Finaliste du Prix Alain Spiess 2024
En deux mots
Noé retourne chez son père après la mort de son frère Jérémie. Ce dernier, militant écologiste, a été victime de son engagement, laissant les siens désemparés. L’heure est désormais au souvenir et au règlement de comptes.
Ma note
★★★ (bien aimé)
Ma chronique
« Deux enfants sauvages découverts à Lassaut »
Noé et Jérémie, frères jumeaux, doivent apprendre à se débrouiller seuls après la disparition de leur mère et face à un père démissionnaire et violent. Ils vont trouver refuge en forêt et se (re)construire une vie. Alexandre Lenot réussit un touchant roman d’apprentissage.
Quand s’ouvre cet étrange roman, Noé a pris la route chemin vers La Demeure où vit son père. Il revient d’une audience au tribunal où son père n’a pas daigné se rendre et où il a bénéficié d’un non-lieu dans une affaire dont on ne découvrira que plus tard la teneur.
Ce n’est pas de gaîté de cœur qu’il revient dans la maison où il a grandi. Car avec son frère jumeau Jérémie, il y a subi une violence quasi quotidienne. Après la disparition de leur mère, les garçons ont été livrés à eux-mêmes dans un combat permanent pour la survie. Ils ont appris à s’aider de la nature, à se construire une cabane, lieu de repos et de refuge dans une forêt devenue leur royaume. « Dès que tu avais le dos tourné nous y retournions, chaque jour notre savoir grandissait et chaque soir tu nous infligeais de nouvelles marques, et je ne l’avais sans doute pas encore compris, toi non plus d’ailleurs, mais chaque coup porté amoindrissait ta puissance, chaque démonstration de ta force et de ton emprise nous engageait plus avant sur le chemin de notre libération, et ta rage se décuplait alors, te consumant tous les jours un peu plus. »
Et puis un jour la rencontre inéluctable avec la civilisation a eu lieu. Le père n’a pas pu cacher l’existence de ses deux sauvageons. Ils ont même eu l’honneur de la presse locale après leur découverte, ce qui l’a notamment contraint à les scolariser. Mais on imagine bien que cette brusque plongée dans un univers aux règles inconnues des deux garçons ne s’est pas faite sans heurts, sans bagarres, sans incompréhension. De bêtes curieuses, ils ont fini par intégrer le système, à se lier d’amitié et même à passer dans la classe supérieure.
C’est précisément au moment où le récit laisse entrevoir la lumière au bout du tunnel que survient le drame qui va causer la mort de Jérémie et traumatiser Noé. Qui va se retrouver avec toute sa rage et sa solitude. Car il n’est pas question de chercher une quelconque consolation auprès d’un père qui avait choisi de reporter ce qui lui restait d’affection sur le défunt : « il y a entre nous des chemins trop escarpés et des ascensions trop rudes, des plaines trop vastes pour que nos douleurs se rejoignent un jour, tout un continent qui se tient en entier dans la question qui ne doit plus gouverner ma vie et que je ne parviens pas à te poser : que fallait-il que je fasse pour que tu m’aimes, moi aussi ? »
Après Écorces vives (2018), le second roman d’Alexandre Lenot touche au cœur. L’écriture poétique, qui s’accompagne d’une construction originale avec des phrases tronquées par des retours à la ligne qui transforment le récit en en modifiant le rythme, donne sa profondeur et son mystère à ce drame.
Autour des liens familiaux, de la fraternité des jumeaux à l’éducation sévère du père, viennent se greffer les questions écologiques, le combat pour la préservation de la nature. Sur le chemin de l’émancipation, on voit alors s’entremêler la nature et la nature humaine.
Cette vieille chanson qui brûle
Alexandre Lenot
Éditions Denoël
Roman
240 p., 20 €
EAN 9782207182222
Paru le 21/08/2024
Où ?
Le roman est situé en périphérie d’une ville qui n’est pas précisément située.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
« Sur cette route, je reviens vers toi, mon Père, toi qui es l’autre nom de ma colère, parce que là-bas, au creux de la forêt, dans ta large Demeure, à l’annonce du non-lieu, dit-on, tu es tombé, et il n’y a plus que moi sur cette terre pour t’aider à te relever. »
Les jumeaux Jérémie et Noé ont grandi sans mère dans une maison isolée. La forêt était leur royaume, la rivière leur amie, les arbres leur refuge. Jusqu’à ce qu’on leur impose une vie scolaire et sociale à laquelle ils ne se sont jamais habitués.
