Pour cette édition 13 à table ! 2025 dont la vente est reversée aux Restos du Coeur, il y a comme toujours du beau monde littéraire, des nouvelles de qualité et de haute volée et des nouvelles sympas à lire mais qui ne me laisseront pas un grand souvenir (c'est comme cela). Cette année, pas de recette de Cyril Lignac (et sincèrement, même si je ne suis pas cuisinière dans l'âme, elle m'a manqué : parce qu'après tout, donner une recette est un acte généreux, surtout pour un grand chef de cuisine comme lui... et qu'elle répondait sûrement aussi à un public d'acheteurs de ce recueil, celui qui, lui, aime faire la cuisine ... lire et manger, deux activités hautement recommandées !).
Le thème 2025 (la contrainte littéraire) est Dans le même bateau et il a été respecté (avec souvent de la réussite et un beau travail d'écriture de la part des auteurs et des autrices).
Dans ce 13 à table ! 2025 de bonne facture, je retiendrai
- des nouvelles puissantes
- Le bateau d'Alice de Sandrine Collette où l'art de finir sa vie en colocation et en douceur, avec une infinie tendresse et quelques vachardises : une rencontre salutaire et formidable avec des vieilles dames qui n'ont pas dit leur dernier mot et qui montrent une jeunesse d'esprit sur la vie en communauté.
- Octobre de Karine Giebel qui s'essaie avec réussite et délicatesse à l'actualité du Moyen-Orient pour faire parler toutes les voix d'enfance sans jugement, chacune enfermée dans ses principes, dans son territoire (souvent subi, parfois volé), mais jamais à l'abri : un uppercut littéraire.
- Tous dans le même bateau de Raphaelle Giordano où un objet de transition va permettre le deuil et la rencontre de solitudes : très touchant
- Samedi soir de Marie-Hélène Lafon avec le traitement du déterminisme scolaire et social incarné par un duo fraternel : une nouvelle extrêmement bien écrite, incarnée, incisive dans le discours qu'elle porte.
- "Eh bien, nagez maintenant !" d'Alexandra Lapierre : une revanche aquatique sous fond de célébration mortuaire : incisif, drôle et percutant.
- des nouvelles avec un petit côté candide
- La traversée d'une vie de Lorraine Fourchet pour un dernier au-revoir sur l'île de son enfance et un secret de famille dévoilé : un retour en terre familiale salutaire, parce que porter constamment la colère ne fait pas du bien.
- On ne savait pas comment vous le dire... d'Agnès Martin-Lugand : les retrouvailles de couples parentaux pour relever leur progéniture d'une impasse.
- Le Coup de Bôme d'Étienne de Montéty : l'incarnation d'un amour bourgeois en mode traversée maritime.
- des nouvelles à la chute impeccable
- La Maison d'Orient de Christian Jacq : un achat immobilier (objet de transmission) très convoité.
- Les voyageurs de Marc Lévy : un duo qui se révèle à défaut de se comprendre, avant un autre saut.
- des nouvelles avec une bonne idée au départ mais ce ne sont pas mes préférées (peut-être une question de timing de ma part ? d'un manque de souffle ou de consistance ?) :
- Mon bateau blanc ou l'histoire d'un naufrage de Marcus Malte : une prose dans le thème, trop courte (un comble connaissant cet auteur prolifique et brillant) pour que je puisse complètement être happée
- Sur le même bateau de François Morel : je reconnais l'originalité de son point de vue ; son jeu des paroles ne m'a pas accrochée ni attendrie.
- Victor de Jacques Ravenne : une histoire qui se tient, à l'image d'un objet de désir et de fertilité.
Éditions Pocket
et une jolie première de couverture assurée par l'illustratrice Catherine Meurisse. autre avis : Philippe Dester,
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