Cosmopirates tome 1 : captif de l'oubli (jodorowsky / woods)

Par Universcomics @Josemaniette

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ira jusqu'au bout, vous assurant pleine satisfaction, quitte à recourir à la violence pour atteindre ses objectifs. Rien d'étonnant donc à ce qu'il soit recruté par sept barons, des "magnobankiers" qui possèdent et dirigent, à eux seuls, une portion considérable de l'univers. Ces types-là ne se contentent pas d'avoir une puissance militaire impressionnante : ils exercent également une influence économique écrasante sur de nombreuses planètes. Leur pire cauchemar ? Devoir délier les cordons de leur bourse sans être remboursés ou payés en retour. Leur vengeance est redoutable, et ils décident de se servir de notre pauvre Xar-Cero pour mener à bien une vendetta implacable contre des mauvais payeurs devenus, sans le savoir, une épine dans leur pied. Xar-Cero devient alors l’exécuteur d’un massacre d’ampleur cosmique et provoque la mort de milliards d’habitants, suite à une sombre et improbable machination dont il est l'agent. De quoi se révolter, même pour un mercenaire peu habitué aux états d’âme. Mais la rébellion contre des pouvoirs en place, habitués à écraser les sujets les plus insoumis, est un pari risqué, et les choses se terminent souvent très mal. Finalement, Xar-Cero est capturé. Les magnobankiers décident de le "déprogrammer" en implantant de faux souvenirs, pour le conditionner à une nouvelle existence. Désormais, il vivra sur une petite planète de directement sous leurs ordres, où il exercera comme médecin, sans plus aucun souvenir de ses anciens agissements.

Alejandro Jodorowsky revient aux affaires avec une nouvelle série en deux volumes, où la science-fiction explore des thèmes étroitement liés aux préoccupations actuelles. On le sait bien, l'argent et le pouvoir financier finissent souvent par détruire tout ce qu'ils touchent, et ici encore, leurs ravages s’étendent jusqu’au cosmos. Le héros de cette histoire — qui n’est d’ailleurs pas un véritable héros au départ — devient attachant par le fait même qu’on lui a retiré ce qui le définit en tant qu’individu : ses souvenirs, sa personnalité, tout ce qui l’a construit. Privé de cette identité, il se transforme en une sorte d’esclave médecin, au service d'une princesse. Cette dernière, malgré une attirance naissante pour lui, ne peut s’empêcher de le mépriser et de l’humilier, leur différence de condition sociale étant trop marquée. Cette bande dessinée s’inscrit parfaitement dans la lignée des œuvres publiées chez Les Humanoïdes Associés, avec un dessin détaillé, réaliste mais aussi légèrement caricatural, qui capte instantanément notre attention. Pete Woods réussit à séduire notre regard exigeant et à donner vie à ce parcours tumultueux, introduit dans ce premier tome. On y retrouve l’argent, qui salit et corrompt, et le pouvoir, qui conduit certains à se croire au-dessus de tous autres. Bienvenue dans une science-fiction humaniste et percutante, celle qui plaît tant à ceux qui, comme nous, aiment lire pour réfléchir, tout en voyageant et en se régalant. 

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