres révulsent.

Donc dans les grandes lignes j’ai bien aimé ce petit bouquin, je dis grandes lignes car je l’ai trouvé néanmoins un peu décousu dans sa construction et que sur certains points pas obligatoirement d’accord avec l’auteur.

Quelques sujets abordés, dans le désordre : la littérature avec la Beat Generation, Bukowski, son ami Jim Harrison et tant d’autres qui viendront illustrer ses propos. L’écriture genrée, la langue anglaise n’est pas genrée et pour les Américains le langage de la rue fait la règle, contrairement à la France qui a son Académie Française qui décide du bon usage. Bien entendu l’auteur aborde le domaine de la traduction (« les titres des romans américains sont souvent mal traduits en français, pour des raisons commerciales frisant le grotesque ») constatant que « même les meilleures traductions littéraires perdent environ la moitié de l’original ». Et pour en finir avec la littérature, sa définition du roman réussi : « c’est un roman sans idées, sans opinion à défendre, sans thèse à prouver, sans message préexistant à l’écriture. »

Le bouquin ne peut faire autrement que d’évoquer Trump et entre autres que le clivage radical entre les deux camps ennemis trouve son origine dans l’émancipation des femmes dans les années 70, entre féminines de gauche et républicaines ultra-conservatrices.

Je retiens surtout de ce petit livre que le pays cumule de nombreux points très positifs mais aussi qu’il perd les pédales et le Nord sur d’autres, par exemple quand dans certaines universités, « des étudiants de couleur exigent des espaces non mixtes pour ne pas avoir à côtoyer des Blancs ! » soit, réinstaurer ce contre quoi on luttait au début, la ségrégation raciale !

Brice Matthieussent prend à témoin Tocqueville et s’en fait le double moderne, confrontant les écrits du premiers avec ce que lui voit de l’Amérique d’aujourd’hui.