Titre : Ces prières que je fais dans le noir
Auteur : Nine Gorman & Marie Alhinho
Édition : Albin Michel
Genre : Romance
Pages : 616
Parution : 17 janvier 2024
« Mes sanglots me secouent si fort que je me demande si ce n’est pas une tentative désespérée de mon corps pour faire redémarrer mon cœur qui s’éteint, et je me dis que c’est peut-être pour ça qu’on pleure si fort, parfois : pour empêcher notre cœur de s’arrêter une bonne fois pour toutes. »
Pour ses amis, il est Jaeger, ce garçon à l’éducation stricte et traditionnelle, mais que les filles aiment retrouver en secret le temps d’une nuit. Pour sa famille, il est Thomas, ce fils jamais à la hauteur quels que soient ses efforts. Et pour June, Thomas Jaeger-Lynch Jr est ce meilleur ami d’enfance qu’elle a perdu.
Après l’événement qui leur a coûté leur amitié, Jaeger refuse de renouer contact avec June. Mais, quand elle aura besoin de lui, saura-t-il mettre de côté sa rancune pour l’aider ? Et lorsque sa propre vie volera en éclats, pourra-t-il se passer de cette fille qui a été le centre de son univers pendant pratiquement toute son existence ?
J’ai acheté ce livre en janvier, à sa sortie, et depuis il me fait de l’œil dans ma pal, mais je n’avais pas pris le temps de le sortir, c’est chose faite. Après avoir eu un énorme coup de cœur pour La nuit où les étoiles se sont éteintes et Le Jour où le soleil ne s’est plus levé, j’attendais beaucoup de ce troisième tome. Peut-être même un peu trop d’ailleurs. J’ai adoré ma lecture, mais je n’ai pas ressenti autant de choses qu’avec les deux premiers tomes, il est, pour moi, un poil en dessous.
Dans ce livre, nous suivons donc l’histoire de Jaeger, j’avoue que ce n’est pas un personnage qui m’a particulièrement marqué. J’ai tenté de me rappeler un peu ce qu’on savait de lui dans les deux tomes précédents, mais sans succès.
Jeager a grandi dans une famille dysfonctionnelle, une famille très religieuse où il fallait filer droit. Jager, son frère et sa sœur, n’ont pas vraiment reçu d’amour familial, surtout lui, l’aîné d’ailleurs. Heureusement, très jeune, il a fait la connaissance de June, la fille d’un des amis de son père, qui faisait partie du même cercle religieux. C’est elle qui va lui apporter de l’amour, de l’écoute et qui va lui maintenir la tête hors de l’eau. Surtout quand Jaeger est victime de black-out de cauchemars. Des cauchemars provoqués par son enfermement dans un placard qui lui a laissé de nombreux traumatismes.
Alors qu’il vient de faire sa rentrée au MIT, il va retourner chez lui pour Thanksgiving, c’est là que sa vie va basculer. Son père a disparu après que ses détournements de fonds ont été découverts. Sa mère ne va pas supporter et va devoir être internée dans un hôpital psychiatrique.
Son petit frère et sa petite sœur vont devoir habiter un peu chez leur grand-mère, Jeager, lui, s’y refuse. Tous ses traumatismes sont liés à elle et à cette maison, il va donc s’installer chez Cliff, l’oncle de Finn. Mais ce n’est que le début des ennuis, Jaeger va tomber dans une spirale négative, dont il va avoir du mal à se sortir.
Dans la famille Jaeger-Lynch, il fait apprendre à se tenir, se montrer digne, avoir l’air important. J’ai grandi comme ça : dans la mesure, dans la retenue, dans le silence – et dans le noir, parfois.
Je suis triste de ne pas avoir autant vibré pour l’histoire de Thomas que pour celles de Finn et Nate. J’ai pourtant adoré ma lecture, j’ai retrouvé ce que j’aime dans la plume des autrices.
