Le nom sur le mur - Hervé Le Tellier ****

Par Philisine Cave

Dans Le nom sur le mur, Hervé Le Tellier se lance dans la biographie romancée et dresse le portrait d'un jeune maquisard, André Chaix, mort à 20 ans, mort en août 1944 peu de temps avant la libération complète de la France.

Avec une enquête minutieuse, accompagnée du recueil de témoignages, de photographies, de lectures et de visionnage de documentaires, Hervé Le Tellier nous présente un héros pudique et un patriote conscient des dangers encourus. Il rappelle les faits historiques et esquisse les proches qui ont accompagné le jeune homme. 

Voilà, lorsque j'ai débuté la lecture, je n'ai pas de suite adhéré à l'écriture de Hervé Le Tellier : je la trouvais convenue, manquant de musicalité, à la limite de l'exercice du style (avec ses rappels lexicaux, pas très loin de la leçon de dictionnaire). Et puis, Hervé Le Tellier a libéré sa plume, s'est énervé à l'évocation d'écrivains foncièrement racistes et a dénoncé la forme de complaisance dont ils ont pu bénéficier. Et là, je l'ai trouvé honnête, authentique et mué par la forme de mission de démystification (et je l'en remercie parce qu'il a su mettre en mots quelque chose que je n'arrivais pas à m'expliquer : le style de Louis-Ferdinand Céline ne me parle pas, j'ai lu 40 pages de son Voyage au bout de la nuit et par deux fois... et par deux fois, j'ai arrêté tellement tout m'insupporte : le style, l'écriture, le contenu et je n'arrive pas non plus à le lire connaissant aussi les valeurs véhiculées par cet homme.). 

J'ai apprécié les images et les tentatives de Hervé Le Tellier à esquisser la vie d'un homme avec moult détails, avec ses rencontres humaines, son amour (Simone, sublime héroïne en résilience, dont la guerre n'aura pas épargné le cœur), à intégrer l'évolution du personnage avec les événements historiques, à mettre en perspective la petite et la grande Histoire, à nourrir les deux d'anecdotes aussi instructives qu'édifiantes (la récupération cinématographique de Titanic et idéologique de Front national à des fins fascistes et xénophobes). J'ai aussi apprécié les réflexions d'auteur et d'être humain d'Hervé Le Tellier sur cette période complexe "où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject" [page 160], son recul sur la succession des événements.

Restent les dernières lignes juste sublimes d'être humain à être humain, d'un écrivain face à sa création  qu'il veut aussi sincère et juste que la personne qu'elle honore. 

Un livre à découvrir à tout moment parce que la démocratie est fragile et qu'il est important de continuer à la défendre face à ses zélés pourfendeurs toujours présents, démagogiques et irrespectueux de la diversité et de l'intégrité humaines.

Éditions Gallimard

Livre emprunté à un proche (merci, merci, merci pour ce prêt !)

autres avis : Keisha, Jostein,

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