Mythologie du .12 - Célestin de Meeûs ♥♥♥♥♥
Editions du sous-solParution : 22 août 2024Pages : 144Isbn : 9782364688035
Prix : 17,50 €
Présentation de l'éditeur
C’est l’histoire d’un jour de solstice d’été au milieu de nulle part.
C’est l’histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d’un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer
et à enchaîner les bières et les joints.
C’est l’histoire d’un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s’enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C’est l’histoire d’une soirée qui n’en finit pas, d’un snack sur le bord de la route, d’un trip dans la nature et d’une petite cabane au bord de l’eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d’un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l’ennui, de ce qu’on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l’ivresse et de la violence.
L'auteur
Né à Bruxelles en 1991, Célestin de Meeûs a notamment publié Cadastres (prix de la Vocation) aux éditions Cheyne, ainsi que Cavale russe (mention spéciale du prix Apollinaire et prix Triennal de poésie de la Fédération Wallonie-Bruxelles).
Depuis 2018, il anime les éditions de l’Angle Mort, dont il est cofondateur. Mythologie du .12 est son premier roman
source : éditions du sous-sol
Mon avis
Théo, 18 ans depuis peu, vient de terminer sa rhéto. Il glande, fume des pétards et bois des coups sur le muret d'un parking de supermarché. Il attend son pote Max qui va arriver. Il se dit qu'il serait mieux chez lui mais il y a sa petite soeur, sa mère, alors il traîne là, tuant le temps. On partage ses pensées, ses peurs, ses angoisses. Que va-t-il faire plus tard, il aime la mythologie, on revit avec lui la naissance du monde - passage fabuleux - c'est sympa pense-t-il, il aime ça, pourquoi pas étudier l'histoire. Perdu dans ses pensées, dans la moiteur de l'été, l'asphalte dégouline (ou fond), le temps s'étire dans l'attente de son pote, l'ennui s'installe. Max arrive, ils continuent à boire dans la voiture pourrie de son pote, sur ce parking à refaire le monde.
En parallèle on découvre, Rombouts, un toubib qui fait de longues journées de travail à l'hôpital. Il vient de faire dix heures de permanence, reprend sa voiture sur le coup de 20h. 45 minutes de route pour rentrer chez lui et retrouver son havre de paix. Rentrer, s'installer face à son jardin en bordure de la forêt, face au petit bois avec son étang qu'il vient d'acheter pour retrouver sa tranquillité, boire un verre de whisky puis un autre et un autre encore face à sa solitude. Faut dire qu'il a tout, qu'il mesure l'étendue de son patrimoine, la valeur des choses gagnées à la sueur de son travail mais l'essentiel, il l'a perdu, sa femme et se enfants l'ont quitté pour une petite infidélité.
La soirée est longue, interminable, c'est le premier soir d'été. Fin de la première partie !
Ces personnages vont bien entendu se croiser, on sent la tension, cela va mal se passer, la perte de contrôle est inéluctable. Un fait divers en somme, une violence, une folie passagère.
Céléstin de Meeûs nous propose un premier roman d'atmosphère, par sa narration, ses longues phrases dépourvues ou presque de ponctuation qui nous tiennent en haleine, la tension qui monte de ligne en ligne. Les phrases sont sans fin c'est comme une respiration - inspiration et expiration de plus en plus longue-, on lit en perdant son souffle, en apnée, les mains moites à la fin car la seconde partie particulièrement se lit d'une traite. Je l'ai terminée à voix haute accentuant ainsi la tension du récit.
Célestin est un poète avant tout et le choix des mots, du langage n'est pas laissé au hasard. On sent d'emblée que l'on va vers la tragédie, on sent le gouffre des générations, le désarroi des jeunes, la crainte de l'avenir, et la peur, la paranoia de perdre les acquis pour les plus anciens.
C'est un récit remarquable, d'une force incroyable, un premier roman déjà récompensé du Prix Stanislas délivré à Nancy en septembre dernier.
Ma note : 9.5/10