Le polycarpe arpenteur (Pierre Thiry)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Pierre Thiry

Éditions : Auto-édité

Paru le : 06 septembre 2023

192 pages

Thème : Contemporain

disponible sur le site de l'éditeur

à la FNAC et sur amazon

Un voyage en terre humaine

 Résumé   

« Ce livre est R.O.M.A.N. d’amours, de mystères et d’aventures. Valche Eugnal et Elzbieta Gurnlang tombent amoureux. Ils se marient et s’embarquent à bord du Polycarpe arpenteur, le luxueux voilier de la chanteuse Sophie Schapska et du compositeur de musique Philoxène Schapska. Mais comme dans la vie, rien ne se passe comme prévu. Sans labyrinthes, les voyages seraient-ils intéressants ? "Les Barricades mystérieuses" de François Couperin ponctuent les actions et les drames de ce récit. Il y aura des pièges, un naufrage, une enquête, des accélérations imprévues, de la poésie, de la musique, des retournements vertigineux. Cette histoire nous mène de Poligny dans le Jura à la vallée de la Seine, en passant par Chalon-sur-Saône, Les Baléares et la Thrace occidentale. Ce voyage invite à rêver ouvertement, musicalement aux nœuds romanesques opaques, mais amplement naturels. Au cœur de l’énigme il y a le R.O.M.A.N. (Rapide Objet Manipulable Aimant Naviguer) : Le Polycarpe arpenteur… »  

