Hambourg. Pour avoir dénoncé la corruption de son supérieur, la procureure Chastity Riley est placardisée dans un poste créé spécialement pour elle, la protection des victimes. Elle va néanmoins reprendre son activité avec un « client » retrouvé tabassé et à moitié mort, un Autrichien peu loquace qui veut se faire appeler Joe, ce qui va l’entrainer dans une affaire de trafic de drogue…
Un polar vraiment pas banal et au charme certain qui m’a épaté !
L’intrigue est bien mais je ne vais pas m’y étendre car là n’est pas ce qui fait la réussite de ce roman atypique. Il n’y a pas de point faible à dénoncer mais il est vrai que j’ai eu un peu de mal à entrer dans la lecture, déconcerté par le style de l’écrivaine avant de le trouver très original permettant à Simone Buchholz des ellipses et des raccourcis nous évitant des romans trop longs et bavards. Premier bon point.
Deuxième point fort, les personnages. Chastity Riley, elle aussi surprend. Procureure sur la touche, elle fume comme un sapeur et picole des bières à tire-larigot (« Sans alcool, j’ai du mal à affronter l’hiver. J’avais été soulagée quand j’avais enfin eu l’âge de boire raisonnablement ») et son quartier général c’est le Blaue Nacht (Nuit Bleue), un bar tenu par son amant Klatsche, un ex-taulard. Bar où elle retrouve ses amis Carla et Rocco, qui eux aussi gèrent un café, Calabretta un collègue flic ou Faller, retraité de la Criminelle.
Faller, qui mène encore et toujours un combat solitaire contre l’Albanais Malaj Gjergj, un caïd de la pègre ayant acquis sa fortune par le crime et les trafics, il s’est désormais infiltré dans la bourgeoisie et bénéficie de protections haut-placées. Deux intriguent se dessinent, Chastity veut savoir qui est l’Autrichien tandis que Faller veut faire tomber l’Albanais ! Bien entendu les deux vont finir par se rejoindre.
Troisième point intéressant, les décors, à savoir la ville de Hambourg. Personnellement je ne connais pas la ville, pourtant elle fait partie de ces lieux qui peuplent mon imaginaire depuis ma jeunesse, c’est ici, au tout début des 60’ que les Beatles ont essuyé les plâtres en jouant dans les clubs sordides de Sankt Pauli - où l'on trouve le fameux quartier rouge de Hambourg. Chacun ses références, je referme la parenthèse.
Une bonne intrigue, des décors intéressants, des personnages mémorables, une écriture baroque (?), un humour spécial (« Ils se sont débarrassés du procureur. Il n’était pas assez discret. J’en ai déjà commandé un autre. Et une nouvelle piscine aussi. » dixit l’Albanais !). Ca ressemble beaucoup à un bon roman, non ?