Finaliste du Prix du roman FNAC 2024
En deux mots
Leo, 17 ans, est retrouvée morte à Mercy, petite cité américaine. Lauren Hobler, shérif du lieu, mène l’enquête. Puis c’est au tour de Benjamin, professeur et principal suspect de nous livrer sa version, suivi de celle d’Emmy, la meilleure amie et enfin de Seth Jenkins, le père de la victime.
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
Quatre saisons en enfer
Marie Vingtras nous entraîne à Mercy, dans l’Amérique profonde où l’on vient de découvrir le cadavre de Leo, 17 ans. Tour à tour Lauren Hobler, la shérif, Benjamin Chapman, son professeur, Emmy, son amie la plus proche et Seth Jenkins, son père vont nous livrer leur version. Un roman qui confirme tout le talent de l’autrice de « Blizzard ».
C’est au printemps que débute ce roman, quand les iris sauvages peuvent cacher le corps d’une jeune fille de 17 ans. Une découverte macabre qui va mettre en émoi la petite ville de Mercy, un coin des États-Unis où il ne se passe jamais rien et où la shérif Lauren Hobler n’a guère à se soucier de criminalité. Mais cette fois, elle va devoir montrer qu’elle est digne de son élection. Ce dont doutent nombre d’habitants.
S’appuyant sur le rapport d’expertise qui précise que la cause de la mort est un coup violent porté à la base du crâne et que la jeune fille n’a pas subi de sévices, elle débute une enquête qui s’annonce difficile. Les empreintes partielles ne sont pas exploitables et le seul témoignage recueilli fait état d’une Subaru rouge dans laquelle Leo serait montée. Mais ni les caméras de surveillance, ni les investigations ne vont permettre de localiser le véhicule.
Le maire, qui ne tient pas Lauren en grande estime et entend la remplacer au plus vite, veut des résultats rapides. Avec l’aide de Sean, l’adjoint qu’il entend promouvoir, il va obtenir du juge un mandat de perquisition chez Benjamin Chapman, le professeur de Leo et le principal suspect. Parce que personne n’a oublié qu’il est venu s’installer ici après avoir connu la gloire en publiant un best-seller, mais surtout parce qu’il avait eu maille à partir avec la justice pour des faits de harcèlement.
C’est lui qui va prendre la parole dans la seconde partie, retraçant son parcours et sa version des faits.
Découpant son roman en quatre saisons avec à chaque fois un narrateur différent,
Emmy, l’amie inséparable dans la troisième partie et Seth Jenkins, le père de la victime, dans la quatrième partie, Marie Vingtras déploie avec habileté tout le registre du suspense pour arriver jusqu’au coupable. Mais, comme le suggère le titre, ce polar nous offre bien davantage qu’une enquête, il va chercher au fond des êtres humains leur âmes féroces, leurs secrets enfouis, leur quête existentielle. Alors la paisible bourgade se révèle un creuset bouillonnant dans lequel chacun à un passé tourmenté, un présent pas aussi net qu’il aimerait le faire croire. Des personnages complexes soigneusement décrits et une ambiance de plus de plus en plus lourde.
On retrouve ici l’écriture qui avait fait merveille dans Blizzard, cet art de ferrer le lecteur pour ne plus le lâcher jusqu’à la dernière ligne. Encore une belle réussite de cette rentrée !
NB. Tout d’abord, un grand merci pour m’avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
Les âmes féroces
Marie Vingtras
Éditions de l’Olivier
Roman
270 p., 21,50 €
EAN 9782823621020
Paru le 19/08/2024
Où ?
Le roman est situé principalement aux Etats-Unis, principalement dans la petite cité de Mercy.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
« Ici, la nuit est belle. (…) Leo avance de tache de lumière en tache de lumière et entre les deux, elle disparaît presque entièrement. Elle est alors exactement ce qu’elle paraît être : la fille qui glisse le long des murs, calme, discrète. La fille qui s’efface, la fille qu’on oublie. »
Leo n’est pas rentrée et le printemps s’entête dans sa douceur. Leo ne reviendra pas. La shérif Lauren Hobler découvre son corps au milieu des iris sauvages. Autour de la mort soudaine d’une jeune fille, Les Âmes féroces tisse plusieurs destinées. Pour élucider un mystère, mais lequel ? Celui de Leo, peut-être, et de ses silences. Celui de Lauren, coincée dans une petite ville qui ne la prend pas au sérieux. Il y a aussi Benjamin, Seth et les autres… Les gens de Mercy, qui pensent tous se connaître et en savent si peu sur eux-mêmes.
Envoûtant, surprenant et d’une grande ampleur romanesque, Les Âmes féroces traque la part d’ombre de chacun.