Maintenant que son frère est mort en défendant ce territoire, Noé va retrouver un père courbé sous l’amertume et la solitude. Tandis qu’il marche vers les lieux du passé, il ravive les souvenirs, laisse parler son chagrin et surtout sa colère.
Sur les liens du sang et l’arrachement au vert purgatoire de l’enfance, ce somptueux roman d’apprentissage et d’émancipation rappelle qu’on se construit aussi sur des manques.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Paris dépêches (Pascal Hébert)
Blog Evadez-moi
Alexandre Lenot présente « Cette vieille chanson qui brûle » © Production Librairie Mollat
Les premières pages du livre
« Je reviens vers toi, mon Père.
Sur cette route qui n’a pas changé, ses crevasses pas moins nombreuses qu’alors, ses bordures infestées par la vipérine aux fleurs bleues, ses mauvaises herbes toujours invaincues, inlassables, creusant des millions de fissures, s’acharnant à saper le sol artificialisé qui devait durer mille ans mais ne résistera pas éternellement au travail de tout ce qui pousse sous la terre,
sur cette vieille route que la poussière balaie toujours, en tourbillons ou en rafales, giflant tout ce qui ose s’aventurer sur son chemin, quelques panneaux publicitaires à louer dont personne ne veut, les petites bêtes que la faim fait sortir même quand le vent se lève, et plus rarement le casque d’un motard égaré,
sur cette vieille route pas si ancienne, juste délaissée, qui relie un carrefour à un autre, un presque-rien à un à-peine-plus, où je marche escorté par les fantômes de l’enfance qui me hurlent à l’envi, pleins d’une joie mauvaise, qu’ils étaient sûrs de me voir revenir un jour, et ils ricanent, ils font plus de bruit que les petites bêtes que la faim fait sortir des sous-bois et des champs en jachère,
sur cette vieille route qui ne sert plus qu’à en délester de plus larges et plus pratiques, qui ne dessert ni destination touristique ni point de vue remarquable, seulement le vieux théâtre d’une enfance ensauvagée que tout le monde a oubliée, cette route que j’essaie de gravir la tête haute, tête haute et dos droit comme un jeune danseur ayant bien retenu sa leçon, le regard porté juste au-delà de tous les signes disgracieux que ce paysage m’envoie au visage,
sur cette vieille route qui n’en finira jamais, j’ai l’air d’un cloporte, d’un expulsé, d’un vagabond, d’un type pas même motorisé et donc vaincu,
sur cette route oubliée qui ne résiste pas au travail de sape de tout ce qui pousse sous la terre, il aurait fallu que je vienne en paix, ayant appris à baisser les yeux,
et, à dire vrai, moi aussi j’aurais aimé pouvoir le faire, maintenant que la justice est passée, s’est prononcée, que les faits seront à jamais tordus dans la position qu’elle a jugée seule convenable, j’aurais aimé pouvoir prendre cette colère qui est en moi, celle qu’on a entreposée là, celle qu’on m’a léguée et celle qu’on m’a inoculée aussi, toutes ces colères qui se sont mélangées en moi jusqu’à n’être plus distinguables les unes des autres, jusqu’à former une pâte boueuse qui m’encombre les bronches et me scelle les yeux, m’emplit les oreilles, me rend sourd à la beauté et m’empêche de dormir, m’abat dans tous mes élans et trouble tous mes repos,
j’aurais aimé pouvoir la prendre et en faire une boule et la vomir, la régurgiter, l’émietter,
mais
je m’en rends bien compte,
partout où je me suis traîné depuis mon départ, mes feulements n’ont pas été assez rauques, je n’ai pas su crier assez fort, quand j’ai grondé on m’a entendu comme un chaton offusqué aux crachats risibles, un animal si menu qu’on peut le fourrer dans un sac et le noyer dans la rivière, ou plus sûrement encore le clouer à une porte,
et partout on m’a cru pris par la peur, aussi la bile tout ce temps est-elle restée en moi, et la colère n’est pas partie dans mes postillons, j’ai eu beau cracher jusqu’à ce que ma bouche soit sèche, que ma gorge siffle, j’ai eu beau hurler à m’en fendre la voix, elle ne s’est pas évaporée dans mes suées, elle est restée, elle a sédimenté et fait des enfants,
elle m’a enroué,
elle m’a forcé,
elle m’a fait ravaler,
elle a profité de l’air qui me faisait défaut entre deux quintes de toux, de chaque respiration manquée, et m’a colonisé,
je lui suis depuis toujours une terre d’accueil trop fertile pour qu’elle résiste à la tentation ou me préfère un autre,
je ne pouvais pas revenir ici sans elle, je n’ai jamais eu ce choix-là, après tout c’est ici qu’elle est née en même temps que moi et, depuis, où je vais elle me suit comme une chienne dont je ne serais pas le maître,
ce n’est jamais moi qui l’appelle,
jamais, je le jure, je n’ai dit, Colère, viens avec moi,
jamais je ne l’ai invitée à entrer,
jamais je n’ai dit, Colère, aie pitié et ne me laisse pas seul,
enfin, je ne crois pas.
