Une trajectoire exemplaire - Nagui Zinet

Publié le 11 octobre 2024 par Nathalie Vanhauwaert

 Une trajectoire exemplaire  -  Nagui Zinet


Gallimard
Joëlle Losfeld
Parution : 29/08/2024
Pages : 112
ISBN : 9782073071798Prix : 15.50 €
Présentation de l'éditeur
N. est un minable ; ce sont des choses qui arrivent. Il menait jusque-là une vie sans objet, entre son studio et le bistrot, sans amis, sans une thune, sans ambition, rien à part ses livres et la boisson pour habiller le néant. Dans le fond, N. n’était pas si malheureux. Il avait la chance de ne pas bosser et tout le loisir d’attendre, comme le premier con venu, la rencontre amoureuse qui le sauverait.
Et, justement, la rencontre amoureuse a eu lieu, apportant à N. l’espoir d’en finir avec la solitude. Mais le bonheur est rarement du côté des pauvres types. Il suffit d’un mensonge, d’un moment de panique et c’est l’engrenage, celui de la violence et de la folie.
L'auteur nous en parle



Mon avis
Voici un petit roman découvert dans le cadre de l'Intime Festival de Namur, un OVNI littéraire, une plume qui claque, qui fuse, qui scotche - dans les deux sens du terme, impossible de le lâcher avant la fin, et à lire en compagnie d'un bon whisky (vous comprendrez à la lecture !).
N est un loser magnifique, un anti-héros, qui ne fait rien de sa vie à part boire et lire des romans noirs.  Boire oui !, mais au bistrot jamais sans un livre.  C'est un écrivaillon raté, un affabulateur, il aime s'inventer des vies, un genre d'épave raté qui un jour, pense que cela peut changer.  
Il y croit vraiment lorsqu'il rencontre Irène, une quadra de quinze ans de plus que lui, opportuniste, il s'incruste, l'aime-t-il vraiment ?  Les histoires d'amour finissent mal en général ...  Il a envie d'y croire, mais un mensonge, un autre et c'est l'engrenage, la violence et la folie.
Au début du récit, le juge Guyader a arrêté un jeune homme accusé du pire en découvrant en ligne le journal de N qui l'accuse.  Un journal rédigé en "tu", une confession émaillée de références cinématographiques, musicales et littéraires.  Comme le dit la quatrième de couv, entre Bukowsi, Jim Thompson et Simenon.
Un récit à la plume aiguisée, percutante, sensible, c'est drôle.
Quelle plume ♥,  à suivre !
Ma note : ♥♥♥♥
Les jolies phrases
Les amours ratent, mais de peu, c'est ainsi que commencent les suivantes.  Peut-être que nous en avons trop en nous, quoi qu'on dise, et il faut que cela sorte. 
Retour à la cour.  Tu fumes une cigarette en pensant au désastre universel. Ici, tu n'es pas le plus mal barré.  Le malheur des autres rassure et ces mesquines pensées te dépriment. Mais l'être humain est ainsi, n'est-ce pas ?  Toujours à haïr le bonheur des autres, à ignorer le sien et à aimer le désespoir de son prochain.  C'est le problème d'être ici, on pense à vide, à rien, on philosophe, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.
Tu penses à ce que tu as perdu, toi qui n’as pas souvent gagné. Si la réussite c’est d’aller d’échecs en échecs, ton heure ne devrait pas tarder. Tu écris tes pensées délirantes d’une illisible écriture. Ta vocation : l’écriture. C’est un mensonge, tu le sais. Tu n’es pas davantage fait pour l’écriture que pour le saut à la perche. Seulement, c’est la seule activité que tu pourras pratiquer en prison.
Tu lui envoies un message : « Tu es une suite ininterrompue de gestes réussis. » Tu as repéré l’absence de bouquins chez elle, hormis quelques Pierre Rabhi et autres merdes du genre. Elle ne peut donc pas savoir qu’il s’agit d’une phrase de Nick Carraway dans Gatsby.