Les critiques
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Collatéral (Marie-Odile André & Johan Faerber)
Nonfiction.fr (Anne Coudreuse)
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Marie Vingtras présente « Les âmes féroces » © Production Librairie Mollat
Les premières pages du livre
« Ici, la nuit est belle. Pas d’enseignes à profusion pour attirer les touristes, pas de néons déréglés qui clignotent, pas de lumières artificielles qui absorbent celle des étoiles. Seuls quelques lampadaires curieusement disposés à intervalles irréguliers ponctuent son chemin. Elle avance de tache de lumière en tache de lumière et, de l’une à l’autre, elle disparaît presque entièrement. Elle est alors exactement ce qu’elle paraît être : la fille qui glisse le long des murs, calme, discrète. La fille qui s’efface, la fille qu’on oublie. Elle est celle qui emballe les courses au supermarché, celle qui rend la monnaie, celle qui garde les enfants. Elle est celle qui écoute toujours en classe même si parfois son esprit s’échappe au-dessus des toits jusqu’à cet océan qu’elle n’a jamais vu. Elle est celle que tous pensent connaître parce qu’ils savent son prénom et le nom de ses parents. Ils ont échangé quelques mots, elle a peut-être même esquissé un sourire en les croisant. Elle était là hier, elle sera là demain, se disent-ils, parce qu’ici rien ne change, c’est ce qui fait tout le charme de cette ville. Pourtant personne ne voit à quel point cette fille frémit. Elle n’est en réalité qu’un long frémissement, un corps qui tressaille, une douleur lancinante dans la poitrine et cette question qu’elle voudrait crier à tous ceux qui l’approchent : savez-vous seulement qui je suis ?
Printemps
Je n’ai rien vu venir. Rien dans l’air n’avait changé, il n’y avait eu aucun signe avant-coureur, aucun indice. Une vie en moins, ça ne fait pas dévier la marche du monde. À cet instant, tout ce que je me demandais c’était à quel endroit je pourrais emmener Janis quelques jours pour lui changer les idées et il ne me venait qu’une envie de pêcher qui n’allait pas lui plaire. À vrai dire, je ne sais jamais vraiment ce qui pourrait la satisfaire. Quand je me risque à lui poser la question, elle me répond tu le sais bien et moi, ce que je sais, c’est que régler ce problème-là n’est pas dans mes cordes alors je lui mens en lui disant qu’on trouvera une solution. Si la lâcheté est un défaut masculin, Dieu s’est bien fourvoyé avec moi. J’étais dehors, profitant du soleil dont mon bureau sans fenêtre me privait, les yeux fermés juste assez pour laisser passer un rai de lumière et j’essayais de respirer profondément : inspiration en gonflant le ventre au maximum, puis expiration le plus lentement possible, en laissant s’échapper un sss monocorde comme le sifflement d’un serpent. La colère était censée s’éloigner et si Janis y croyait, ça m’allait aussi. J’ai laissé le soleil me réchauffer doucement, je me sentais presque bien. Il était 15 heures, nous étions le 26 avril 2017. La date restera gravée dans ma mémoire, à moins qu’elle ne soit chassée par une autre date pire encore. Avec le genre humain, on n’est jamais sûr de rien. J’ai inspiré puis expiré encore deux fois et quand j’ai rouvert les yeux, des gamins passaient à vélo en rigolant. La shérif roupille ! La shérif roupille ! a crié le plus petit. J’ai fait mine de sortir mon arme et il a rigolé de plus belle. C’est comme ça que ça se passe ici. Les gens font semblant d’avoir peur et ils peuvent faire semblant parce qu’il ne se passe jamais rien. À croire que la criminalité s’est arrêtée un jour aux portes de la ville, a pesé le pour et le contre et s’est dit que finalement ça n’en valait pas la peine, qu’il n’y avait pas assez de potentiel sur place pour perdre son temps. C’est une vraie bizarrerie du comté, cette ville sans même un sac arraché dans la rue. Je me suis dit aussi que c’était déjà une belle journée de printemps, juste la bonne température avant les grosses chaleurs de l’été. Une légère brise faisait se balancer doucement l’enseigne du bureau et un crachotis provenait de la radio de mon véhicule. Je me suis installée sur le siège conducteur et j’ai répondu à Donegan. Sa voix était tellement hachée que j’ai essayé de régler la fréquence, mais rien n’y faisait, jusqu’à ce que je comprenne qu’en réalité, il pleurait. Donegan qui pleure, ça arrive plus souvent qu’on ne pourrait l’imaginer venant d’un adjoint du shérif. La plupart du temps, c’est le vendredi soir après le service, quand il a un peu trop bu et qu’il se lamente sur la seule petite copine qu’il