Sur cette route, je reviens vers toi, mon Père, toi qui es l’autre nom de ma colère, parce que là-bas, au creux de la forêt, dans ta large Demeure, à l’annonce du non-lieu, dit-on, tu es tombé, et il n’y a plus que moi sur cette terre pour t’aider à te relever.
Te relever ou t’achever, je ne sais pas encore.
Mon Père qui es tombé, ne va pas croire que c’est toi que je crains, que j’en suis encore là, que je m’approche de toi comme d’un feu sacré,
ce n’est pas toi que je crains, c’est le manque de Jérémie,
dans les trous de la chaussée, dans les pièges tendus par la route, il y a son absence,
dans l’envie furieuse que j’ai de te faire rendre gorge, dans les mots que je tousse à chaque pas parce que j’en suis rendu là, à finir la route en parlant seul comme un fou que trop de pensées obsèdent, il y a son absence,
dans la peur d’avoir à t’affronter seul, d’avoir à soutenir ton regard et la façon dont tu te retires en toi-même,
Jérémie sorti du même ventre que moi, avec le même visage que moi, Jérémie me précédant d’un instant, Jérémie me précédant en tout jusque dans la mort, Jérémie, une om¬brelle entre moi et le monde, entre moi et ta fureur,
et maintenant mon visage est à nu,
j’étais fait de lui,
plus rien ne tient droit,
je ne suis plus qu’une bête de somme privée du compagnon auquel elle était attelée, tentant de porter seule son joug, un animal autrefois docile qui tourne en rond et meugle sa plainte.
Voilà le rond-point, le check-point, ici j’entre sur la terre dont je me suis enfui. Pas de barrières, pas de caméras de surveillance, pas de soldats à l’affût du moindre soupçon d’insoumission.
Tout cela est inutile : personne ne veut plus venir ici.
C’est l’odeur. Et les souvenirs.
C’est le lendemain de nos dix ans qu’ils crurent nous découvrir.
Ils fabriquèrent une fable d’enfants de loups, d’enfants de forêt avec des prénoms de prophètes, ils prirent de nous trois cette photographie initiale, celle qui avant même la violence, avant même les violences qui se sont entrechoquées en nous, a façonné notre histoire.
Elle a paru en marge de l’article qu’a consacré la presse locale à notre découverte, le titre en gras proclamait : « Deux enfants sauvages découverts à Lassaut ».
Sur l’image, on voit nos corps s’arrachant à peine à l’enfance se ramasser comme pour bondir au-dessus des ornières à venir, rassembler leurs forces pour grandir, pousser vers le haut en quête d’une lumière inatteignable,
on t’y voit, mon Père, Vieux Père famélique, Père sans sève, qui tends une main au-devant de nous en jetant ton corps vers l’objectif, et, pour les lecteurs, il ne fait aucun doute que tu es possédé,
en réalité, tu tentes de voiler nos visages, tu n’y parviens qu’à moitié, on voit bien que nos peaux sont sensiblement plus sombres que la tienne, qu’elles appellent le soupçon et que notre sang est impur,
rien qu’à l’image on peut deviner de quels surnoms tu nous affubles, quels surnoms résonnent entre les murs de ta Demeure, claquent d’un mur à l’autre sans jamais suffire à te faire expectorer la hargne qui est en toi
noirauds,
corniauds,
fils de votre mère,
arbouches, chameaux
Ma face est parfaitement apparente, un large ovale s’allongeant vers le haut, cheveux ras et crâne lisse, peau olivâtre et pas la trace d’un rire,
de l’enfance uniquement la part de gravité,
de la boue sur la joue et sur l’épaule, des écorchures,
seuls mes yeux sont cachés, car j’ai la tête penchée, je l’ai toujours eue, et c’est violence que de me tenir droit sur cette route aujourd’hui, cette route qui mène à l’endroit où j’ai appris à rentrer les épaules,
c’est violence de ne pas déjà baisser le regard, sachant que, dès mon arrivée là-haut, tu feras comme toujours, tu te saisiras de chaque occasion pour balayer mes mots, tu te jetteras sans aucune pitié sur chaque silence et chaque hésitation, et de ma parole tu feras des marmonnements inintelligibles de môme effrayé, de petit couard,
c’est violence de me convaincre que je peux te tenir des yeux en joue et t’obliger à me prêter attention,
c’est violence de m’accrocher à la croyance que je peux te contraindre,
c’est violence d’essayer d’être un peu plus comme lui qui n’est plus là, de le singer pour donner une idée de ce que c’était, le même corps que le mien avec plus de courage.
