Que signifie être humain si on devient immortel ?
╰☆ Résumé ☆╮
5870. Depuis le Grand Bond scientifique, les hommes sont immortels. Transplanter son cerveau dans un corps neuf est monnaie courante. Les corps neufs sont ceux des « korgs », des êtres humains déshumanisés, élevés spécialement dans des « korgariums ». Certains humains, qui regrettent le temps de la vérité où les gens mouraient de leur belle mort, s’insurgent contre ces élevages, se regroupent et deviennent gênants pour la bonne marche de la société… Avec Je ne me lasse pas de vivre, Jaroslav Melnik livre une dystopie profonde sur les dangers de l’intelligence artificielle, les dérives de la science et le devenir de l’individu : Suis-je encore moi dans un corps qui n’est pas le mien ? Suis-je encore un être humain ?
✿ Mon avis ✿
Plongez dans un futur où la mort a disparu, Je ne me lasse pas de vivre est une œuvre qui explore avec audace les implications de l’immortalité. Certes, le récit est très contemplatif mais il soulève de profondes questions sur l’éthique, l’identité et le sens même de l’existence.
Je l’ai d’ailleurs noté comme ceci dans mes notes pendant la lecture : « Pour un essai déguisé sur le thème de l’humanité (être humain, c’est quoi), c’est parfait. Et tellement de citations m’ont interpellées, m’ont fait réfléchir, me questionner sur la vie… Mais pour un roman, je l’ai trouvé bien trop plat et loin d’être palpitant dans la narration » (oui, voilà que je me cite moi-même).
Identité et transformation : l’humain à l’ère de la modification permanente
Mais en gros, de quoi ça parle ? L’auteur pose indirectement la question : Que signifie vivre sans la perspective de la mort ? Il illustre cette question en dépeignant une société où le cycle de vie naturel est aboli. Mais cette immortalité a un prix : la monotonie et une remise en question constante de ce que signifie évoluer en tant qu’espèce. Le protagoniste, qui voit sa femme et sa mère changer d’apparence et d’âge régulièrement, doit sans cesse réapprendre à les reconnaître et à se connecter avec elles. Cela pousse à réfléchir : que reste-t-il des liens humains lorsque tout devient malléable, y compris le corps et le temps ?
J’ai d’ailleurs laissé plusieurs post-it dans ma copie car les questionnements étaient très pertinents et touchent à beaucoup de thèmes contemporains :
- La transformation de soi et transsexualité
- L’élevage industriel pour se nourrir et le végétarisme
- Les recherches médicales pour développer des organes de remplacement (en métal ou pas) afin d’essayer de prolonger nos vies
Malgré les avancées technologiques, une nostalgie traverse le récit : celle d’une époque où « mourir » avait un sens. Le roman interroge subtilement : la vie a-t-elle encore de la valeur si elle n’a pas de fin ? Ce sentiment mélancolique est renforcé par des réflexions philosophiques et des citations percutantes qui incitent à méditer sur la fragilité humaine.
Un livre pour penser, plus que pour s’évader
Je ne me lasse pas de vivre n’est pas un roman qui emporte par son intrigue, mais il brille par sa profondeur. Parfait pour les lecteurs avides de réfléchir sur l’humanité, l’identité et le progrès, ce livre invite à questionner ce que signifie « être humain » dans un monde où la mort n’existe plus. Une œuvre exigeante, qui est loin d’avoir convaincu mon cœur mais qui a brillé au niveau intelligence des questionnements.
3,5/5 Un bel essai déguisé mais une narration loin d’être palpitante
CHRONIQUE 940 – Novembre 2024
- Parution : 2024
- Editeur : Actes Sud – Exofiction
- Nombre de pages : 380 pages
- Genre : Science-Fiction