 Ma chronique 


Je ne sais pas dire non à l'auteur, parce qu'il est adorable et parce que je sais que je vais apprendre des choses sur moi-même. Ce roman a beau sembler court, il est riche. Riche de vocabulaire, riche d'imagination, riche de métaphores, riche de situations. Je ne pourrais pas qualifier ce titre de contemporain, ou même de science-fiction, ou encore de romance ou de polar. Pierre Thiry est passé dans l'art de mêler les genres et d'en ressortir un OLNI, un objet livre non identifié, c'est ainsi que je les qualifie. Lui qui nous entraine dans une énigme d'un rapide objet manipulable aimant naviguer. Ne serait-pas plutôt les aléas du cœur qui navigue sur les flots incertain de la vie humaine ? Un voyage entre deux êtres devant prendre ce fameux polycarpe arpenteur, les emmenant d'un point A à un point B, pour au final arriver au point C, mais seule. Seule, laissant derrière elle un Valche qui a déjà mené sa barque d'une autre manière. Qu'importe le chemin a parcourir, qu'importe les embûches, les obstacles, les aléas de la vie, les ressentiments, les émotions, les pas qui nous font dériver, nous suivons les personnages afin de comprendre que ce qu'ils vivent vaut la peine d'être vécu, tant que le but à atteindre est enfin là.
    Riche en imagination, un bateau coulant, naviguant sous les flots, devenant lui-même un sous-marin pour voler de ses propres ailes. Il parait que la musique adoucit les mœurs, pour autant elle permet également de s'évader autrement. Qui n'a jamais rêver de vivre d'amour et d'eau fraîche ? De jeunes jouvenceaux peut-être, un couple plus âgé qui ne veut plus se prendre la tête pour des futilités, peu importe. Vivre tout simplement, sans contrainte, sans avoir de regards sur soi, vivre comme ils l'entendent. Riche en métaphores et la première et celle du sable qui passe dans ce jardin. Ces grains de sable qui prennent beaucoup de place tout en étant si petit, si fin. Ils sont tenaces, ils ne cessent de gratter, ces petits maux du quotidien qui nous font perdre de vue le plus important. Les êtres qui nous entourent. Ces moments de doutes sur ces fameuses tomates mures qui sont si belles, mais qui ne seront pas mangées, de peur d'être vivantes ? D'être autre chose que des tomates ? Peut-être que la beauté extérieure n'est rien au final, car son gout est le même que celle qui ne ressemble à rien, pas vrai ? Et pourtant les apparences sont souvent trompeuses. Et si ce qui est imaginé n'est que le reflet de nos peurs ? Se promener dans un jardin aussi carré ne serait-ce pas plutôt pour nous montrer le côté étriqué de notre esprit ? À moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'un mauvais passage à faire évoluer, mais lequel ? Tant de questions qui font réfléchir et ce n'est que le début de l'aventure.
    Une aventure hors du commun sur les flots de la vie, que ce soit sur terre, en l'air, ou sous l'eau, les émotions percutent de plein fouet dès qu'elles touchent du concret. La recherche de la culture pour nous épanouir, pour nous faire progresser, apprendre des autres, comprendre des autres, ne pas faire de surplace et comprendre comment un tel naufrage a bien pu se produire. Le polycarpe arpenteur semble s'être perdu en chemin, délaissant certains passagers pour mieux se concentrer sur d'autres, mêlant des fils de vies et apportant cette enquête riche, oui, riche en vocabulaire.Je le place une deuxième fois ici. Pierre Thiry est bon, je dirais même plus, excellent en la matière de nous apprendre de nouveaux mots, de nous en mettre plein la vue sans pour autant nous mettre plus bas que terre. Il a cette façon de nous élever à chacun de ces récits, de nous faire prendre conscience que la langue française est belle, qu'elle a de l'imagination à revendre et envoie plusieurs souffles sur les bulles des I pour en créer de nouveau, tel des accents sur les e. Valche et Elzbieta, deux êtres qui ont fait des choix de vie, de continuer ou non des chemins, se rapprochant, s'éloignant pour mieux s'amuser. Il s'agit de cela, un amusement dans le texte, avec les personnages et le lecteur, un amusement des mots pour mieux nous avoir dans ses filets. Sans oublier les références mythologiques qui font une belle part au texte.
    Quelques, non de nombreux rappels historiques du côté de Rouen (je ne vois pas pourquoi... mdr, merci pour la carte), des subtilités sur de nombreux points, des retournements de situations, des rappels et juste quelques paragraphes à la deuxième personne qui m'ont perturbé je l'avoue bien. Ce n'est pas un récit à prendre au pied de la lettre ni même au premier degré, il faut y aller avec finesse (non ce n'est pas mon deuxième prénom pourtant) avec de la finesse donc, un certain doigté et surtout une capacité de réflexion non envahie de sommeil. J'ai été captivé par le récit, me demandant comment l'auteur réussissait ce tour de force avec ses quelques poèmes intégrés, son chant lyrique des phrases qui se suivent et font danser les lettres. Je me suis même surprise à attendre que les pommes se fichent de la poire de notre personnage ressemblant à un épouvantail avec son chapeau de paille. Les Barricades mystérieuses ou mistérieuses de François Couperin, peu importe, je l'ai écouté par le biais d'un piano le temps de cette écriture de chronique, mais également par une harpe et un théorbe. C'est très beau, cela virevolte, montant et descendant dans le même temps que les mots de notre auteur. Cette musique indiquée à plusieurs reprises dans le texte, je comprends, appréciant cette découverte et imagine le tracé pour cette enquête mise à notre disposition.
    En conclusion, l'auteur est un joueur de mots, adorant nous emporter dans son imaginaire et nous permettant de prendre conscience de nos propres capacités d'interactions, de réfléchir. Le Polycarpe arpenteur est plus qu'un simple moyen de transport, il nous entraîne sur le chemin de notre propre histoire.  C'est à nous de la créer, de voir au-delà de ce que nous voyons et de laisser libre cours à notre imaginaire. Le mélange de cette musique et de ces mots est intéressant et je vous conseille de lire certains passages avec. Ce fut un beau voyage pour ma part en terre humaine, où les émotions et les instants de vie sont exposés dans toute leur splendeur, à nous de les faire vivre tout en gardant en mémoire que la nature est capable de se rebeller. Une aventure qui va au-delà des mots écrits noir sur blanc, un be hommage pour bon nombre d'auteurs, musiciens... et une fin digne de ce périple.

 Extrait choisi : 

    « À une mélodie correspondait la courbe de la danse des notes sur leurs lignes parallèles qui, regroupées, avaient pris le nom de portée. Sur ces lignes tracées au cordeau, les notes légères flottaient, chantaient. Pour devenir compréhensible, ce langage mystérieux avait besoin de clefs. Guido d'Arezzo avait donc décidé de guider les musiciens, en plaçant la majuscule de la lettre initiale de son prénom sur la deuxième ligne en partant du bas de la portée. Cela indiquait que le point situé sur cette ligne serait un Sol. Ce G majuscule était écrit à la manière dont Guido d'Arezzo avait l'habitude de l'écrire avec cette forme...»