Lolita Sene – Un été chez Jida ***

Lolita Sene chez Jida

Le Cherche-Midi – 2024 – 167 pages

*

Esther se souvient des vacances de son enfance, passés chez Jida sa grand-mère, taiseuse et sévère, canines en or, mâchoire contractée. Chez elle, on se croirait en Kabylie, il y a toujours du monde, les cousines, les cousins – les préférés de la matriarche – les tantes, les oncles. Il y a notamment Ziri, le fils prodigue, le fils préféré de Jida. Ziri, qui demande régulièrement à Esther de monter dans la chambre à l’étage. Personne ne semble se rendre compte de ce qu’il se passe. Tout le monde se tait, bouche cousue. Il règne dans cette famille de lourds secrets, de vieilles querelles imprègnent les rapports entre les adultes. Et puis, un jour d’octobre, une cousine parle. Séisme dans la famille. Et Jida, qui reste murée dans son épais silence.

« Le mâle qui nous fait du mal, que chacun connaît. Que tout le monde tait. Et protège. Parce qu’il ne faut pas ébranler une famille, qu’en diraient les voisins, qu’en penserait le monde, quelle honte. »

Un été chez Jida est un roman saisissant de maîtrise qui m’a interpelée dès les premières pages, je me suis glissée aux côtés de cette narratrice à laquelle je me suis profondément attachée, j’ai éprouvé sa détresse, sa solitude, sa douleur. J’ai aimé l’écriture tout en pudeur et justesse, ciselée. C’est un roman qui secoue, qui révolte, que j’ai lu d’un souffle, d’une traite, touchée en plein coeur.