ait jamais eue ou sur sa mère repartie en Irlande parce qu’elle avait le mal d’un pays qu’elle avait à peine connu. J’ai rarement vu un homme pleurer autant et surtout le faire aussi naturellement, comme s’il se vidangeait de sa peine, de manière mécanique, parce qu’il sait que ça lui fera du bien comme d’autres avalent des tonnes de nourriture ou s’abrutissent devant la télévision. Certains se remplissent, lui se déleste. Donegan et sa tête minuscule en proportion de son corps massif, presque rectangulaire, les épaules aussi larges que les hanches. Donegan qui pleure sans s’arrêter sur le seul verre de bourbon qu’il s’autorise par semaine en le faisant pivoter, quart de tour par quart de tour, inlassablement jusqu’à ce qu’il me donne le tournis et l’envie irrépressible d’immobiliser ses grosses pognes. Donegan qui pleure devant les clients du bar qui ont fini par s’habituer à le voir en larmes le vendredi soir parce qu’ils savent que c’est son moment de relâche et que de toute façon il ne se passera rien de grave. En fin de soirée, quand son visage est rouge et encore ruisselant de larmes, il sort son mouchoir de batiste tiré de la collection que sa mère lui a laissée avant de partir. Il faut croire qu’elle connaissait bien son garçon. Il s’essuie consciencieusement les yeux puis ses joues roses de bambin et quand il a terminé, il nous regarde et nous dit dans un large sourire ça va mieux maintenant, ce à quoi Sean lui répond tout aussi invariablement je veux bien te croire, mais avec toute l’eau que t’as perdue, je comprends pas que tu sois toujours aussi gros. Ça fait rire Donegan parce qu’il a bon caractère, même si Sean n’est pas exactement le type le plus bienveillant qui soit. Ses remarques ne le mettent jamais en rogne, ce qui est une bonne chose, j’aime autant qu’au moins un de mes adjoints n’ait pas le poing leste ou le doigt sur la détente en permanence. J’ai attendu un moment de silence entre deux sanglots et j’ai dit à Donegan de se calmer, pleurer alors qu’il était en service ne rassurerait personne. Je l’ai entendu renifler puis se moucher et il a fini par me dire, entre deux hoquets, qu’il était sur la rive du fleuve, près du pilier du vieux pont, à la sortie nord de la ville et que c’était affreux. Affreux, voilà un adjectif qui me renseignait si peu que j’ai soupiré. Moi qui rêvais de rentrer tôt, de prendre une bière sur la véranda pendant que Janis me préparerait des tacos, je n’avais plus qu’à aller voir ce qui avait mis Donegan dans cet état. Je n’ai pas utilisé la sirène comme l’aurait fait Sean, inutile d’alerter des gens qui s’ennuient et cherchent des sujets de distraction. J’ai appris à répondre aux questions des habitants de cette ville, à toutes les questions même les plus curieuses. Victor m’a conseillé d’en faire plus qu’aucun autre, de faire doublement mes preuves pour être acceptée ici. Une femme shérif c’est déjà compliqué, mais une femme shérif qui vit avec une autre femme, ça fait beaucoup pour une si petite ville. Avant de se décider à passer la main, il avait fait le tour des bars, des restaurants, des kermesses et des associations sportives, mais aussi des offices religieux même si ça lui plaisait nettement moins. Il avait essayé le « lobbying » pour leur faire passer la pilule en vantant mes mérites. Les gens ont fini par s’y habituer puisque c’était une décision de Victor Zulewski et qu’il avait passé trente-cinq ans de sa vie à veiller sur eux. Si je mets de côté les remarques des routiers de passage qui trouvent que je ressemble quand même beaucoup à un bonhomme, je n’ai pas à me plaindre, ils m’ont à peu près acceptée telle que je suis, à part le maire bien sûr. Parfois un saisonnier qui a trop bu me manque de respect pour voir comment je réagis, mais je ne me démonte pas. Avoir été élevée avec quatre frères, ça forge le caractère. Ce sont presque toujours des types qui vivent à l’extérieur de la ville, dans des mobile homes miteux montés sur des parpaings et qui détestent tout ce qui peut représenter la loi, même si ce n’est pas moi qui les ai relégués tels des chiens sur ces terrains pourris. Je les remets gentiment à leur place, les forts en gueule et ceux qui boivent trop, sans avoir besoin d’élever la voix, les pouces glissés dans les passants de mon pantalon, mon arme bien visible, juste ce qu’il faut de persuasion pour signifier qu’il vaut mieux passer son chemin. Le shérif est peut-être une femme mais elle vous en collera une belle s’il le faut. Après ça, les types me saluent à chaque fois qu’ils me croisent, jusqu’à ce qu’ils partent