Ce fort côté psychologique que j’aime tant, cette noirceur, cette profondeur dans l’écriture des émotions et de ce que pense et ressent le héros. C’est fort et percutant, c’est d’ailleurs surtout la fin de l’histoire que j’ai adorée. La dernière partie est incroyablement prenante, c’est là que j’ai le plus vibré, le plus eu le cœur serré. C’est dans cette dernière partie que j’ai retrouvé ce que j’avais particulièrement aimé dans les autres tomes.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Thomas, je l’ai trouvé très touchant et il y a un sacré passé, qui ne peut clairement pas laisser de marbre. À travers ce personnage, les autrices abordent beaucoup de sujets importants, qui sont tous bien traités. Nous sommes clairement dans la tête de Jaeger, on voit petit à petit ces voix qui l’envahissent, qui le brisent et qui l’entraînent vers le fond. En plus, Jeager a perdu la foi, il est avec Dieu, lui qui pourtant, a toujours été croyant et pratiquant. On voit sa déchéance, on le voit sombrer petit à petit dans la dépression, s’éloigner de ceux qu’il aime, n’avoir plus goût à rien. Les autrices me bluffent toujours quand il s’agit de parler de troubles psychologiques, là encore, c’est bouleversant…
J’ai trouvé que ce livre avait quelques longueurs, il fait plus de 600 pages et même s’il se passe toujours quelque chose dans l’histoire, j’ai parfois trouvé les choses un peu longues. Particulièrement les passages dans le passé avec June, j’ai trouvé que ça n’apportait finalement pas grand-chose à l’histoire et que c’était plutôt plat.
Les passages au présent sont beaucoup plus prenants et entraînants, en plus les chapitres sont très courts, ce qui donne une très bonne dynamique à l’histoire.
Les autrices abordent encore énormément de sujets forts comme la maltraitance sur les enfants, le deuil, les maladies psychologiques et encore bien d’autres. C’est toujours écrit avec bienveillance, même si j’aurais aimé que certains de ces thèmes soient un peu plus développés, surtout sur la fin.
J’ai adoré retrouver la bande d’amis, même si on les voit beaucoup moins, c’est finalement Finn qu’on voit le plus ici. J’ai adoré en savoir plus sur lui et Nate, sachant que cette histoire se passe après la fin de l’histoire de Nate. J’aime la façon dont les autrices ont choisi de les faire évoluer, avec des hauts et des bas, pas d’une façon linéaire où tout est bien qui finit bien. On voit très peu Kenna et Kurt malheureusement, surtout que plus j’avance dans l’histoire, plus j’apprécie Kenna.
J’avais peur que le sujet de la religion prenne trop de place, mais il est très bien dosé, je pense que les autrices ont, en plus, fait un gros travail sur le sujet. C’est très présent, mais pas étouffant, ça prend sens dans l’histoire de Jeager que ce soit passé ou présent.
Je suis là, appuyé contre le comptoir, à regarder mes collègues, mais en vérité, je me suis perdu dans ma tête. Et merde, il fait noir, là-dedans. Mes pensées les plus sombres et angoissantes se sont donné rendez-vous. Elles se parlent, se mélangent, se multiplient…
J’ai encore une fois adoré ce livre, même si je l’ai un tout petit peu moins apprécié que les deux premiers tomes sur Finn et Nate. Encore une fois, l’écriture des autrices m’a bluffé, c’est fort, bouleversant, percutant. Il y a beaucoup de noirceur dans ce livre, beaucoup de ténèbres, à l’image de ces pages noires qui parsèment le livre. Mais malgré tout, il y a beaucoup d’amour et d’amitié aussi dans cette histoire. Beaucoup de sujets forts sont abordés, le deuil, la maladie, les traumatismes, la maltraitance… 600 pages qui nous plongent dans la tête et au cœur des émotions du héros, Jaeger. C’est encore une immersion totale dans ce que ressent le héros, dans les troubles psychologiques, dans la détresse, c’est pour moi la force de ces autrices d’aborder ce genre de choses et elles le font toujours à merveille. Mais dans les ténèbres, elles savent toujours apporter de la lumière, de l’amour et de l’espoir.