Éditions Delcourt, 2024 (207 pages)
Ma note : 17/20
Anna Kowalski et son petit frère, Dorian, ne sont encore que des enfants lorsque la Seconde Guerre mondiale les frappe de plein fouet. Juifs et polonais, ils sont orphelins quand, en 1941, Dorian est arrêté par les Allemands. Anna parvient à s’échapper de justesse, et c’est dans la musique qu’elle puisera un certain réconfort. Devenue une pianiste renommée dans les fifties, la voici qui revient sur les traces de son enfance brisée. Notre héroïne en est persuadée : son frère est là, quelque part, en vie. Elle se doit de tout faire pour le retrouver. Elle n’a d’ailleurs jamais perdu espoir et lui écrit des lettres, jusqu’ici restées sans réponse, depuis leur séparation forcée.
Quel roman graphique bouleversant ! Celui-ci rend un vibrant hommage, avec beaucoup de pudeur, aux « enfants qui ont traversé la nuit ». C’est aussi un hommage au lien fraternel, à la famille, aux racines qui représentent ce socle sur lequel on bâtit toute une vie.
La musique représente un personnage à part entière. Elle relie Anna à sa mère, puis à Andrej, ce professeur qui fera tout pour protéger les enfants juifs de la violence de la guerre mais aussi d’une mort certaine. Moyen d’expression, la musique se fait symbole de résistance face à l’ennemi.
Cette lecture fut un coup de cœur, inattendu puisque je suis quelque peu sortie de ma zone de confort mais puissant. Il se dégage de cet ouvrage une tristesse infinie, une mélancolie qui transperce les pages. Mais il est aussi question d’amour, d’espoir et de vie. J’en suis ressortie émue, les larmes aux yeux en découvrant les dernières planches de Nadia Nakhlé.
Je tiens à souligner tout le soin apporté à l’objet-livre. Si les tonalités de noir et de gris dominent, la couleur rouge tranche et se retrouve tantôt sur une rose tantôt sur le ruban présent dans les cheveux d’Anna. J’ai aimé ce roman graphique pour toute la palette d’émotions qu’il m’a fait ressentir, et vous recommande mille fois cette lecture pour la beauté de certains messages (malgré l’horreur absolue, nos deux héros ne cessent de continuer à croire en l’amour qui les unit) et le devoir de mémoire.