pour une autre ville, un autre boulot ingrat, un autre mobile home et un autre shérif aussi peu enclin que moi à se laisser marcher sur les pieds. Je me suis garée à l’entrée du pont, près de la voiture de Donegan, portière grande ouverte. C’était lui tout craché, j’étais sûre qu’il avait même laissé le moteur tourner. Je suis descendue vers la berge en me tenant aux branches des arbustes pour ne pas glisser sur la pente rocailleuse. Donegan s’est tourné vers moi et j’ai compris à son regard que quelque chose clochait. Il s’est avancé, il a essayé de parler mais sa lèvre inférieure tremblait tellement qu’il n’arrivait pas à articuler. Il a fait un geste comme s’il voulait la stabiliser, il s’est essuyé le nez du revers de la main et puis il a fini par désigner la berge un peu plus haut et par bégayer c’est pas joli shérif, sans rien ajouter comme s’il n’avait aucun autre mot en réserve. Je lui ai dit de remonter s’occuper de sa voiture et je me suis approchée du fleuve. Devant moi il y avait bien quelque chose qui détonnait au milieu des iris sauvages, une tache sombre qui paraissait fendre les herbes en deux. C’était un corps à moitié dans l’eau. Ses jambes nues flottaient, fines et blanches, légèrement déplacées par le courant, on les aurait crues vivantes, prêtes à donner le signal du départ. Le haut du corps était, par contraste, si inanimé que cela aurait pu être un assemblage de deux personnes, buste de cire et jambes de coton se balançant dans l’eau. Elle avait la tête inclinée sur le côté, sa chevelure mouillée couvrant son visage, et je n’avais pas besoin de la tourner vers moi pour savoir qui elle était. Ses cheveux étaient noirs avec des reflets bleutés, une couleur si intense qu’on ne pouvait pas l’oublier, comme un blond presque blanc ou un roux flamboyant. Je me suis accroupie et avec la pointe de mon stylo j’ai dégagé les cheveux de son visage. Je n’étais pas préparée à voir ce visage d’adolescente, paupières closes, lèvres aussi pâles que la peau. Une traînée de sang séché partait de l’arrière de son oreille et longeait sa mâchoire, soulignant l’ovale parfait de son visage. J’ai crié à Donegan d’appeler du renfort mais il ne bougeait pas, il regardait dans le vide. C’était son premier mort et, autant que je m’en souvienne, c’était le premier meurtre de cette ville depuis un paquet d’années. Cette bonne ville de Mercy, trois mille neuf cent soixante-quatorze âmes hier, trois mille neuf cent soixante-treize aujourd’hui. Une ville calme, endormie presque, avec ses deux clubs de bingo, son association de vétérans et sa shérif qui préfère les femmes.
J’ai essayé de respirer comme Janis me l’avait appris pour tenter de calmer mon cœur qui s’emballait mais je savais que les exercices de respiration avaient atteint leur limite. Je suis repartie vers Donegan en marchant dans mes propres pas pour ne pas polluer davantage les lieux. La berge était boueuse et les iris autour de moi déjà piétinés. Je n’étais même pas sûre qu’on puisse trouver des empreintes dans ce bazar. Donegan était immobile à côté de sa voiture, les bras croisés serrés contre son torse comme s’il tentait de se réchauffer. La radio émettait à l’intérieur et, d’où j’étais, j’entendais Sean râler parce que Donegan ne répondait pas et que, nom de Dieu, personne ne répondait dans ce foutu bled alors qu’il avait besoin des clés de la cellule pour coffrer un saisonnier qui avait injurié Mme Davis à l’épicerie. J’étais prête à parier que le type n’avait pas vraiment dépassé les bornes et que Sean avait voulu faire du zèle pour se faire bien voir au cas où, un jour, quelqu’un se déciderait enfin à faire élire un vrai shérif à ma place. J’ai baissé le volume de la radio et j’ai posé ma main sur l’épaule de Donegan pour qu’il revienne un peu sur terre. Il fallait qu’il appelle le légiste et qu’il trouve quelque chose pour couvrir la gamine. Il a levé la tête vers moi, sa lèvre inférieure avait cessé de trembler. C’est la petite Jenkins, c’est ça ? J’ai acquiescé et je lui ai dit que le moins que l’on pouvait faire pour cette pauvre gosse était de lui assurer un peu de dignité avant que toute la ville débarque. Il a frissonné comme s’il réintégrait son propre corps et il est allé me chercher une couverture de survie dans son coffre. J’ai souri en voyant un géant dans son genre m’obéir, mais je le soupçonnais de ne jamais s’être demandé si ça le gênait ou non. Victor l’avait formé en fermant les yeux sur ce qui aurait cloché pour un autre shérif. En plus des larmes, Donegan était émotif au point que sa voix déraillait lorsqu’il