Aujourd’hui on vous propose un petit format auquel on s’était jamais vraiment frotté. Un exercice auquel on est vraiment pas habitué mais qui, on l’espère, vous plaira tout de même. Comme vous l’aurez vu dans le titre, c’est un TAG et aujourd’hui, nous faisons place aux essais !!
L’an dernier, Ada de la Tournée de livres nous a tagués pour réaliser le TAG qu’elle avait créé au sujet des essais. Comme promis en début d’année, aujourd’hui on y répond avec une année de lectures de plus (quasi) derrière nous !
1 – Tu lis beaucoup d’essais par an ? (réponse vague, le nombre exact, on s’en tape)
Alors, première question et première réponse floue. J’en lis pas mal mais proportionnellement à l’ensemble de mes lectures, ça reste amplement minoritaire. L’an dernier j’en avais lus une dizaine, cette année une vingtaine, presque trente (pour celles et ceux qui ont suivi, ça signifie que j’ai tenu une de mes résolutions littéraires de début d’année… WOOP! WOOP!).
Donc en soi, c’est déjà pas mal, mais ce n’est pas ce que je lis en majorité à ce jour ! Si j’en crois Livraddict, ce sont les romans (ô surprise !) qui tiennent la dragée haute au reste de mes lectures !
2- Pourquoi tu en lis ?
La raison en est simple. D’une part, j’ai envie de comprendre le monde qui m’entoure et avoir la capacité d’avoir une opinion sur l’actualité politique (et vous reconnaîtrez que depuis 2 ans c’est chargé chargé tout d’même !).
D’autre part, et ça me semble quand même bien lié, je veux être capable de défendre mes idées et, qui sait, pouvoir en discuter avec des proches, apporter un point de vue différent (ou pas) sur une situation, susciter au moins la remise en question ?
3 – Sur quels sujets tu lis tes essais ?
Je suis intéressée de manière générale par les sujets de société. La politique, le féminisme et les études de genre, l’écologie, la pauvreté, le racisme, le fascisme, le travail et la souffrance au travail sont des sujets et des formes d’oppression qui suscitent toujours ma curiosité et presque toujours mon incompréhension. D’où la volonté de lire, pour essayer d’en comprendre les mécanismes et comment les contrer.
Au fait, j’aurais tendance à dire la sociologie envisagée dans son sens le plus large. Plus rarement, je m’attaque à des essais historiques ou à de la philo, mais ce sont des lectures qui se font encore trop rares de mon côté à mon goût !
De manière générale, ma photo de profil Livraddict résume assez bien mon état d’esprit politique et le sens que mes lectures d’essais et de SHS prennent, finalement !
4 – Ton ou tes essais préférés ?
Alors cette question, je la trouve particulièrement rude…
On va dire qu’on va faire une mini-sélection parmi les essais qui m’ont plu, qui me paraissent d’utilité publique (comprendre par là que je considère que tout le monde est concerné par le sujet !) et que, par conséquent, je conseillerais à tout le monde, je dirais :
Sur un sujet un peu plus « pointu » dans son sujet. Ça ne parlera peut-être pas à tout le monde mais il fait partie des essais qui m’a donné envie d’en lire plus, je citerais donc Sur les dents d’Olivier Cyran. Un essai qui m’avait particulièrement parlé en tant que personne ayant très fréquemment des problèmes aux dents. Les sujets abordés sont très larges, du système de remboursement de soins au difficile accès à ces mêmes soins en passant par tout ce que les dents (ou leur absence) peuvent représenter symboliquement et socialement ! Passionnant et aussi assez enrageant.
5 – As-tu un essai préféré cette année ?
Le choix a été difficile, mais je pense que l’ouvrage de l’historien Reza Zia-Ebrahimi est celui que j’ai trouvé le plus éclairant et qui m’a le plus appris cette année. Se proposant de dresser une « généalogie intellectuelle des racismes », Zia-Ebrahimi évoque en alternance l’histoire de l’antisémitisme et l’histoire de l’islamophobie, dressant des ponts entre deux formes de racismes dont les structures sont similaires même si les évènements qui ont jalonné l’histoire des juifs et l’histoire des musulmans sont bien différents (il n’est jamais question d’une mise en concurrence des expériences des uns et des autres).
