Les Couloirs démoniaques (Jean-Marc Dhainaut)

Couloirs démoniaques (Jean-Marc Dhainaut)

Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditions : Taurnada
Parution le : 02 juillet 2020
256 pages Thème : Thriller/paranormal

disponible sur le site de l'éditeur

à la FNAC et sur Amazon

Fait partie de Alan Lambin, la saga

Il vaut mieux parfois ne pas chercher à comprendre...

" Le Foyer des Galibots, une maison de retraite paisible située dans le Nord de la France, ferma ses portes en 1992 après une effroyable série de morts mystérieuses. Des suicides, selon l'enquête. Détails troublants : certains pensionnaires avaient témoigné de présences effrayantes, et une aide-soignante avait affirmé avoir été attaquée par une force invisible.
Alan Lambin, enquêteur en paranormal, sent que cet endroit, construit sur les ruines d'un hôpital exploré quinze ans plus tôt, a besoin de lui.
A-t-il oublié la menace qui y rôde ? "

Je pense qu'à force tout le monde me connait, je ne lis pas les livres d'une même série dans l'ordre (pourtant je dois tous les avoir). J'aime tellement cette série de paranormal que cela ne me dérange absolument pas. De plus j'ai déjà lu quelques temps auparavant les dérivés avec Brocéliande, mais qu'importe. Aujourd'hui, je vous présente de nouveau Alan Lambin, un homme qui a dépassé la soixantaine, heureux avec Mina, sa compagne. Pourtant lorsque Paul, leur ami depuis plus de quarante ans débarque avec une "affaire", la tranquillité de notre enquêteur tourne à l'orage. Un vieil hôpital abandonné devenu une maison de retraite qui a dû fermer suite à de mystérieux suicides... Allez personne ne va y croire, pas même celui ou celle qui est sceptique, parce que l'un des pensionnaires à réussit à se donner la mort avec 40 coups de couteau tout seul... Oui, un suicide, bien sur. Les enquêtes ont été drôlement bien faites à l'époque, toujours est-il que plus personne ne vit là-bas depuis bien longtemps et personne ne rôde autour, si ce n'est quelques squatteurs. Si Alan rebute et pas qu'un peu à aller sur place pour de nombreuses raisons que l'auteur explique très bien, ce n'est pas le cas de Mina et de Paul. Ils veulent découvrir ce qui se cache derrière les témoignages des pensionnaires à l'époque, afin de comprendre ce qui se cache derrière ces morts. Mais parfois il vaut mieux ne pas chercher à comprendre, car la douleur physique n'est rien, si l'on est mort !

Promis, il ne s'agit pas de ma maison, juste des thèmes abordés que j'adore dans les fantastiques et pour le coup, nous sommes en plein thriller avec du paranormal. Conjuring, cela vous dit quelque chose ? Cette série de livres pourrait largement être mise en scène du même type, et j'en redemande. Mina est médium depuis toujours, traitée enfant comme une sorcière, elle a su trouver son équilibre plus tard. Quant à Alan, il ne croit que ce qu'il voit, enfin ça, c'était il y a longtemps, il est plutôt à la recherche du pourquoi des événements tragiques se produisent. Hallucinations ou autre, il met un point d'honneur à faire très attention à ce qu'il dit, ce qu'il voit et fait. Les chasseurs de fantômes qui jouent sur les caméras, les températures et s'amusent à faire semblant, il en existe beaucoup, ce que Alan déteste par-dessus tout et dans cet épisode, il va retrouver un vieil... ennemi on dira, Erwan qui veut du sensationnel ! Le décor est planté, un vieil hôpital lugubre, des personnages qui ne s'apprécient pas tous, des nouveaux venus et une porte de la morgue qui s'amuse à claquer. Oh j'allais oublier ce cher corbeau, dire que dans certains religions le corbeau est signe de bonheur, lorsque l'on en voit deux, ici, ce n'est absolument pas le cas.
Oupsi, bienvenue dans mon domaine !

L'histoire est effrayante de vérité, même s'il ne s'agit pas de la réalité (quoique...), bien entendu, certains points font tiquer, dans le bon sens où : Qui n'a jamais eu l'impression d'être observé alors que nous sommes seuls dans une pièce ? Qui n'a jamais eu de rêves prémonitoires ? (OK, ceux de Mina ou de Alan sont véritablement terrifiants !) Qui n'a jamais senti un souffle de vent dans la nuque alors qu'il n'y a aucune ouverture ? Alan cherche, traque la moindre faiblesse d'un bâtiment, d'une personne ou de ce qui les entoure, non pas pour les pointer du doigt en se moquant d'eux, mais pour avoir du rationnel entre les doigts, du concret. Sauf que dans cette histoire, il faut oublier le rationnel un temps. J'ai souvent entendu ma grand-mère me parler de certains endroits qui étaient chargés en émotions négatives. Des lieux où la souffrance est telle qu'il est difficile même au pierre les plus froides d'avoir un aspect joyeux. Derrière ces bâtiments abonnés ce cachent de nombreuses histoires qui sont difficiles à entendre et l'auteur sait quand s'arrêter, ce dont je l'en remercie. Un hôpital où des âmes sont encore errantes après tant d'années, souffrants de ce qui leur aie arrivé alors que ces êtres étaient encore en vie, une maison de retraite rebâti sur des cendres encore fumantes des restes de ceux qui ont souffert... Impossible de ne pas comprendre que les âmes tourmentées des êtres toujours vivants soient si poignantes. L'Histoire des lieux est affreuse et bien camouflée. Alan, Mina, Paul et aussi Meghan, Erwan, Lucas, vont faire la connaissance de l'Histoire, de ce qui en a fait un lieu maudit et même un peu plus.