parlait, surtout s’il s’adressait à une femme, et il semblait préférable de ne pas lui laisser une arme entre les mains si on voulait éviter qu’il se blesse. Victor avait vu tout le reste en lui et il avait pensé que sa gentillesse et sa bonté d’âme seraient bienvenues, qu’on gagnait toujours à avoir quelqu’un capable d’éprouver de l’empathie dans les pires moments et de compenser la rudesse de certains de ses collègues. Si on le comparait à Sean, la réflexion était pleine de bon sens. Pendant que Donegan contactait le bureau du légiste et le poste, je suis redescendue et j’ai noté sur mon calepin le peu d’informations dont je disposais. Le fleuve rétrécissait à cet endroit, butant sur les piliers du pont, bouillonnant de rage de trouver des obstacles sur sa route. La rive opposée était à peine débroussaillée, c’était déjà la campagne. Il n’y avait aucune habitation proche, peu de trafic sur le pont, les habitants préféraient celui au sud de la ville, plus récent, plus sûr que cette vieille structure rouillée qui grinçait les jours de vent et dont la chaussée se transformait en patinoire les jours de pluie. Ce pont ne semblait mener à rien, à aucune destination qui mérite le déplacement. Petit à petit, les voitures sont arrivées, celle de Sean astiquée comme un sou neuf, celle de Sommers, le légiste du comté, si gros que je me suis demandé s’il allait réussir à sortir sa carcasse de son véhicule, et celle de son assistante, une jolie blonde dont les cheveux n’étaient pas du même blond que celui de Janis, c’était un blond cendré qui renvoyait moins la lumière. J’ai observé Sommers descendre la pente avec tant d’agilité que je me suis demandé si la perspective d’un cadavre ne lui donnait pas des ailes. Je lui ai fait un rapide topo et en s’agenouillant au sol, il s’est penché sur la tête de la petite, comme s’il s’apprêtait à recueillir une confidence d’adolescente, un secret qu’elle ne pouvait lui avouer qu’en tête à tête, dans l’intimité bucolique d’une bordure de fleuve. Et bien que ce confident ne m’ait pas semblé le candidat idéal, j’ai espéré de tout cœur qu’il parvienne à percevoir ce qu’aucun être humain ne pouvait plus entendre. Je suis remontée vers ma voiture, j’ai jeté un dernier coup d’œil à la scène, au pont d’un autre âge qui avait projeté son ombre sur elle. Les premiers badauds arrivaient et les garçons s’efforçaient de les maintenir à distance mais dans une ville de cette taille les informations vont toujours plus vite que la musique. Il fallait que je prévienne son père avant qu’un voyeur quelconque s’en charge, avide d’assister en direct à ce moment où tout bascule, ce moment où plus rien ne sera jamais comme avant, les choses privées de goût, le ciel sans éclat et votre vie subitement dépourvue de sens.
Ce n’était pas la première fois que je devais annoncer la mort d’une personne à ses proches, mais la première fois que je devais annoncer à un père la mort de sa fille. Quand j’ai débuté dans le métier, Victor insistait pour que je l’accompagne chaque fois qu’il y avait un décès afin que je m’y habitue. C’était, disait-il, le moment le plus pénible de ce travail parce que nous n’avions eu aucune utilité. L’incapacité à empêcher la mort et le rôle passif qui consistait à hocher la tête en exprimant sa compassion étaient désagréables, aussi gênants qu’un costume trop serré. Le plus souvent il s’agissait d’accidents de la route, de virages mal négociés, de chutes fatales, de suicides aussi avec une curieuse prédilection pour la pendaison, ce qui me paraissait être un moyen compliqué d’en finir. En fille de fermier le recours à une arme à feu pour se faire exploser la cervelle me paraissait plus simple. Après tout, nous sommes la nation des armes à feu. J’en avais moi-même déjà trois à quinze ans et si je devais en finir, je les utiliserais à coup sûr, plus facilement qu’une corde accrochée à une poutre. Une fois que Victor a quitté son poste je me suis chargée de cette tâche plutôt que de la laisser à Donegan, trop émotif, ou à Sean qui voyait des coupables partout. Janis me répète toujours de faire preuve de tact, à se demander si mon gabarit lui paraît incompatible avec toute idée de délicatesse mais je suppose qu’elle formule cette recommandation par superstition, pour se rassurer et se rappeler que je ne suis pas son mari, que je ne serai jamais comme lui. Ou bien elle le fait en se rappelant le policier qui avait recueilli sa déposition avec toute la patience du monde, penché sur elle à l’hôpital, prenant en note les quelques mots que la douleur lui permettait de murmurer.
