Arthur Nersesian : Dogrun

arthur Nersesian, Arthur Nersesian est né en 1958 et a grandi à Brooklyn et vit toujours à New York, où il enseigne la littérature. Son premier roman, Fuck Up, a connu un très grand succès lors de sa parution en 1991 et je l’avais trouvé très bien, aussi me suis-je hâté de lire Dogrun qui vient de paraître.

East Village à New York. Quand Mary rentre chez elle un soir et trouve Primo, son nouveau copain, avachi devant la télé avec son chien Numb elle ne s’étonne pas de le trouver amorphe jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il est mort ! Elle décide de retrouver ses proches amis ou famille, débute alors une étonnante odyssée…

Un très bon roman plein d’humour mais aussi de sens.

Parlons géographie d’abord, car tout le roman est une longue déambulation dans l’East Village. C’est un quartier de l'arrondissement de Manhattan, approximativement délimité par la 14e rue au nord, par l'East River à l'est, Houston Street au sud et la 3e Avenue à l'ouest. Il est situé à l'est de Greenwich Village, d'où son nom. C'était autrefois un coupe-gorge, avant de devenir un quartier bohème, plutôt occupé par des étudiants, des artistes… Depuis la fin des années 1990, la population a de nouveau changé de style, plus chic et avec davantage de moyens financiers, résume Wikipédia. De boites de nuit en bars, de petits restaurants exotiques en épiceries de quartier, groupes de rock et clodos (« les mendiants pas lavés qui font tout le charme vomitif de l’Avenue A »), Mary nous entraine à sa suite avec le clébard et rencontre maintes figures originales, surtout féminines.

Un périple urbain qui se double d’une double quête, qui était réellement Primo ? Et in fine qui est-elle exactement ? Car le Primo s’avère un mystère qui s’épaissit à chaque nouvelle découverte de Mary, certes « cet homme n’aurait pas su faire puer la merde ni faire voler une mouche », mais il avait une quantité de maîtresses qui rendent folle Mary à chaque pas de son enquête, il avait même été marié quatre fois ! Il était beaucoup plus âgé que prévu, il était peintre de talent « il était copain avec Basquiat et trainait avec Warhol jusqu’au jour où il ne les a plus supportés » etc.

Quant à Mary, elle tente d’être écrivain, bosse dans une boutique de photocopies, traine avec sa meilleure amie Zoë, « la requine croqueuse d’hommes » en recherche permanente de l’idéal masculin, tout en repoussant les avances de plusieurs qui ne sont pas insensibles à son charme, parfois elle les dégage directement parfois elle cède un peu. Bientôt elle va se retrouver avec l’urne funéraire de Primo sur les bras et devoir disperser les cendres dans le parc à chiens (dogrun), ce qui va nous donner une séquence hilarante.

Toutes ses rencontres et aventures feront le plaisir de votre lecture donc j’en reste là. Quête de soi et relations humaines à travers une balade urbaine, racontées avec une facilité narrative plus que plaisante, humour permanent (« le chanteur qui ressemblait malheureusement à un lamantin croisé avec un tapis persan ») et Mary, une héroïne volontaire mais aussi un peu perdue, séduisante et sympathique qui retiendra de ces mésaventures que « si l’amour a le moindre sens, ça veut dire respecter la volonté de l’autre, même si ça suppose de le laisser tranquille. »