Il ne s'agit pas uniquement de fantômes ou autres créatures de l'autre monde, il s'agit aussi de ce que les personnages vivent, de ce que les gens ont vécu. La réalité donne bien plus de frissons que ce que nous ne pouvons percevoir. Certaines personnes ont un don, celui de ressentir plus fort, de percevoir des choses, comme Mina, comme Paul et aussi comme Alan ou Meghan. Chacun a son niveau, mais le ressenti ne peut pas être négligé, pas quand des enfants sont en jeu. Les fantômes du passé ne sont pas les seuls à refaire surface, un vieil ennemi se rapproche de notre cher Alan. Étant moi-même Bretonne, nous avons nos propres légendes et coutumes et celles qui en ressortent dans ce récit font un bel écho à ce que je connais déjà. Bien entendu je ne peux en dire plus, mais ici, vous risquez de vous poser des questions sur ce qui nous entoure réellement. Et puis l'enquête est menée avec minutie, avec cette patience qu'à Alan, l'envie de retrouver ses vingt ans de Paul, son calme de Mina. Les trois personnages principaux ne se résument pas uniquement à cela, ils sont bien plus complexes et nous comprenons aisément les émotions qui les traversent à chaque étape de cette intrigue. L'envie d'aider les autres, d'en apprendre plus, de découvrir, la peur que va procurer cette fameuse découverte, la jalousie aussi qui sera quelque peu contre eux trois. Et puis je ne boude pas mon plaisir de voir autre choses que des fantômes, des esprits errants ou frappeurs dans ce récit, il y a bien plus que la conscience voudrait connaitre. Ce qui leur tombe dessus n'est pas sain et ce n'est pas un corbeau qui devrait donner le ton, sauf s'il appelle ses copains et que cela devienne un véritable film de Hitchcock, ce qui n'est pas le cas ici.

Le surnaturel, ou paranormal, appelez cela comme vous le désirez est bien ficelé, trop bien ficelé. Il fait penser à des faits réels au vu de la façon dont l'auteur s'approprie ses enquêtes, cette quête, ses personnages et surtout notre attention. Le peu de temps mort sert essentiellement à nous montrer quelques flashbacks, des souvenirs de la grand-mère de notre Alan et ainsi nous lâcher quelques "bombes". Les femmes ont un rôle important dans ce récit, elles ne sont pas de petites choses fragiles et ont un esprit puissant. Ce qui est bien différent de ce cher Erwan et son fils qui ne pensent qu'à "gruger" les pauvres âmes qui ne demandent que cela. LA couverture va parfaitement bien avec le récit, tout est bien intégré et nous suivons en fermant un œil parfois par peur de ce que nous allons découvrir. Il faut bien avouer, j'ai été bercé par toutes sortes d'histoire sur les revenants petites, j'adorais regarder tout ce qui était avec des poltergeists, alors ce type de lecture, j'en raffole et quand c'est bien écrit, avec des descriptions sur les émotions, les lieux, le mal-être et le reste que je ne peux vos révéler, forcément, je en peux que vous recommander ces récits. Des frissons, j'en ai encore en écrivant ma chronique. J'ai l'impression de ressentir le froid (bon d'accord, on est en automne aussi, il ne fait pas super chaud) d'entendre et de voir ce que Alan et Mina ont pu voir dans cette petite chambre camouflée. Les horreurs ne sont pas toujours stoppées par la mort, la preuve, certaines âmes sont restées bloquées par ce "mur" impénétrable qui ne s'en laisse pas conter. Les événements entre ces murs sont emplis de suspense et les actions vont de paires avec l'âge des personnages.
En conclusion, un tome qui peut se lire indépendamment des autres (sauf si vous voulez vraiment savoir la vie privée qui est minime dans les histoires) et qui est prenant. Les diverses souffrances que l'auteur montre sont terrifiantes et la traque lancée est à double tranchant. Les actes des vivants semblent être bien appréciés par les morts et pas n'importe qui. L'enquête menée jusqu'au bout nous donne du fil à retordre, avec de nombreuses révélations et une avancée au niveau de ce qui se passe après la mort, sans pour autant y faire un saut. J'avais lu le "suivant" avec la relève et je suis ravie de l'avoir vu dans ce tome. Jouer une partie d'échec avec le Malin n'est jamais bon signe et si la bonne étoile est souvent au-dessus d'Alan, elle ne fait pas tout : il faut la conviction de réussir à LE battre. Et ce LE n'est pas un simplet ni même une marionnette. Celui qui tire les ficelles dans ce jeu de massacre n'aime pas qu'on lui prenne ses pions pour les libérer. Une fois le livre refermé, vous allez avoir du mal à vous endormir, croyez-moi ! Adepte du paranormal, foncez, car pour ma part, je vais partir à la découverte de ces débuts à ce cher Alan !

" " Ce n'est pas du français, constata Mina.
- Peut-être que si, répondit Alan.
- Essaye ça, " suggéra Paul en indiquant du doigt un bouton permettant d'inverser le sens de lecture.
Lorsqu'il diffusa une dernière fois le passage au ralenti et à l'envers, tous les trois furent frappés par le résultat qui résonna das la chambre ténébreuse : une voix rauque disait clairement : "Je t'ai retrouvé, Alan". Soudain l'atmosphère changea, lourde, oppressante. Tout se passa très vite. La température chuta à nouveau rapidement et le détecteur que Paul tenait encore se mit à crépiter de manière assourdissante avant de lui être arraché des mains. Ils entendirent des petits pas courir autour d'eux. Sept silhouettes d'enfants apparurent brusquement à quelques mètres. Parmi eux se tenait la petite fille qui tenait sa poupée par le bras. "

Couloirs démoniaques (Jean-Marc Dhainaut)