La nuit était tombée quand je suis arrivée devant la maison de Seth. Quelqu’un s’était donné du mal pour lui donner un air champêtre mais elle tranchait avec les bungalows de la rue recouverts de crépi crème ou rose. Certains bardeaux de la façade manquaient, d’autres avaient été maintenus tant bien que mal avec du fil de fer quand quelques clous auraient pu faire l’affaire. La maison était isolée au bout de la rue, acculée contre le bois, entourée sur ses côtés par de larges bandes de terrain qui avaient dû être un jardin et dont il ne restait plus que les alignements de pierres blanches qui bordaient des parterres vides de plantes. La maison était silencieuse, tout le quartier retenait son souffle. J’ai inspiré, puis expiré le plus lentement possible et j’ai frappé à la porte en me préparant mentalement à ce qui m’attendait parce qu’on ne pouvait jamais savoir à coup sûr comment un être humain réagit à la perte. Seth m’a ouvert, il était vêtu d’une grosse chemise élimée au col, trop chaude pour le printemps, d’un pantalon délavé qui avait connu des jours meilleurs et il avait encore aux pieds ses gros brodequins de travail. Il a fixé mon insigne, s’est essuyé les mains sur ses poches arrière et il m’a juste dit Lauren, Leo n’est toujours pas rentrée. C’est pour ça que je suis là, ai-je répondu. Il a plissé les yeux comme si les lumières des réverbères étaient trop fortes. Son front était barré d’une ride horizontale, profonde et aussi nette que les deux traits verticaux qui hachaient ses joues. Il semblait naturellement soucieux, si loin de l’adolescent joyeux qui venait chercher Lloyd à la ferme au volant d’une voiture qu’il avait retapée pour repartir avec lui sur les chapeaux de roues, en faisant jaillir le gravier de l’allée, mais ça, c’était bien avant qu’il récupère le garage de son père, bien avant que la banque le lui reprenne. Sa femme était partie peu après en le laissant seul avec la petite et il était devenu homme à tout faire. Je lui ai demandé si je pouvais entrer et j’ai enlevé mon chapeau en espérant qu’il comprendrait ce que ce geste signifiait. Il a reculé et d’un geste il m’a désigné le salon et un vieux canapé défraîchi dont il avait remplacé un pied manquant par un annuaire écorné. Il y avait peu de meubles à part un gros buffet ouvragé d’un genre que je n’avais jamais vu, avec des pieds tournés et des personnages sculptés, des hommes avec des chapeaux à large bord et des femmes en jupons qui dansaient sur les montants du meuble. Il était fendu à plusieurs endroits, comme si on avait tenté de le débiter à la hache pour en faire du petit bois. Seth a surpris mon regard. J’aime pas beaucoup ce meuble, il me rappelle de mauvais souvenirs mais Leo y tient, alors disons qu’il est un peu en sursis. Il a haussé les épaules et m’a désigné le canapé avant de s’asseoir dans un vieux fauteuil qui a craqué sous son poids. Nous étions installés face à face et j’aurais donné n’importe quoi pour que Victor soit là, pour qu’il me signifie d’un regard, d’un hochement de tête, quand parler et quand s’arrêter, mais Victor est perdu dans son monde, un monde peuplé de souvenirs fuyants et de trous noirs. C’est à peine s’il me reconnaît quand je passe le voir, même s’il finit toujours par me dire avant que je parte, vous savez, j’ai été shérif, madame, un sacré shérif même, et je me contente de lui sourire. Je sais bien, monsieur. Un sacré shérif, il l’avait bien été. J’ai lissé machinalement le ruban de mon chapeau tandis que Seth regardait mes doigts nerveux sans briser le silence comme s’il savait que ce n’était pas son rôle. J’ai toussoté pour m’éclaircir la voix et puis je me suis lancée, en m’efforçant de parler le plus clairement possible parce que s’il y a bien une chose que j’ai apprise c’est que la famille n’entend toujours qu’une infime partie de l’annonce, le reste est inaudible et s’évanouit dans l’air, comme si aucune parole n’avait jamais été prononcée. Je lui ai dit le peu que je savais en réalité, qu’un membre de la famille devait venir identifier le corps et qu’à ma connaissance il n’y avait plus que lui. Je ne savais pas s’il avait bien saisi parce qu’il n’avait pas changé d’attitude, son visage n’exprimait rien. Il a méthodiquement passé plusieurs fois l’index sur le bout de l’accoudoir du fauteuil, là où le bois formait une volute. J’imagine qu’il venait du même endroit que le buffet. Sans lever les yeux, il m’a demandé comment je pouvais être aussi sûre qu’il s’agissait de Leo. C’est une petite ville et des jeunes filles avec une chevelure pareille, ça ne court pas les rues. Son corps a paru se relâcher d’un coup. Il a balayé la pièce du regard, moi comprise, et m’a finalement dit bon, allons-y. Pas de larmes, pas de cris, pas d’invectives, juste un homme épuisé qui n’imagine même plus se rebeller.
