Résumé :Je travaille pour gagner mes boutons... mais je les échange aussi. Ma soumission est récompensée par des boutons, et ce bocal vide se remplit rapidement de tous ceux que j’ai gagnés. Nous négocions des montants différents pour différentes tâches, et ce bocal se remplit encore plus vite. Si je reste sur la bonne voie, ma liberté sera gagnée en un rien de temps. Mais je me surprends à vouloir plus de lui. Au lieu de réaliser ses fantasmes, je veux qu’il réalise les miens. Je veux qu’il m’emmène dîner. Je veux que nous dormions ensemble après le plaisir. Déjeuner à Florence et après-midis à la plage. Il refuse... jusqu’à ce que je lui propose mes boutons en échange. J’abandonne mes boutons parce que je veux plus de lui, et il satisfait mes demandes parce qu’il veut garder ce bocal vide. Va-et-vient incessant, les boutons deviennent la monnaie de notre relation compliquée. Je commence à fantasmer sur une relation sans boutons du tout... et je me demande si c’est aussi son fantasme.
Mon avis :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que ce livre s’adresse à un lectorat averti en mesure de mettre une distance entre ce qui est présenté et la réalité. Ici, il n’est pas question d’une quelconque apologie de la violence ou des relations toxiques. Cette fiction décrit des relations évidemment problématiques, où la violence est omniprésente, la notion de consentement est inexistante. Cela dit, il ne s’agit pas de la juger ou de la comprendre (autant stopper les vagues avec ses mains), il s’agit d’apprécier (ou non) la façon dont l’auteur imagine cette histoire et la raconte avec ses tenants et ses aboutissants. Ses enjeux et ses dommages directs et collatéraux.
TW = Sexe (non consensuel) ; BDSM ; violence physique ; enlèvement et séquestration.
Dans mon marathon pour venir à bout des suites qui dorment dans ma PAL, j’ai commencé par celui-ci parce qu’il était court (oui, j’avoue, argument de petite joueuse) !
Court, mais intense !
L’autrice parvient à nous offrir une suite dont l’intrigue tient la route malgré une forte dose de scènes explicites. Ici, tome 2 oblige, elle accorde une place importante à l’introspection et aux sentiments des personnages. Cependant, l’histoire ne repose pas uniquement là-dessus : la vengeance reste un élément central, et l’ennemi à abattre est le fil conducteur. Cette fois-ci, l’héroïne fait partie de la machination pour le faire tomber.
Cela dit, l’autrice part dans une direction avec laquelle il est difficile d’adhérer. Au-delà des jeux érotiques aux pratiques déviantes (dans mon carcan hétéronormé et évidemment, chacun.e fait ce qu’iel veut -dans la limite du consentement de l’autre-), l’autrice inclut une scène explicite d’agression d’une violence redoutable, subie par l’héroïne de la part d’un proche du héros. Cette scène, bien qu’elle serve l’intrigue, semble à la fois superflue et problématique.
Problématique :
- D’abord par son existence même ;
- Ensuite parce que le personnage responsable n’éprouve de remords que lorsqu’il découvre que l’héroïne compte sentimentalement pour le héros. Sans cela, il considère que son acte (qui laisse l’héroïne entre la vie et la mort et l’immobilise une semaine à l’hôpital) était justifié ;
- Enfin, parce que l’héroïne banalise ce qu’elle a vécu… alors qu’elle sort littéralement (oui!) de l’enfer ! Compte tenu de son passé, sa réaction semble invraisemblable ; l’autrice aurait dû consacrer plus de temps à explorer le processus de guérison et de digestion de ce traumatisme. Tout cela est mis de côté trop rapidement au vu de la gravité des événements.
Au plaisir.
Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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