Audrée Wilhelmy – Peau-de-sang **

Audrée Wilhelmy Peau-de-sang

Le Tripode - 2024 - 233 pages

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" je tiens dans mes mains les gens de Kang oq comme autant de figurines, des poupées d'os et de plumes, des gigognes au ventre de soie, leur visage tracé à la craie, leur crâne couvert de cheveux arrachés aux têtes qui les ont précédées "

Peau-de-sang est un roman on ne peut plus singulier et curieux. Déjà, dès les premiers mots, la narration heurte, rugueuse. Cette voix narrative ample qui semble résonner en échos, se démultiplier. Cette voix, c'est celle de la femme qu'on appelle Peau-de-sang, cette femme différente, solitaire, repliée dans son antre, que les hommes désirent derrière les vitres quand la nuit tombe. Cette femme qui déplume les oies, fend leur chair, les dépiaute. Cette femme qui apaise le corps des hommes et initie de toutes jeunes filles aux élans de leurs corps, leur faisant découvrir leur propre corps. Les saisons passent. J'ai trouvé la langue de l'autrice à la fois brute et poétique, poisseuse et douceureuse. C'est une langue qui dérange puis qui charme, elle possède un rythme qui peut hypnotiser comme rebuter - pas de point, pas de majuscule, la narration volontairement dérange et interroge, réarrange le réel. Je dois avouer que j'ai terminé ce texte sans avoir vraiment compris où l'autrice nous emmenait, complètement perdue par cette narration alambiquée.

" le désir est une histoire de corps et d'accord "