Venom the last dance : un dernier volet (in)digne des deux autres ?

Par Universcomics @Josemaniette

 Certes, peut-on vraiment afficher une surprise sincère, en sortant des salles obscures ? Il s'agit tout de même du troisième Venom et les deux premiers n'ont pas laissé un souvenir impérissable dans l'histoire du genre, bien au contraire. On peut les classer, sans prendre trop de risques, dans ce que la production super héroïque sur grand écran a engendré de pire. On peut même affirmer qu'il y avait trois types de personnes qui attendaient de pied ferme cette dernière danse : tout d'abord, le spectateur particulièrement indulgent ou dont la capacité de discernement est clairement abolie. Ensuite, celui qui se rend en salle pour des raisons plus ou moins professionnelles, avec l'obligation de chroniquer ou d'avoir vu le film (nous sommes dans ce cas de figure, ce n'est pas drôle tous les jours). Enfin, ceux qui aiment se faire du mal, une forme de masochisme artistique irrépressible, qui pousse ensuite à se plaindre alors qu'il était largement possible d'anticiper le piètre spectacle. Ce troisième opus débute tambour battant avec une scène explicative pour que tout le monde comprenne qui est Knull, d'où il sort et ce qu'il veut : ça fait un peu didactique, c'est extrêmement sombre et probablement un peu difficile à appréhender, pour celui qui ignore tout de ce personnage. Pied de nez complet puisque cet ennemi si puissant restera là où il est est durant tout le film ! La transition est ensuite assez abrupte : dès la seconde minute du film, nous entamons le chapitre blagues potaches/discussions absurdes entre Tom Hardy/Eddie Brock et son symbiote, dans un gros numéro de cabaret indigne de ce que devrait être normalement cet anti-héros sanguinolent. Mais voilà, vous le savez tous, le Venom de Sony est une sorte de grosse marionnette pas si méchante que cela, qui aime le chocolat, danser et manger des cerveaux, non sans avoir auparavant choisi avec soin les sujets à dévorer. Last Dance, c'est donc en définitive un film bancal et décousu, avec une histoire minimale qui réussit, malgré tout, à plonger les spectateurs dans les abysses de la perplexité. Qui regorge de scènes totalement dépourvues de logique, même approximative, et de personnages unidimensionnels qui agissent sans la moindre cohérence. Le méchant ? Inexistant ou totalement insignifiant. Knull menace mais reste sagement au chaud, les limiers qu'il envoie sont de grosses bêtes brutales et sans personnalité. Chouette alors. Les effets spéciaux ? Médiocres. Les scènes marquantes ? Vous n'en trouverez pas. Vous trouvez qu'on est sévères ? Mais non, à peine… 
Un film à fuir, alors ? C’est d’ailleurs ce que fait Tom Hardy durant tout le film : courir, hagard et malmené, d’une situation absurde à l’autre, qu’il s’agisse d’attaques d’aliens, d’humains, de l’armée ou même d’une famille lambda. Venom The Last Dance est avant tout un pur Tom Hardy show. Tous les autres personnages en sont réduits à des apparitions anecdotiques, surgissant sans contexte ni explication, comme le Dr. Payne joué par Juno Temple, dont le rôle se limite à un exposé narratif censé donner une vague cohérence aux enchaînements d’événements et ajouter une touche d'émotion surfaite. Le film accumule également les clichés les plus improbables : une famille hippie qui, sans aucune difficulté, infiltre la Zone 51 (un trou dans le grillage, je ne blague pas) et manipule des armes secrètes avant de disparaître comme si de rien n’était. Sans oublier des tentatives de comédie complètement ratées, comme cette scène kitsch où Mme Chen se lance dans une danse ridicule, ou Eddie Brock en voiture, avec la famille précédemment citée, pour un karaoke bien long et lourdingue, sur du David Bowie. Malgré tout, et c’est là son paradoxe, Venom The Last Dance est tellement décomplexé et dernier degré qu'il peut aussi séduire. Avec moins de deux heures au compteur, il enchaîne à vive allure les séquences, sans laisser de temps pour réfléchir aux incohérences qui pullulent. Et si l’on accepte ce chaos, quelques scènes peuvent vraiment sortir du lot, comme toutes les fois où Venom est pris en chasse, avec une série de transformations délirantes (le symbiote s'empare d'un cheval, d'une grenouille…) qui vont plaire aux plus jeunes dans la salle. Tom Hardy, fidèle à lui-même, livre une performance impeccable. Certes, on ne peut s’empêcher de regretter qu’il n’ait jamais eu l’occasion d’interpréter un Eddie Brock plus profond et nuancé. Mais il est évident qu’il s’est follement amusé dans ce rôle. Et c’est grâce à son talent que cette production désordonnée et imparfaite parvient à tenir (rarement) debout. Qu’il s’agisse des scènes d’action chaotiques ou des gags souvent maladroits, Hardy réussit à insuffler une tendresse improbable qui donne envie de pardonner, en partie, l'indigence des trois films. Au milieu de ce joyeux bordel, le troisième volet ne perd pas de vue son objectif : conclure dans la folie cette sorte de buddy movie extraterrestre initié par Hardy et Sony. Le final, à la fois juste et efficace, offre une conclusion satisfaisante pour une histoire de ce genre. Mais promis, on en restera là, hein, pas de blagues ? Du coup, ceux qui ont détesté les deux premiers volets pour mille et une raisons ne reviendront probablement pas sur leur jugement. Mais Venom: The Last Dance a une petite chance de faire sourire ceux qui n'ont qu'un seul objectif en vue, un blockbuster pour mettre le cerveau en pause et faire défiler sur grand écran des pages truffées de symbiotes qui se croisent. Comme aller s'empiffrer d'un bon gros burger à trois étages dans la chaîne de fast food la plus proche. La mayonnaise coule de partout, le cholestérol s'affole et le demi litre de coca ne va aider à une saine digestion du menu XXL. Mais vous n'y allez pas pour une dégustation de fin gourmet, ou alors c'est vous qui êtes profondément incohérents. 
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