Seth a refusé que je l’emmène dans ma voiture et je l’ai laissé prendre son pick-up, même si ce n’était pas très raisonnable de le laisser conduire vu les circonstances. J’en ai profité pour appeler Janis et la prévenir que je rentrerais tard. Elle était déjà au courant de tout et ça m’a mis un sale goût dans la bouche de savoir que les mauvaises nouvelles circulent toujours plus vite que les bonnes. Je l’entendais se demander comment quelqu’un pouvait être assez dingue pour faire du mal à une adolescente. Elle cherchait encore à comprendre ce qui pouvait conduire un être humain à tant de sauvagerie alors qu’elle était mieux placée que quiconque pour savoir à quel point les hommes échappent à toute logique. Je n’ai jamais osé lui avouer qu’enfant, une partie de moi était obsédée par la mort au point que je me demandais si j’étais bien normale. C’était apparu très tôt, cette fascination. Quand mon père devait tuer une bête, je restais à côté de lui pour le voir manier le couteau, repérer comment une incision nette et précise dans le cou faisait cesser les cris presque aussi vite qu’ils avaient commencé. Au début, il était un peu embarrassé que ce soit moi qui me glisse à ses côtés et pas un de mes frères, mais il avait l’esprit pratique, il fallait que quelqu’un l’aide et il devait penser que le fait d’être élevée au milieu de garçons allait m’endurcir. Ça ne tenait pas trop la route si on considérait que Liam tournait de l’œil à la vue du sang et que ce trouillard de Lewis se tenait à distance des bêtes de peur de prendre un coup de sabot. Je suis sûre que si notre mère avait été en vie elle ne m’aurait jamais laissée assister à l’abattage, mais puisqu’elle n’était plus là et que mon père ne savait pas trop ce qu’une fille peut faire ou ne pas faire, il me laissait l’aider, et j’aimais d’autant plus ça que ça faisait enrager Lloyd en sa qualité d’aîné. À la ferme, il n’y avait personne pour s’étonner qu’une gamine de six ans tienne le seau pour récupérer le sang du cochon qu’on venait d’égorger ou qu’elle plonge les mains dans une bête tout juste morte pour en sortir des entrailles fumantes. Mon père disait que ça n’était jamais que le cycle de la vie et que même l’arbre abattu laissait quelque chose de lui-même qui pousserait à sa place, quelque chose de neuf mais c’était sûrement pour me consoler parce que ma mère était morte à ma naissance. Il disait que c’était un mal pour un bien, parce qu’au chagrin de l’avoir perdue s’était mêlée la joie de m’avoir. Et comme s’il fallait remercier le Seigneur de nous avoir pris notre mère, il nous traînait à l’office tous les dimanches et ça, ça me plaisait nettement moins que le travail à la ferme. Il fallait que je me lave, que je démêle la broussaille sur ma tête qui, même coupée court, ne ressemblait pas vraiment à des cheveux, que j’essaie de me déguiser en fille pour lui faire plaisir et c’était aussi incongru qu’enfiler un costume de clown. Je n’aimais pas le regard des autres. Les femmes qui plaignaient mon père, veuf avec cinq enfants, les hommes qui enviaient les bras pour l’aider et surtout le regard des enfants sur moi. Ce regard sur une fille qui avait l’air d’un garçon. Pas de taille, un cou trapu, des bras et des jambes solides, pas un corps féminin tel qu’ils l’imaginaient. Et tout ce qui allait avec était trop contraignant. Ne pas monter dans les arbres avec ma robe, ne pas écarter les jambes, ne pas injurier les garçons, ne pas les rosser quand ils me cherchaient des noises. Je ne me sentais à ma place que parmi mes frères, avec les animaux, courant la campagne dès que je posais un pied à terre le matin et m’effondrant de fatigue à la tombée du jour, des boules de bardane plein mes vêtements. J’ai été heureuse jusqu’aux premières règles. Il n’y avait plus personne pour m’expliquer ce qui m’arrivait et ce sang qui venait d’une partie de mon corps que je n’avais jamais explorée me terrifiait bien plus que celui des animaux que mon père égorgeait. Même Lloyd, quand il a compris ce qui se passait, est resté grave, il a arrêté de me houspiller, il a stoppé la tape humiliante derrière le crâne dont il me gratifiait chaque fois qu’il me croisait et a évité tout contact physique. Je n’étais plus le cinquième fils de la famille Hobler mais la représentante d’une espèce absente de la maison, une espèce qui visiblement effrayait les hommes.