Un livre plutôt court, très accessible et vraiment très bien sourcé (sur l’antisémitisme comme sur l’islamophobie). Comme je le disais déjà dans un article dans lequel je vous ai parlé de ce livre cette année, c’est toujours limpide sans être simpliste. Ma conclusion reste la même que celle que je vous avais faite alors :
C’est d’utilité publique, ça permet de mieux comprendre les rouages du complotisme, de l’antisémitisme et de l’islamophobie tels que nous les vivons ou en sommes témoins aujourd’hui. De quoi rappeler également à celles et ceux qui l’oublieraient que prendre part à une marche contre l’antisémitisme ne rend pas le Rassemblement national moins raciste et antisémite.
6 – Quel est le dernier essai que tu as lu ?
Voilà un court essai sur un sujet très précis qui ne plaira peut-être pas à tout le monde non plus mais qui m’a, personnellement, beaucoup intéressée. La thématique du voyage et du voyage au féminin sont, évidemment, des thématiques qui me parlent dans la mesure où c’était en partie mon sujet de mémoire de fin d’études. J’aurais d’ailleurs aimé que ce livre existe à l’époque, mais il n’avait pas encore été publié !
Des livres sur le sujet, j’en ai lus pleins et pensais en avoir fait le tour, mais Lucie Azema m’a tout de même appris pas mal de choses.
J’ai aimé la manière dont l’autrice montre tout l’égocentrisme dont se nourrit parfois le récit de voyage, et en particulier le récit de voyage masculin supposé être une occasion de démontrer force, courage et surtout virilité. La question des harems a particulièrement piqué mon intérêt. Son regard m’a apporté quelque chose de nouveau en faisant se rencontrer le voyage et la question de l’orientalisme qui sous-tend bon nombre de récits. Lucie Azema nous montre ainsi comment, au fil des récits, les femmes racisées deviennent l’objet de représentations exotisantes, sensualisantes et déshumanisantes à la fois.
Bref, je vous le recommande si vous vous intéressez au voyage ou à la représentation des femmes qui voyagent !
7 – Quel essai (ou non-fiction) recommanderais-tu à un néophyte ?
Quand on me dit « néophyte », je me dis tout de suite que l’ouvrage doit être court, informatif, facile à lire et en même temps aborder un sujet suffisamment vaste pour pouvoir intéresser tout le monde.
En mettant bout à bout ces informations, j’ai immédiatement pensé à « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde », en finir avec une sentence de mort de Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens. Découvert chez Ada, sponsor officiel de cet article, ce court ouvrage se propose de décortiquer cette sentence qu’on a toutes et tous déjà entendue et qui prend la forme d’une phrase qui pue l’évidence qu’il serait impossible de contredire, en apparence. Les deux auteurs s’appliquent à démonter cette phrase en analysant mot à mot tout ce qu’elle sous-tend. C’est qui « on », c’est qui « la misère du monde », qu’entend-on par « accueillir », « pouvoir » est-il le bon verbe, etc.
C’est très très court. Dans mon souvenir, c’est moins de 100 pages pour la modique somme de 5€ et je dois dire que j’avais des clients en librairie qui me l’achetaient par 5, à mon envie, dans le but de l’offrir à leur entourage. Et honnêtement, je comprends tout à fait pourquoi. Ce sont les mêmes raisons qui me poussent à le mettre en réponse à cette question aujourd’hui : accessible, pas cher, court, instructif, important. Idéal pour celles et ceux qui ne lisent pas d’essais habituellement.
J’espère que ce petit tag vous aura plu ! Pour moi, ça a été l’occasion de passer en revue les livres que j’ai lus ces derniers temps et de constater que mon nombre d’essais lus augmente d’années en années et que c’est source de beaucoup d’apprentissages divers et variés et de remises en question politiques et personnelles, et ça, c’est très très cool !
Si vous avez envie de reprendre le tag, n’hésitez pas, Ada en serait très contente je pense. (Dis-moi Ada si je me trompe hein !!)