Le capitaine flam reprend du service chez kana

Par Universcomics @Josemaniette

 Après le succès tonitruant de Goldorak il y a 3 ans, voici venir les aventures du Capitaine Flam chez Kana. Pour cet album qui fait partie des parutions qui animent la rentrée, le scénariste Sylvain Runberg a décidé de s'appuyer sur ce que l'on pourrait qualifier de premier arc narratif du célébrissime dessin animé de la Toei Animation. Il prend le soin de résumer les origines du protagoniste en quelque pages, à savoir le meurtre de ses parents et sa formation scientifique, indispensables pour comprendre la suite, et il enchaîne sur une de ces missions en apparence si complexe que personne n'est à la hauteur de la tâche, sauf à convoquer le franc tireur le plus célèbre de toute la galaxie, celui qui peut résoudre les problèmes les plus épineux, Curtis Newton… mieux connu en tant que Capitaine Flam. Le gouvernement intersidéral décide de l'envoyer sur la planète Denef où une terrible épidémie est en train de décimer la population. D'un instant à l'autre, tous les humains qui la peuplent sont susceptibles de devenir des espèces de créatures simiesques, dont la rage n'a d'égale que l'absence d'esprit et de conscience. Une transformation horrible en monstres déchaînés qui ne semble avoir ni explication rationnelle, ni être destinée à connaître une fin rapide. Il faut dire que sur la planète Denef, la situation a rapidement dégénéré. Ce qui est censé être à la base un monde servant à la réinsertion d'anciens occupants des différentes colonies pénitentiaires de l'univers est finalement devenu une sorte de territoire sauvage, où les humains imposent une ségrégation brutale à ceux qu'ils appellent les Primos, les descendants de la civilisation originelle de Megara. Mais ces derniers ont retrouvé un peu de leur honneur et une volonté farouche de combattre, avec l'apparition de l'Empereur Eternel. Celui-ci se présente comme la réincarnation d'un dieu antique de Megara et personne ne connaît sa véritable identité, puisqu'il porte un casque qui lui permet de faire durer le suspense, jusqu'à la toute fin de notre album. Le Capitaine Flam, épaulé par ses fidèles alliés (Mala, Crag, le Pofesseur Simon) embarque à bord de son astronef avec une recrue de choix : la belle est redoutable Johann Landore, agent spécial chargée de veiller sur le bon déroulement de cette affaire et qui n'a pas une opinion extraordinaire de lui, au moment de décoller. Nous autres qui avons déjà vécu tout ceci (plus ou moins) à la télévision ne pouvons nous empêcher de lire les bulles en entendant raisonner dans un coin de notre tête les voix du doublage de la version française. Car oui, c'est extrêmement efficace, rondement mené et on est ramené irrésistiblement aux belles heures de notre jeunesse. Même si la bande dessinée que nous sommes en train de lire recycle clairement certaines thématiques et affine les personnalités des héros, en fonction de préoccupations plus modernes.

Là où Alexis Tallone était attendu au tournant, c'était dans l'interprétation graphique de l'univers du Capitaine Flam et de ses différents personnages. Nous sommes ici dans un style qui emprunte énormément au manga contemporain, ce qui en soi reste assez logique, compte tenu de l'origine de l'animé de la Toei Animation. Les personnages sont tous très bien caractérisés et certains sont même sérieusement rajeunis, au risque de dépayser les puristes. Mala est beaucoup plus crédible en tant que combattant redoutable et créature artificielle, tandis que Johann est présentée dans une version beaucoup moins douce et naïve que l'originale. Elle permet le contraste et la discussion permanente avec le Capitaine Flam; les éventuels enjeux de séduction sont eux globalement évacués au profit d'une dynamique aussi complémentaire que potentiellement conflictuelle. Pour le reste, le dessin ne trahit aucunement ce que nous connaissions déjà et l'adapte intelligemment au goût d'un lectorat moderne, qui n'a pas forcément en tête le modèle de départ, même si il y a fort à parier que le public cible de cet album reste, évidemment, les quadras ou plus. Ce Capitaine Flam là est un peu plus agressif que celui des origines; les scènes de combat et d'action un peu plus tranchantes, et bien entendu, toute la trame de cette histoire essaie de coller un peu plus à des questions sociales sociétales et éthiques qui nous sont propres aujourd'hui. Ce qui pouvait être un simple clin d'œil aux grandes heures d'un divertissement appartenant à notre passé est en réalité un album de qualité, soigné, qui atteint son but avec maestria, et qui nous donne dès l'instant où nous tournons la dernière page, furieusement l'envie de voir débarquer une suite. Nous ignorons à l'heure actuelle si Runberg et Tallone donneront un prolongement à tout ceci, si d'autres arcs narratifs du Capitaine Flam seront adaptés chez Kana, mais clairement, nous serions prêt à signer sur l'instant pour que cela advienne. En attendant, voici de quoi unir en 160 pages deux ou trois générations différentes, avec un travail qui a, il faut l'admettre, une base de départ excellente, c'est-à-dire les œuvres de science-fiction de Edmond Hamilton, qui depuis les années 1940 n'ont jamais cessé de constituer une référence en la matière (et qui ne demandent qu'à être redécouvertes). 
Attention : notre numéro d'octobre, à sortir le 7 octobre, proposera un dossier spécial Capitaine Flam.

La version collector du Capitaine Flam de Kana
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