De lui, sur l’image, on devine juste la peau légèrement plus claire et le regard,
tu as en partie réussi à le cacher mais on voit ses prunelles, deux billes incendiées, il ne fait pas comme moi le fuyard, il a le regard effronté, celui d’un grand curieux, peut-être un peu exalté aussi, il faudrait le comparer à celui des grands mystiques,
la suite, on pourrait l’inférer de ce qui saute au visage dans cette image annonciatrice, cette petite prophétie figée de photoreporter, il est si facile d’y voir la sédition qui vient, le feu qui couve,
moi, je sais, le regard de celui qui n’est pas là, plus là, qui m’a été enlevé, n’est pas haineux, il est trop vieux déjà pour ce corps d’enfant d’à peine dix ans, il est authentiquement curieux de savoir ce que le monde venu le prendre au collet a à dire pour sa défense,
moi, je sais ce que fait le grand homme habillé de noir, avec son air apparemment protecteur, ses vêtements amples qui ne cachent rien de son extrême maigreur, son profil de chacal à l’œil exorbité, son long cou effilé, ses bras en brindilles qu’on dirait encombrés de vent, ses épaules tombantes et, oui, même son parfum aigre transpire de cette image, sa bouche presque fermée, les lèvres retroussées, peut-être qu’il vient de jurer ou cracher,
de la main gauche, et quelle main c’est, la gauche, c’est celle qui sait manier les outils et les armes, et même faire de chaque outil une arme, c’est celle qui frappe, un instrument sinistre aux doigts longs comme des poignards, et avec elle il forme un cercle entre le pouce et l’annulaire,
de la droite il a lancé en l’air le peu de poussière qu’il vient de ramasser,
si la photographie était en couleurs, de meilleure qualité, on en verrait peut-être mieux les grains cerner son visage et l’entourer d’un halo à peine perceptible,
moi, je sais qu’il est en train de jeter un sort, de maudire,
pas le photographe qui tente de nous voler notre image,
pas le policier municipal qu’on devine sur le bord gauche de l’image et qui du bras semble nous inviter à avancer,
pas non plus le public avide qui dès le lendemain s’arrêtera longuement sur le cliché,
c’est nous, ses deux enfants, qu’il maudit.
Nous avions émergé des arbres, de la sombre forêt qui ne laisse passer aucune lumière et qui avait, à leurs yeux, obscurci nos âmes, il ne pouvait plus nous cacher, tu ne pouvais plus nous cacher, Vieux Père, et tu ne pouvais plus cacher ta forêt, tu savais déjà que dès le lendemain les promoteurs et les aménageurs allaient débarquer dans leur voiture de fonction, que tout ce rien vaste comme un petit pays où deux enfants avaient pu s’ébattre sans qu’on les repère, tout cet espace disponible allait déchaîner les convoitises, et en cela tu n’avais pas tort, les convoitises se sont déchaînées et toutes tes peurs se sont réalisées. »
Extraits
« dès que tu avais le dos tourné nous y retournions, chaque jour notre savoir grandissait et chaque soir tu nous infligeais
de nouvelles marques,
et je ne l’avais sans doute pas encore compris, toi non d’ailleurs, mais chaque coup porté amoindrissait ta puissance, chaque démonstration de ta force et de ton emprise nous engageait plus avant sur le chemin de notre libération, et ta rage se décuplait alors, te consumant tous les jours peu plus. » p. 46
« Mais il y a entre nous des chemins trop escarpés et des ascensions trop rudes, des plaines trop vastes pour que nos douleurs se rejoignent un jour, tout un continent qui se tient en entier dans la question qui ne doit plus gouverner ma vie et que je ne parviens pas à te poser : que fallait-il que je fasse pour que tu m’aimes, moi aussi ? » p. 234
À propos de l’auteur
Alexandre Lenot – Romancier et scénariste 23 Avril 2024 – Paris © Eric GaraultAprès plusieurs vies professionnelles dans la politique, la communication et les médias, Alexandre Lenot se consacre à l’écriture depuis 2016. Il est aujourd’hui scénariste, romancier et documentariste. (Source: Agence Lise Arif)
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