Publié aux éditions Pocket,2002, 845 pages. Donna Tartt écrit très peu, on le sait. Le Petit copain est le dernier roman qu'il me restait à lire. J'avais adoré Le maître des illusions et Le Chardonneret, véritables chef d'oeuvres. La 4ème couverture nous laisse penser ici qu'on va lire un polar. Harriet perd son frère Robin qui meurt assassiné. Sa mort n'a jamais été résolue. Harriet va chercher à savoir qui l'a tué quelques années plus tard. " Le Petit copain " n'est en rien une enquête. C'est juste l'histoire d'une famille qui tente de se reconstruire après un drame.Dans le prologue, Robin meurt à l'âge de 9 ans, pendu à un arbre. On conclut à un meurtre sauvage. Quelques années plus tard, Harriet sa petite sœur âgée maintenant une dizaine d'années cherche à savoir qui a pu tuer Robin. Son père a quitté leur mère. Cette dernière est dépressive. Sa sœur Allison est traumatisée par la mort de Robin. Harriet est persuadée qu'une famille pauvre et marginale est à l'origine de ses malheurs ou du moins, c'est ce qu'on lui laisse entendre...Cette histoire est un roman sur le deuil et la reconstruction. On suit le plus souvent Harriet, une gamine de 12 ans, très intelligente et pertinente voire culottée. Elle est entourée par une kyrielle de femmes: sa mère, sa sœur, sa grand-mère Edie et ses grandes-tantes. Donna Tartt a l'art de nous plonger au cœur de cette famille qui devient vite attachante. Finalement je me suis prise au jeu et j'ai adoré suivre Harriet dans sa quête de la vérité, une vérité qu'elle s'invente et qu'elle fantasme pour combler des plaies qui ne cicatrisent pas. L'autrice situe son intrigue dans une petite ville des États-Unis, sans doute au début des années 80, où la population noire connaît encore sérieusement la ségrégation. Le noirs pauvres travaillent encore pour la classe sociale blanche aisée et c'est à travers le regard d'Harriet qu'on comprend que cette société est sur le point de changer totalement. On retrouve aussi le thème d'un pays gangrené par la religion de foire où on exhibe sa foi au moyen de serpents rédempteurs. Les rednecks y font leur trafic en toute tranquillité. On est dans un roman qui sent la poussière et le soleil. On se rapproche davantage d'une fresque sociale et d'une intrigue qui nous raconte le déclin d'une petite ville américaine. Passez votre tour donc si vous vous attendez à un polar. Le Petit copain vous séduira sans doute par sa torpeur et par le monde au bord du gouffre que l'autrice décrit si bien...