Tout le bruit du Guéliz - Ruben Barrouk

Publié le 18 octobre 2024 par Nathalie Vanhauwaert

 Tout le bruit du Guéliz  -  Ruben Barrouk


Albin Michel
Parution : 21/08/2024
Pages : 224
EAN : 9782226496058
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur


« Le bruit condamne l’Homme à l’oubli. Mais parfois il arrive qu’il le sauve de l’oubli. Il ne tient qu’à nous de l’entendre. »
Dans le quartier du Guéliz à Marrakech, un mystérieux bruit hante et tourmente, nuit et jour, une vieille dame. Inquiets, sa fille et son petit-fils quittent Paris pour mener l’enquête. Sur place, ils guettent, épient, espèrent, mais aucun bruit ne se fait entendre...
Tout le bruit du Guéliz ne nous livre pas une mais mille histoires : celles des exodes, des traditions, des liens qui se font et se défont, des origines perdues.
À la violence et au vacarme assourdissant de notre époque, ce premier roman aux allures de conte, à la fois tendre, drôle et bouleversant, oppose un bruit. Le bruit du Guéliz. Celui d’un temps révolu, où l’on vivait ensemble.

Ruben Barrouk

 
Ruben Barrouk est né en 1997 à Paris. En 2022, il retourne sur les traces de sa famille séfarade à Marrakech, où vit sa grand-mère, personnage principal de ce premier roman.

Mon avis

Il est à Marrakech un quartier, le Guéliz, dans le Mellah, la vieille ville.  Un quartier qui a connu un grand exode de sa communauté juive après la guerre des 6 jours en 1967 et de la guerre de Kipour en 1973.  Il reste peu de monde dans ce quartier, une dame âgée qui souffre d'un bruit qu'elle entend perpétuellement, qui l'empêche de dormir.

Intrigués et inquiets, sa fille et son petit-fils vont faire le voyage de Paris jusqu'à elle.  Ensemble il vont chercher ce bruit, qu'elle seule entend.  Le bruit des ombres du passé, celui de la mémoire, de l'oubli.

Ensemble ils vont péleriner à travers le Mellah, aller au cimetière des oubliés, vers la vallée de l'Ourika. Son petit-fils ne parle pas l'arabe, il va découvrir les traditions et rituels de sa grand-mère, les fleurs d'oranger pour le thé, les oreilles géantes confectionnées pour la fête du Pourim, les couverts des morts que sa grand-mère dresse pour le repas de Shabbat, l'encens pour exorciser le bruit qu'elle seule entend.

Serait-ce celui de l'absence, de la mémoire par peur de l'oubli ?

Un premier roman touchant, rempli de tendresse, un bel hommage à sa grand-mère, à la recherche de ses racines, du passé.

Un portrait tendre et affectueux, une écriture touchante, poétique, ciselée.  

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Comme le départ, la souffrance est inacceptable pour celle qui prend le mal, mais n'a jamais appris à accueillir le sien.

Il n'y avait pour elle de chose plus importante, de devoir intime et valable que ce grand pélerinage.  C'était pour elle d'autant plus vrai que son fils était là, pour voir et comprendre, et récolter le précieux legs de ces lieux de mémoire, de ces traditions centenaires, avant qu'elles ne s'effacent, ensevelies par les mains de l'oubli.

Un bruit qui bourdonne dans ses oreilles et crie à son coeur de céder.  D'arrêter.  A son tour, de tout abandonner.  de partir. Mais elle ne part pas.

Le bruit condamne l’homme à l’oubli. Mais parfois il arrive qu’il le sauve de l’oubli. Il ne tient qu’à nous de l’entendre.
Le vide ne peut plus exister. Le silence non plus, d'égale considération. Tout doit être. Être là.
Ma grand-mère garde tout près d'elle. En un bruit. Si le bruit devait dire quelque chose, il dirait : C'est la fin. Puisque tu m'entends, tout disparait maintenant.
Je compris alors, en le voyant, pourquoi les choses s'étaient passées ainsi avec les enfants du Mellah.  C'étaient des juifs comme cet homme qu'ils avaient l'habitude d'accueillir et de guider dans les ruelles du vieux quartier.  des étrangers qui, par ici, cherchaient leur chemin.  Car les juifs sont des gens qui ne savent pas où aller.  Et c'est à ça qu'on les reconnaît.