Un homme courageux finit toujours par obtenir ce qu'il veut. Fais donc très attention à ce que tu veux vraiment. (Charles Boromée De Roscoff) XVIIE siècle, Océan Indien, Baie du Bengale. Deux jeunes marins français, se retrouvent, malgré eux, enrôlés dans l'armée du roi du Macchawari. Embrassant sa cause, ils forgeront aux côtés de leurs compagnons d'armes, la renommé d'un empire. Alexandre et Raphaël Morellon sont frères dans la vie. Mais aussi dans leur passion de la bande dessinée d'aventures et d'actions. Ils signent là, après 3 ans de recherches graphiques, un premier album d'une saga remplie de promesses.
Pourquoi ce livre ? C’est à l’occasion d’une virée à Quai des bulles que j’ai croisé la route de cet éditeur mettant en avant, via une bien jolie banderole, cette saga en quatre volumes. Les graphismes m’ayant tapé dans l’œil et l’histoire évoquant l’aventure et la vengeance, je n’ai pas longuement hésité avant d’acheter tout d’un coup.
Je ne regrette pas une seconde car j’en ai pris plein les yeux, avec une histoire relevée – même si peu originale. Dès le début on plonge dans l’action alors que le navire de Castan, alors enfant, est abordé par des pirates. Devenu esclave, son destin le pousse très vite dans les extrêmes en s’échappant puis en intégrant un entraînement pour soldat d’élites. Dans un esprit de camaraderie, les élèves vont apprendre à devenir les meilleurs des meilleurs… Ils vont apprendre ce qu’est être un surhomme ou une surfemme.
Le tout se déroule dans un rythme soutenu, mâtiné de quelques ellipses afin de rendre la lecture plus digeste, mettant de côté la partie entraînement pour se concentrer sur l’objectif réel de l’intrigue : un conflit entre deux royaumes et une soif insatiable de vengeance. Entre l’entraînement de cette conseillère hors normes et la traîtrise de certains, l’intrigue est mouvementée et apporte son lot de surprises. Cependant, comme évoqué précédemment, le sujet de l’intrigue manque d’originalité. L’atout de ce récit au souffle à la fois politique et épique repose avant tout sur les capacités développées dans cette mystérieuse région qu’est la Terre du dragon tonnerre (que l’on découvre dans le second opus). La suite présente un intérêt certain, des rebondissements bienvenus, sans être aussi puissante. La fin est assez douce-amère, j’ai également apprécié ce parti pris de ne faire aucun happy end. Certaines choses se résolvent, d’autres choses commencent, cependant on n’obtient aucune précision sur l’avenir de certains personnages. Ils ont obtenu ce qu’ils souhaitaient ou ce qu’ils méritaient, une nouvelle page blanche s’ouvre à chacun. (Et mention spéciale pour la rencontre entre Saya et un homme : le faciès de chacun m’aura arraché un petit rire amusé !).
De fait, au-delà de l’intrigue politique, j’ai le sentiment que le poids de cet univers repose sur les personnages, que ce soit les soldats, les espions ou les grands monarques. Sans eux, il n’y aurait rien si ce n’est cette saveur exotique de l’Orient et de l’Asie. Dans tout ça, Castan était un petit gars maigrichon issu d’une bonne famille. Son avenir était tout tracé. Devenu escale, son avenir ne payait pas de mine et ses chances de survie étaient minces, d’autant plus qu’il a un caractère rebelle. C’est pourquoi je trouve son évolution belle et juste, il s’est forgé un caractère d’acier et le respect qu’il gagne sur les autres semble mérité. J’ai également beaucoup apprécié le caractère et la présence de ses amis, une amitié tumultueuse au gré des alliances et des sentiments qui se développent. Chacun sait se battre parfaitement mais ils n’en restent pas moins des hommes et des femmes avec des sentiments et des besoins, leur conférant une humanité bienvenue dans ce genre d’intrigues. J’ai adoré le tempérament de la conseillère Kyen, elle qui cache bien ses secrets et qui semble elle aussi juste dans ses décisions. En revanche, c’est bien la seule qui paraît se dresser, tout naturellement, au-dessus des autres par son aura magnétique. Autant dire que je ne suis pas différente du commun des mortels, j’ai été piégée dans ses filets ! Ca a d’autant plus matché entre elle et moi qu’elle m’a d’emblée fait penser à Ellana, célèbre héroïne de Pierre Bottero, par son physique et son tempérament.
Enfin, j’ai lu d’une traite ces quatre volumes pour leur beauté. Les deux premiers opus sont déjà magnifiques, avec des traits acérés et une colorisation détaillée. C’est vraiment le genre d’illustrations qui m’emportent aisément dans une histoire. Aux tomes trois et quatre, le niveau de précision change carrément pour prendre une tournure plus réaliste encore. J’ai moins aimé certains visages dans certaines cases, comme celui de Saya qui m’a paru disproportionné à un moment, mais les décors et paysages m’ont tout simplement bluffée !
Franchement, j’ai passé un excellent moment dans cette aventure ! Entre des personnages hauts en couleur et une double intrigue intéressante, je ne me suis aucunement ennuyée. En plus de cela j’en ai pris plein des yeux grâce à la beauté des illustrations. Les scénaristes ont fait le choix d’une intrigue courte mais efficace, c’est pile ce qu’il fallait pour mettre en valeur le temps de chacun. En bref, je suis conquise par le Macchawari, qui me manquera certainement.
16.5/20
Les autres titres de la saga :
1. Pour l'honneur du Macchawari
2. La Terre du Dragon tonnerre
3. La Forteresse du roi Xiang
3. Le Gambit du tigre
- saga terminée -