J’ai garé ma voiture devant le service médico-légal de Hearst. Seth était déjà là, tassé sur le volant de son pick-up comme si ses mains étaient collées dessus et qu’il ne pouvait plus les détacher. Je me doutais bien qu’il n’avait aucune envie de descendre. Tant qu’il ne verrait pas son corps, elle serait toujours vivante quelque part, en train d’écouter de la musique avec une amie, de fumer une cigarette en douce ou de siroter un soda en regardant les garçons passer, sans avoir remarqué qu’il était tard, qu’il allait s’inquiéter pour elle. Elle pouvait être partout sur Terre mais pas étendue sur un plateau en métal aussi froid que son corps. Il a tourné la tête vers moi, a murmuré quelque chose que je n’ai pas entendu et il a fini par sortir de sa voiture. Je l’ai accompagné le long d’un couloir aux néons grésillants jusqu’à la salle où Sommers avait préparé le corps pour l’identification. Ça empestait le désinfectant et une autre odeur sur laquelle je n’ai pas envie de m’attarder. Il se tenait debout devant un corps recouvert d’un drap, prêt à dévoiler au cours d’un talk-show les ingrédients mystères d’une recette de cuisine. Sommers s’est présenté, il a salué Jenkins et lui a demandé s’il était prêt. Il a soulevé lentement le haut du drap, comme s’il risquait de la réveiller, découvrant un visage crayeux, paupières lourdes et mèches brunes ondulantes telles des vagues. Seth a regardé son visage, il a froncé les sourcils et fait non de la tête. Sommers lui a demandé si c’était bien sa fille mais le père commençait à pleurer. Il a mis la main devant sa bouche pour étouffer un gémissement, des spasmes lui secouaient les épaules. Je l’ai pris doucement par le bras et je l’ai ramené vers la sortie, dans la nuit odorante, les trilles des oiseaux et le halo doré des lampadaires. À l’intérieur le silence, dehors la vie. Il a sorti sa blague à tabac, son papier et a essayé de se rouler une cigarette mais ses doigts ne lui obéissaient plus. Les brins de tabac ont fini par s’envoler dans la brise, la feuille a glissé vers le sol. Je lui ai tendu le paquet que j’ai toujours dans une poche de mon uniforme même si je ne suis pas fumeuse par respect pour Janis. Il a pris une cigarette, a mis ses mains en coupe autour de la flamme de l’allumette que je lui tendais et il m’a regardée sans rien dire, le bas de son visage éclairé, le haut dans l’ombre et sans doute une part de son âme disparue. »
Extraits
« Le rapport d’expertise de Sommers était sec et sans affect. La cause de la mort était un coup violent à la base du crâne, le corps ne portait aucune blessure, elle n’avait subi aucuns sévices, elle était toujours vierge et il n’avait pas pu s’empêcher d’ajouter à la main, ce qui pour une jeune Américaine de son Âge est assez surprenant. Leo était morte une douzaine d’heures avant que Donegan ne la découvre et on n’avait retrouvé sur la berge que des empreintes partielles difficilement exploitables à cause de la vase qui s’était en partie reformée sur elles et d’autres empreintes sur le talus qui remontait vers la route. Dans la panique, Donegan ne s’était pas soucié de savoir où il mettait les pieds. J’avais compris à l’état de son uniforme qu’il avait grimpé la pente à quatre pattes pour rejoindre sa voiture, glissant sur la rocaille, se rattrapant à des branches d’arbustes qui lui avaient griffé les mains. » p. 41
« Avec son casier, il était un suspect plus valable que n’importe qui d’autre, peu importait qu’il n’ait jamais été soupçonné de meurtre auparavant. Sean avait débarqué avec un collègue du comté, ils avaient tout retourné, les tiroirs, les coussins, les matelas, puis les livres, jusqu’à ce qu’il trouve dans l’un d’eux des photos de Leo dénudée et un morceau de lettre manuscrite. Pourquoi m’as-tu fait ça ? Tu sais que j’aurais pu tout faire avec toi. Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Benjamin n’avait rien répondu quand Sean lui avait demandé de s’expliquer et il l’avait embarqué. Après à peine deux heures d’interrogatoire il avait obtenu des aveux et le juge avait prononcé la mise en détention. Il y avait de quoi être fier, vraiment. Une procédure rondement menée me suis-je dit, si rondement qu’elle en était suspecte. » p. 76
« Leo avait choisi une voie en espérant qu’elle la protège des hommes et moi j’ai choisi l’attaque. Je serais tout ce qu’ils n’attendent pas. Ce foutu prof me paraissait être le seul à pouvoir comprendre ça mais ce n’est pas moi qu’il a choisie. Je ne voulais que lui et en fait il n’avait d’yeux que pour elle. » p. 184
À propos de l’autrice
Marie Vingtras © Photo Patrice Normand
Marie Vingtras est le pseudonyme d’une avocate née à Rennes en 1972. Son premier roman, Blizzard, a été sélectionné pour de nombreux prix (prix Envoyé par la poste, prix Première plume, prix des Deux magots), il a remporté le prix Talents Cultura, le prix des Libraires, le prix Libr’à nous, et a rencontré un vif succès en librairie. Les âmes féroces est son deuxième roman, paru en 2024. (Source : Agence Trames)
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